20 siècles d'Histoire

20 siècles d'Histoire
Préparé par: Lt. Col. Augustin D. Tegho
Magistère en Gestion des Entreprises de L’U.L.- Deug Photographie de L’Usek.

1er siècle

Le 7 Avril de l'an 30, Ponce Pilate, gouverneur de la province romaine de Judée, ordonne la mise à mort sur la croix, du Christ qui se disait le fils et l'envoyé de Dieu. Ils ont tort les Romains, au lieu d'une religion à livre unique, ils en auront deux à combattre. Jean- Baptiste baptise Jésus dans le Jourdain et l'annonce comme le nouveau Messie. Sa mort et sa résurrection donnent naissance à une religion nouvelle, répandue par ses apôtres qui gagne d'abord l'Orient, puis le port d'Ostie,les faubourgs de Rome, et provoque en l'an 64 l'incendie de la ville qui sert de prétexte à l'atroce pérsecution de Néron.
L'apôtre Pierre, ancien pêcheur du lac de Génésareth, premier évêque de Rome, "pasteur universel"martyrisé, et l'apôtre Paul décapité sur la route d'Ostie,annonçaient la volonté d'imposer le monothéisme, un danger pour l'institution impériale romaine. Les légionnaires romains massacraient les familles juives enfants compris, après la révolte des zélotes hostiles à l'occupation romaine. En l'an 70, après 3 ans de campagne, l' armée de Titus vint à bout de la résistance de Jérusalem. Le temple fut détruit, les juifs vendus comme esclaves. Ils resistèrent dans la place forte de Massada, dont les défenseurs se donnèrent eux-mêmes la mort.
Ainsi juifs et chrétiens, ces frères ennemis avaient obligé les empereurs romains à une politique de répression cruelle, qui condamnait dès le 1er siècle la domination de l'empire polythéiste sur les bords de la méditérranée. L' éruption du volcan le Vésuve en l'an 79, semblait annoncer avec la destruction de Pompéi, la fin des temps anciens.

 

IIe siècle

Les Chinois ne savent pas encore imprimer. En l'an 100 ils ont déjà inventé le papier. La dynastie des Han règne depuis trois siècles, à l'abri de la grande muraille et du confucianisme qui unifie l'empire chinois en lui donnant ses intellectuels.
La conquête de la Corée, du Tonkin et surtout du Turkestan lui permet d'ouvrir la route de la soie vers l'Occident et d'envoyer des ambassadeurs à Rome.
Paix chinoise en Orient, paix romaine du IIe siècle en Occident: Rome recouvre toute sa splendeur sous Trajan en 116, en exploitant l'or et le blé de Dacie (l'actuelle Roumanie) en s'assurant en Orient des routes vers l'Inde et la Chine, en établissant une solide frontière sur le Rhin.
Trajan le soldat empereur, fils d'un légionnaire d'Espagne, fit de Rome l'éblouissante capitale de l'Occident, dont la colonne Trajane en 113, célébrait la puissance.
L'Empereur Marc-Aurèle, d'origine espagnole, en 161, poursuivit la conquête de l'Orient, mais repris la persécution contre les chrétiens, que Trajan, au sommet de sa gloire, avait abandonnée.
L'Empereur philosophe, stoïcien féru de Sénèque, considérait le christianisme comme un virus dangeureux ruinant les bases religieuses du pouvoir. Sa statue, érigée de son vivant à Rome en 173, rappelait aux romains que l'Empereur, tout-puissant, n'admettait pas, même en province, la contagion chrétienne. A Lyon, où les chrétiens venus d'Orient avaient constitué une communauté ardente, l'evêque Pothin, originaire d'Asie, fut martyrisé en 177, avec la tendre Blandine, déchirée par un taureau.
L'Empereur avait deux ennemis, les Chrétiens et les Barbares, dont il se protégeait en construisant du Rhin au Danube, la frontière fortifiée appelée "limes". Les chinois aussi devaient se garder des voisins trop remuants: sur la côte Sud-est de l'actuel Vietnam, les CHAM, convertis à l'hindouisme, prétendaient contrôler la route fructueuse des épices et de la soie de la Chine vers l'Inde. Ce royaume de CHAMPA, constitué en 192, devait mener la vie dure aux Chinois.


IIIe siècle

Le puissant mouvement de conversion du IIIe siècle rend la poussée chrétienne irrésistible autour de la méditerranée. Le monothéisme mettait l'équilibre idéologique de l'empire en question. La religion de la non-violence résistait aux légionnaires et aux bourreaux, pis elle recrutait. Les Chrétiens de Rome, en 210, décoraient déjà les catacombes, où ils disaient la messe avant de s'y faire enterrer.
Le principe de l'assimilation romaine était l'adoption de dieux étrangers. Depuis l'édit de Caracalla (212), tous les habitants de l'empire pouvaient devenir citoyens romains, même s'ils adoraient Isis ou Mithra, entre autres divinités. Les Romains eux-mêmes recherchaient le salut dans le mystère des cultes orientaux. L'empereur Hadrien n'avait-il pas donné l'exemple en installant dans sa villa de Tivoli un sanctuaire de Sérapis, un dieu originaire de la Grèce d'Asie adopté par les Egyptiens?
Les sectes pulullaient. Mani, né en Perse (l'actuel Iran) vers 216, devait mettre par sa doctrine dite "manichéenne" les religions installées, même à Rome, où les manichéens seront persécutés parce qu'ils condamnaient la corruption, le mal occidental. L'empereur Dèce avait cherché à unifier les religions autour du culte officiel de l'empereur et de Rome. Il proposait aux chrétiens l'apostasie, un certificat protecteur, s'ils acceptaient de renoncer à leur religion et de participer au culte impérial. Leur refus provoquera la violente persécution de 250-251.
La frontière fortifiée pouvait-elle contenir les peuples affamés venus du nord, qui se pressaient sur les rives du Danube? Les Goths envahirent la Thrace, tuèrent l'empereur Dèce. En 268, ils pillaient Athènes, Corinthe et Sparte. Aurélien sauva l' empire en les arrêtant dans les Balkans. Il est impossible de contenir hors des frontières d'un pays riche des peuples affamés. Ils renouvellent leurs incursions alors que les Parthes attaquent en Orient. Pour mieux résister, l'énergique Dioclétien, né à Salone, sur l'Adriatique, divise, en 285, l'empire en deux, puis en quatre, quand les deux "augustes" s'adjoignent deux "césars". Mais les légionnaires peuvent-ils sauver, sous l'autorité des tétrarques, l'immense empire, miné par les chrétiens?


IVe siècle

Devant les progrès constants du christianisme dans toutes les cités impériales, la solution logique pour l'empire était de se christianiser, afin de maintenir son unité. Ainsi Constantin, en 312, admit-il le christianisme.
L'édit de Milan, en 313, organisait officielement la tolérance. En 325, l'empereur, qui avait éliminé ses rivaux et rétabli l'unité impériale, convaincu que la croix (In hoc signo vinces) lui avait donné la victoire, présidait le premier concile oecuménique à Nicée, qui installait l'Eglise dans l'Etat et l'Etat dans l'Eglise. Hélène, sa mère, devait fonder les lieux saints, mettre au jour le Saint-Sépulcre de Jérusalem. Constantin faisait de la ville grecque de Byzance la capitale impériale, Constantinople, en 330, grâce à 40.000 terrassiers goths.
Installée au carrefour des grandes routes commerciales de la mer Noire à l'Egypte, de l'Asie à l'Europe, la capitale était assurée d'être prospère. Pourtant, c'est à Rome que l'Eglise installait Jules 1er comme premier évêque de la chrétienté en 343, parcequ'il défendit l'orthodoxie contre les hérésies. A la primauté temporelle de l'empereur Constantin, protecteur de sa nouvelle Eglise, s'opposait déjà, à Rome, un pouvoir spirituel désireux d'étendre la chrétienté aux limites du monde connu.
Si l'évêque de Rome connaissait l'existence de l'Extrême-Orient, son univers se limitait encore à la Méditérranée. Il ignorait les navigations du pacifique et celles de l'Océan Indien, qui expliquaient sans doute la fortune du Zimbabwe, civilisation sud-africaine capable d'édifier, dès 350, des monuments de pierre.
La fête de Noël, célébrée à Rome en 354 pour remplacer le culte solaire de l'empereur Aurélien, lors du solstice d'hiver, ne concernait plus que les chrétiens et rappelait la naissance du Christ. Elle gagnait peu à peu l'Orient, séparé de nouveau de l'Occident en 395, quand, devant la menace des invasions, Honorius et Arcadius se partagèrent l'empire, à la mort de Théodore le Grand, véritable organisateur du catholicisme comme religion d'Etat. Il avait abandonné aux chrétiens les anciens temples et reconnu la supériorité du pouvoir spirituel en s'inclinant devant le bouillant évêque de Milan, saint Ambroise.

 

Ve siècle

Les envahisseurs germains forcaient le "limes" à partir de 410, sur le Danube. Ils n'ignoraient pas le christianisme, mais le prêtre Alexandrin Arius, leur convertisseur, leur avait inculqué une foi hérétique, puisqu'ils refusaient la divinité du Christ. Aussi le Wisigoth Alaric n'avait-il pas hesité à piller Rome en 410, sans égard pour son éveque, Innocent 1er.
Attila et ses Huns, venus d'Asie, avaient encore moins d'égards. S'ils ne parvinrent pas à prendre Orléans, sauvée par son évêque Aignan, en 451, ni Paris, défendue par sainte Geneviève, ils ravagèrent la Gaulle et l'Italie.
Attila aurait pris Rome si le pape Léon le Grand n'avait réussi à le payer pour qu'il regagne la Pannonie, où il eût le bon esprit de mourir pendant sa nuit de noces, alors qu'il s'apprêtait à envahir de nouveau l'Orient. Seuls les évêques protégaient désormais les fidèles, organisant la résistance miraculeuse des villes contre les Burgondes, les Goths, les Vandales et les Francs, qui se découpaient des royaumes en Occident. Les évêques étaient la sauvegarde des citoyens et même des "pagani", ces paysans païens qui adoptaient la foi nouvelle pour être protégés. Ainsi les Bretons refugiés d'Angleterre adoraient-ils le Christ dans leur "plous". Ainsi les Lyonnais avaient-ils élevé en 470 une église à saint Jean dans la capitale religieuse des Gaules, ce qui ne leur avait pas épargné l'invasion des Burgondes ariens.
Rome avait cessé d'être la capitale de l'empire. Le dernier empereur d'Occident, Romulus Augustule, s'était calfeutré dans son palais de Ravenne, port militaire qui permettait de se réfugier à Constantinople. Odoacre, un barbare arien, le déposa en 476 et renvoya les insignes impériaux à l'empereur d'Orient Zenon. Etait-ce la fin des empires? La Chine dechirée de 480 était menacée par les Turco-Mongols. Le peuple se convertissait à l'Hindouisme. Le royaume de Funan, au Cambodge, était ainsi hindouisé. Le prestige de la civilisation Indienne avait effacé le souvenir des grands empereurs confucianistes. L'Occident était également livré à l'anarchie des royaumes barbares, dont un seul, celui du Franc Clovis devait être récupéré par l'Eglise.
L'évêque Remi avait obtenu, peut-être en 496, le baptême du roi, futur maître de la Gaule qui poussait la civilité jusqu'à se parer du titre romain de "consul".

 

VIe siècle

Dans l'Inde encore prospère de la dynastie des Goupta, les docteurs bouddhistes, les poètes, les sculpteurs répandaient une civilisation du bonheur dont le kamasutra, rédigé en sanskrit à partir de 500, donne encore une idée heureuse. Des niches de résistance aux grandes invasions se dessinaient ainsi sur la carte du monde. La Gaule de Clovis était en Occident le seul espoir du pape et de l'Eglise. La loi salique, adoptée en 507, réglait les rapports avec les occupants et excluait les femmes des successions.Cela n'empêchait pas le royaume de Clovis d'être divisé à sa mort entre ses héritiers.
Les régions montagneuses devenaient souvent des refuges. Qui pouvait alors savoir que dans les montagnes d'Amérique centrale, les Mayas développaient une civilisation de cités-Etats et faisaient au Yucatan, en 514, la conquête de Chichen Itza,où ils devaient dresser des temples?
Dans l'Italie ravagée, les montagnes du sud constituent un refuge pour les hommes de foi. Saint Benoît de Nursie s'installe en 530 à l'abbaye de Mont-Cassin pour y fixer la règle du futur ordre des Bénédictins. Chaque monastère, en ces temps troubles, devait se suffire à lui même, moudre son pain, forger ses outils. Les moines travaillaient, créeaient de la richesse, offraient une sécurité aux "pagani" qu'ils se chargeaient de convertir au-delà de la Manche et du Rhin. Avec Benoît, l'église partait à la conquête du continent, ce qui n'empêcherait pas le monastère du Mont- Cassin d'être pillé par les Lombards.
Seul l'Empire d'Orient semblait pouvoir survivre. Le dôme de l'église Sainte-Sophie - inaugurée en 537 par l'empereur Justinien, qui se disait élu de Dieu par le consentement de l'Eglise d'Orient dont il nommait le patriarche - resplendissait sur le Bosphore, et donnait désormais le signal d'une reconquête de l'Occident jusqu'en Afrique du Nord et en Italie.
Mais Rome - menacée par les Lombards, où le pape Grégoire le Grand, élu en 590, entreprit la réforme de l'Eglise - s'engageait dans une politique de conversion des Barbares et refusait l'allégeance à l'empereur de Constantinople et au césaro-papisme mâtiné d'hérésie. Ainsi s'esquissait la division entre les deux Eglises d'Orient et d'Occident.

 

VIIe siècle

La lumière vient d'Orient. Du Japon où règne depuis 593 l'empereur Shotoku Taishi, qui importe de Chine l'écriture, l'art, les techniques et la religion bouddhiste mêlée au shinto des ancêtres. De Chine où Li Yuan fonde la dynastie des Tang, qui va reconquérir l'Asie centrale, la Mongolie, dominer le Japon et l'Asie du Sud-Est, restaurer le confucianisme officiel malgré les progrès continus du bouddhisme. D'Arabie, enfin, d'où part une religion nouvelle, l'Islam, prêchée par le prophète Mahomet, qui fuit La Mecque pour se réfugier à Médine en 622, ouvrant l'ère de l'hégire.
L'Islam guerrier envahit tout l'Orient, pousse ses pointes jusqu'en Asie centrale et en Inde, dans l'Océan Indien. L'étendart vert du Prophète est tenu en échec par l'empire d'Orient mais il conduit les cavaliers jusqu'aux portes de Maghreb. La Gaule, reconquise par Dagobert qui annexe l'Aquitaine en 631, se croit encore à l'abri de l'ouragan.
De fait, l'Islam conquérant d'Omar marque une pause après l'assassinat d'Ali, gendre du Prophète en 661. Ses partisans les chiites, s'opposent désormais au califat sunnite des Ommeyades, établi à Damas. La domination musulmane était tolérée par les peuples "possesseurs du Livre", chrétiens et juifs, qui pouvaient pratiquer librement leur religion pourvu qu'ils passent leur tribut aux califes. Mais les mosquées fleurissaient à côté des églises. A Jérusalem avait commencé en 691 la construction de la mosquée dite d'Omar sur l'esplanade du temple détruit  jadis par les Romains.
Les musulmans affirmaient que la ville était aussi pour eux un lieu saint, fréquenté par Mahomet qu'ils inscrivaient dans la suite des prophètes annoncés par la Bible. Mais ils refusaient la doctrine chrétienne de l'homme - Dieu. Ils comptaient seulement Jésus au rang des prophètes.
En 683, la conquête avait repris vers l'Ouest: la victoire clé de Tahuda avait ouvert l'Afrique du Nord aux cavaliers d'Allah et mis fin à la résistance berbère incarnée par une femme,la Kahina. L'Islam arrivait bientôt à Tanger. L'Occident chrétien était menacé.

 

VIIIe siècle

Le monde sera-t-il musulman? Tolède vient de tomber en 711. La ville où l'on forge les meilleures épées de la chrétienté, dont la forme rappelle celle de la croix latine, est aux mains des Arabes. On ne peut compter sur l'empereur pour protéger la chrétienté. A grand peine Léon III l'Isaurien sauve-t-il Constantinople assiégée en 717-718. Afin de réformer l'Empire et d'affirmer sa maîtrise sur l'Eglise, il interdit en 730 aux moines de vendre et de faire adorer des images. Grégoire III excommunie les iconoclastes. La querelle est portée à l'échelle du monde.
Les royaumes barbares se chargent de contenir les chevauchées arabes. A Poitiers, en 732, le mur des Francs casqués et bardés de fer, arc-boutés sur leurs étriers d'acier, a raison du grappin double et du cimeterre des cavaliers d'Abd al-Rahman Ghafiki, dit le "compagnon du Prophète", et contraint les sarrasins en deuil de leur chef à faire retraite sur le "pavé des pleurs". Ils occuperont Narbonne et pilleront Marseille, les Alpes et la Bourgogne, mais ils n'ont pas pu s'emparer des sanctuaires riches en or de Poitiers et de Tours, défendus par Charles Martel.
Voici donc les Francs devenus les sauveurs de la chrétienté. Pépin le Bref, en 751, a été désigné à Soissons comme celui à qui le Seigneur a confie le soin de gouverner. Pour obtenir la consécration du pape, le Franc fondateur de la dynastie des Carolingiens s'engage à écarter de Rome les Lombards. Etienne II reconnaissant s'en vient à Saint-Denis sacrer le roi des Francs, sa femme Bertrade et leurs enfants le 28 juillet 754.
Arrêtés à l'Ouest, les musulmans sont repartis vers l'Est depuis 751, arrachant l'Asie Centrale aux Chinois de l'empereur Xuanzong. Révolution sanglante sur leurs arrières: la dynastie des Omeyyades est éliminée, sauf en Espagne où un rescapé du massacre fonde le califat de Cordoue. Au pouvoir depuis 750, les Abbassides vont connaître un siècle d'or à Bagdad.
A l'Ouest ils doivent affronter le nouvel empereur d'Occident, Charlemagne, fils de Pépin le Bref et de Berthe au Grand Pied, sacré à Rome en 800 par Léon III dans la Basilique Saint-Pierre.

 

IXe siècle

Il est temps de faire le gros dos en Europe: depuis 787 les Vikings attaquent. En Angleterre, Egbert, roi de Wessex, soumet le pays en 829 et l'emporte avec ses Anglo-Saxons sur les envahisseurs danois à Hingston Down en 837. Mais les évêques de Normandie ne sont pas sauvés par leurs guerriers. Depuis 835, les Vikings Normands y débarquent sans difficulté.
Plus d'empire franc pour leur résister. Depuis le serment de Strasbourg, prêté par Charles le Chauve et Louis le Germanique contre leur frère, Lothaire, en 842, on sait que les gens de l'Ouest s'exprimaient en roman, ceux de l'Est en tudesque. Les langues francaises et allemandes étaient nées. Selon l'accord signé à Verdun en 843, Charles le Chauve régnait à l'Ouest des quatres fleuves (l'Escaut, la Meuse, la Saône et le Rhône), Louis à l'est du Rhin. On avait laissé à Lothaire une bande nord-sud entre les deux royaumes. La chrétienté était de nouveau divisée.
Les guerres entre héritiers n'empêchaient pourtant pas l'Eglise de progresser: à l'Est, les missionaires évangélisaient les Slaves, auxquels saint Cyrille et son frère Méthode prêchaient en slave. En 860, pour être sûrs d'être efficaces, au risque de heurter le pape, ils inventèrent l'alphabet "cyrillique" toujours en usage dans le monde slave.
Les Vikings Normands étaient plus rebelles au christianisme que les Slaves. Descendant la Volga, ils pillaient les églises d'Orient et n'hésitaient pas à remonter la Loire où la Seine, celles d'Occident. En 885, ils assiégeaient Paris avec 700 drakkars. Le roi Charles le Gros, pour se débarasser d'eux, les laisse piller la Bourgogne. Si l'occident subit les raids des Vikings, l'extrême-Orient souffre de l'agonie de la dynastie Tang, en Chine. Les guerres ont réduit la population de 50 à 30 millions. La prospérité du Cambodge, proche de la chaotique Chine, mais aussi de l'Inde morcelée, tenait à ses routes unissant les deux grandes civilisations. Les rois Khmers, diminués, avaient oublié leur origine mongole pour partager les valeurs et la langue de leurs voisins de l'Inde du Sud. En 889, le roi Yaçovarman 1er s'était installé à Angkor, où devaient fleurir temples et palais.


Xe siècle

Trois villes lancent un signal lumineux sur la carte du monde méditérranéen au Xème siècle: Cluny d'abord, dont l'abbaye fondée en 910 selon la règle bénédictine, essaime en Europe jusqu'à constituer un empire de 14000 maisons peuplées de 10000 moines. Les abbés, Odon, Mayeul, plus tard Hughes et Pierre le vénérable, ne dépendent que du pape et s'attachent à répandre la foi, la prospérité, et la beauté de l'art roman.
Deuxième ville signalée, Rome, où les européens venus d'Allemagne prétendent faire les papes. Les invasions normandes ont reporté les hommes de science, de foi et d'entreprise vers l'est du Rhin, où la dynastie saxonne des rois de Germanie obtient, avec Othon 1er, le sacre du pape en 962. Le souverain du Saint Empire romain germanique prétend alors imposer sa tutelle au pape et même le nommer lui même; c'est le début d'une longue querelle entre l'empereur et le pape.
Troisième ville remarquable: Le caire, fondée par le calife fatimide al - Mouizz en 969. Les califes chiites avaient d'abord régné en Afrique du nord ( al - Mansour à Kairaouan), avant de conquérir la vallée du Nil. Ils devaient fonder l'université d'al- Azhar, qui ferait du Caire l'un des centres de la foi musulmane. Le philosophe Avicenne, un Iranien musulman, initiateur d'une philosophie gréco - judéo - musulmane, né en 980, serait lu plus tard dans la bilbliothèque ouverte par le calife al- Aziz, d'un million et demi d'ouvrages.
Le roi de France n'avait pas de capitale. Hugues Capet, fondateur de la dynastie des Capétiens, maître des plaines à blé de l'Ile de France, se faisait couronner dans le bourg de Noyon. Kiev, un autre bourg situé à l'autre extrémité de la chrétienté, devenait, grâce au blé des terres noires, la capitale heureuse et riche des chefs varègues et le foyer de la première civilisation russe, au bord du Dniepr. Le grand - prince Vladimir était assez puissant, en 988, pour épouser, après s'être converti, la soeur de l'empereur de Byzance, appelé désormais Basileus. Le lointain successeur de Constantin, Basile II, un macédonien, cherchait des alliés contre le tsar bulgare, Samuel, qu'il devait vaincre à la Strumica. Le "Bulgaroctone" avait fait crever les yeux de 15000 prisonniers.

 

XI e siècle

En 1009, l'incendie s'allumait en Orient, quand le calife fatimide et chiite al - Hakim, ayant persécuté les chrétiens de la vallée du Nil, détruisait le Saint Sépulcre et tuait les habitants de Jérusalem. Même si le calife sunnite de Bagdad condamnait ce massacre, 50 millions de catholiques apprendraient partout dans le monde que les lieux saints avaient été bafoués. Le poète, philosophe et mathématicien Omar Khayyam, né en 1050 en Iran, passait sa vie à subir l'intolérence religieuse.
L'Asie comptait alors 65 % des 300 millions d'hommes peuplant la planète. Après le Cambodge et le Japon, où s'épanouissait la religion bouddhiste et la civilisation chinoise à la cour de Heian, la "cité de la paix" (la future Kyoto), la Birmanie devenait un état, avec le roi Anawratha, en 1044 et s'enrichissait des relations entre l'Inde et la Chine, où l'imprimerie était inventée dès 1050 dans le Sud, dominé par les Song.
Les rapports de l'Orient avec l'Occident étaient interrompus. En Méditérranée, les Chrétiens se séparaient en 1054. Un schisme opposait au pape de Rome le patriarchat orthodoxe. Les Chrétiens d'Orient n'observaient jamais le rite latin. Les cavaliers turcs du sultan seldjoukide Alp Arslan mettaient les plaideurs d'accord en envahissant l'Anatolie en 1071, après la victoire de Mantzikert sur les Byzantins. Ces guerriers appartenaient à la corporation des "ghazi", les combattants de la foi, décidés à relancer la guerre sainte.
Les Chrétiens d'Occident répondraient-ils aux angoisses de leurs frères d'Orient? Le pape Urbain II avait lancé la croisade en France, à Clermont, en 1095, parcequ'il ne pouvait rentrer dans Rome, où régnait un antipape aux ordres du souverain du Saint Empire. Les croisés qui partaient pour Jérusalem assister au retour du Christ et à la fin des temps, avaient pris la ville en 1099, massacrant les habitants. La croix d'or de Toulouse flottait sur la tour de David, mais le chef des croisés, Godefroi de Bouillon, se gardait d'accepter une couronne qui ne pouvait appartenir qu'au Christ. Il s'instituait seulement “avoué du Saint-Sépulcre”. Plus tard, les croisés se découperaient en Orient fiefs et royaumes, au grand dam du Basileus, exclu du partage.

 

XIIème siècle

Saint Bernard prêchait la deuxième croisade à Vézelay pour garder les lieux saints et reconstituer la chrétienté d'Orient. Ce moine bourguignon, fondateur de l'abbaye de Clairvaux, après avoir mis en oeuvre la réforme cistércienne en 1115, avait lancé en 1128 l'ordre du Temple pour entretenir des relations avec l'Orient et financer la croisade. Conseiller des papes et des rois, Bernard voulait substituer la guerre chrétienne des moines-soldats et les "chevaliers de Dieu" aux guerres féodales. En 1142 serait construit en Orient le Krak des Chevaliers, pour garder la terre sainte et les fiefs des barons.
Les croisés ne disposaient pas de la poudre à canon, inventée en Chine en 1161, pour combattre les Turcs. L'étendard de Saint-Denis, gardé dans la nouvelle église gothique, ouverte aux fidèles en 1144, quand le roi Louis VII accompagnait en Orient l'empereur Conrad III. La création à Venise de la première banque, en 1171, devait permettre au pape, après l'échec de la troisième croisade, celle des rois de l'Europe devant Jérusalem, reconquise par Saladin en 1187, d'en préparer une quatrième, financée par les Vénitiens.
Fils d'un guerrier Kurde au service des Seldjoukides, Saladin avait chassé d'Egypte les Fatimides. Maître de l'Arabie et de l'Egypte, proclamé sultan en 1171, il avait conquis la Syrie des Abbassides et reconstitué l'unité de l'Islam. Traitant bien les prisonniers chrétiens, il avait permis les pélerinages à Jérusalem et empêché les fanatiques de raser le Saint-Sepulcre.
La tolérance était-elle de retour sur la scène du monde? Pas au Japon, où le clan des Minamoto l'avait emporté sur celui des Taina, imposant à l'empereur, affaibli, la suprématie du shogun, qui disposait de la force militaire des samouraïs en 1192. Le shogun Yoritomo, installé à Kamakura, près de l'actuelle Tokyo, menait le pays d'une main de fer, engageant des guerres perpétuelles contre les féodaux. En Chine, les derniers Song faisaient la guerre au royaume Khitan de Pékin, qui devait succomber sous les coups des Keir. L'heure n'était plus au raffinements de la civilisation.
On attendait les mongols.

 

XIIIème siècle

Pendant que l'Occident s'enrichissait des relations commerciales avec l'Orient et que prospéraient les villes italiennes, la quatrième croisade, aux ordres des Vénitiens, s'emparait de Constantinople en 1204, pour en faire, après trois jours de pillage, la capitale d'un Empire latin d'Orient. On pouvait croire aux Indes à la pérennité de la civilisation bouddhique. Mais le chef Turco-Afghan Mohammed de Ghor devait conquérir le Pendjab en 1206, puis le bassin du Gange, et fonder le sultanat de Delhi, où serait construit le plus haut minaret du monde. Mais, au nord du continent, le chef des Mongols était reconnu comme roi universel (Gengis Khan). Il régnait sur la Chine du nord, le Turkestan et la haute Asie.
L'Extrême-Orient se ruinait en guerres. L'Europe reprenait alors la tête du développement mondial. Vénitiens et Génois développaient le commerce maritime en Occident, où prospéraient les foires de Champagne. L'enrichissement favorisait la construction des cathédrales.
Vainqueur à Bouvines en 1214, Philippe Auguste se sentait assez fort pour laisser ses barons pillards s'emparer des terres du Midi dans la croisade contre les Albigeois, des hérétiques qui ne voulaient plus payer les impots du pape. Le roi de France Louis IX (futur Saint Louis), en 1229, hériterait du Languedoc. En 1271, le comte de Toulouse serait rattaché à la couronne.
Moins heureux furent les chevaliers Teutoniques, conquérants de la Prusse, qui, sous prétexte de croisade, voulaient annexer les terres slaves. Alexandre Nevski, grand-prince orthodoxe de Novgorod, écrase en 1242 les chevaliers Porte-Glaive au lac des Tchoudes. En Espagne, les barons catholiques, engagés dans la croisade de la Reconquista, réussissaient en 1262 à reprendre Cadix. En 1270, les musulmans ne conservaient guère que Grenade. Souverain d'un Etat puissant, Saint Louis mettait un terme aux croisades en mourant sous les murs de Tunis en 1270.
L'Empire latin d'Orient avait vécu. Mais les relations commerciales subsistaient, et s'étendraient jusqu'en Chine avec le voyage du Vénitien Marco Polo, reçu chaleureusement à Pékin par le souverain Kubilay Khan en 1275.

 

XIVème siècle

L'Europe était aux états. L'unité de la chrétienté n'existait plus. Le pape Boniface VIII avait en vain lutté contre Philippe le Bel, le roi de France, pour affirmer sa suprématie. Son successeur Clément V, installé à Avignon en 1309, devait accepter la dissolution de l'ordre des Templiers, exigée par Philippe le Bel, et le supplice du grand maître Jacques de Molay, brûlé vif en place de Grève en 1314.
Les grandes explorations océaniques des Européens n'avaient pas encore commencé. Ainsi ignoraient-ils l'existence en Amérique d'un deuxième empire indien, celui des Aztèques, qui avait construit Tenochtitlan ( l'actuelle Mexico ) dès 1325 pour y adorer leur dieu unique Huitzilopochtli. Les royaumes chrétiens étaient très occupés à se faire la guerre pour lancer des expéditions maritimes. A peine nés, les états chrétiens recherchaient dejà des hommes et des moyens pour se livrer aux guerres nationales. Il était fini, le temps des croisades.
En 1346, l'armée anglaise d'Edouard III avait anéanti la noblesse française à Crécy, inaugurant ainsi la guerre de Cent Ans qui devait accabler les provinces françaises, moins pourtant que la Grande Peste de 1348 qui fit 25 millions de victimes en Europe et autant en Asie.
Le royaume de France était accablé. La guerre obligeait les rois à trouver des ressources. Jean II le Bon, vaincu à Poitiers en 1356 et captif à Londres, libéré contre une énorme rançon de trois millions d'écus d'or, avait créé le Franc, pièce d'or fin de la valeur d'une livre, en 1360 pour payer sa libération, pendant que le Prince noir ravageait l'Aquitaine avec ses soldoyeurs soldés.
Anglais et Français étaient parfaitement indifférents à l'avance patiente et obstinée des armées turques dans les Balkans, en Grèce et le long de la vallée du Danube. L'empire d'Orient moribond ne pouvait les arrêter. En 1389 personne n'avait secouru les Serbes, population chrétienne orthodoxe écrasée par les armées du sultan Mourad 1er au Kosovo. Les turcs pouvaient construire des minarets à Nis et à Skopje, et lever des janissaires dans les villages d'Albanie.


XVème siècle

De Chine parvenaient en Italie par l'Orient, les trésors de la route de la soie. La dynastie des Ming s'était installée à Pékin en 1409, où elle avait fait de la Cité interdite un paradis pour empereurs. Elle avait chassé les Mongols et retrouvait son ancienne civilisation de lettrés confucéens, de peintres de paysages, d'architectes de jardins sacrés. Seuls les marchands italiens pouvaient profiter du retour de la paix. Anglais et Français s'entretuaient de plus belle et la noblesse française périssait sous les flèches des archers anglais sur le champ d'Azincourt en 1415. En 1429, quand Jeanne d'Arc libérait Orléans et marchait sur Reims pour y faire sacrer le petit "roi de Bourges" Charles VIII, les banquiers Medicis dominaient Florence, où Cosme était cette année-là gonfalonnier, pendant que les marchands génois et vénitiens s'ouvraient les routes d'Augsbourg et de Lyon. La richesse autorisait une renaissance des lettres et des arts. Brunelleschi, de 1420 à 1436, construisait le dôme de Florence, première architecture moderne qui ne doit sa solidité qu'aux mathématiques. On ne rêvait pas encore en Europe de l'or du Pérou, où l'empereur inca Pachacutec Yupanqui régnait en 1438 de l'Equateur jusqu'au lac Titicaca. Les cartes de l'Océan n'existaient pas encore, pas plus que les traités de géographie, même si Gutenberg avait inventé l'imprimerie à Strasbourg en 1440.
Tout à leurs querelles nationales, les Occidentaux étaient insensibles aux événements du monde. Quand la victoire française de Castillon mettait enfin un terme à la guerre de Cent Ans en 1453, on apprenait que Mehémed II avait conquis Constantinople et transformé Sainte-Sophie en mosquée.La route d'Orient était interdite aux Chrétiens, qui défendaient Vienne et Venise. Nul ne pensait plus à la reconquête de Jérusalem.
La chute de Grenade le 2 Janvier 1492 mettait fin à la Reconquista des Chrétiens espagnols et les exaltait plus que les voyages de Christophe Colomb qui avait planté l'étendard des Rois Catholiques dans les îles des Antilles. On était déçu qu'il n'y avait trouvé ni or ni épices. Colomb ne s'est jamais douté qu'il avait découvert un nouveau continent.

 

XVIème siècle

Rome, et non plus Jérusalem, était désormais le centre spirituel menacé de la chrétienté. Le pape Jules II faisait reconstruire Saint-Pierre et orner la Sixtine par Michel-Ange en 1508. Si Rome avait perdu la bataille de l'unité avec l'Orient, du moins pouvait-elle espérer, avec la découverte de l'Amérique et l'exploration de l'Afrique, étendre le christianisme au monde entier. Le pape excommuniait le 3 Janvier 1521 l'importun moine augustin Martin Luther, dont les 95 thèses prétendaient réformer l'Eglise. Il n'avait pas besoin d'un perturbateur.
Pizarro le conquistador s'était emparé du Pérou en 1532. Quand la Renaissance battait son plein à Venise, Florence, Pise et Gênes, grâce à la richesse d'Orient retrouvée, les Espagnols avient enfin découvert des mines qui permettaient à Charles Quint, élu à la tête du Saint Empire romain germanique en 1579, d'utiliser l'or et l'argent des Amériques pour armer la plus puissante infanterie d'Europe, repousser les Turcs et combattre leur allié inattendu, François 1er roi de France. Mais Charles ne pouvait pas empêcher les princes allemands, à l'exemple des rois du nord de l'Europe, d'embrasser la réforme et de rompre avec Rome. Henri VIII créait l'Eglise anglicane en 1534 et Genève acceuillait le Français Calvin. L'Eglise, pour les banquiers protestants d'Allemagne, de Hollande et d'Angleterre semblait hostile à tout progrès et ne voulait pas croire l'astronome de Cracovie Copernic, quand il affirmait en 1543 que la Terre tournait autour du Soleil. Du moins Philippe II, successeur de Charles Quint, pouvait-il arrêter l'expansion turque à la bataille navale de Lepante en 1571.
La France s'engageait dans une guerre de religion de près de quarante ans. La saint - Barthélemy ( 1572) donnait le signal des tueries, après le massacre organisé de la noblesse protestante au Louvre. Le roi d'Espagne, défendeur du pape, ne pouvait venir à bout des pays protestants. Sa flotte, l'invincible Armada, était défaite devant Plymouth en 1588. Les corsaires anglais poursuivaient leurs attaques contre les galions d'Amérique, porteurs d'or et d'argent.
La seule satisfaction de ces dernières années du siècle était la fin des guerres de Religion en France grâce à l'édit de Nantes signé par Henri IV, qui organisait en 1595 la coexsistence des confessions.

 

XVIIème siècle

L'Europe étouffe dans des frontières fortifiées et s'épuise dans les guerres entre Etats. Elle cherche de l'oxygène dans les premières conquêtes coloniales initiées par des explorateurs. Le Français Champlain fonde Port-Royal (1604) et Québec (1608) au Canada.
La civilisation s'affine, malgré la sauvagerie des guerres. Le "Don Quichotte" de Cèrvantes, blessé à Lépante, et publié en 1605, alors que Shakespeare fait jouer Macbeth, pièce tragique annonçant les violences dont l'Europe sera victime. La guerre de Trente Ans commence en 1618: 12 millions d'Européens trouveront la mort dans cet affrontement des Etats religieux.
Pour fuir la persécution, les puritains anglais du "Mayflower" débarquent en 1620 dans le Massachussets, où ils poursuivent les dindes sauvages et les Indiens. En 1625, les Hollandais fondent La Nouvelle - Amsterdam dans l'île de Manhattan. Ils s'y livraient au commerce de la fourrure alors que Rembrandt, en 1632, osait peindre "La Leçon d'anatomie". Les progrès de la navigation à voile rendaient l'Inde et la Chine plus proche. Les Anglais avaient installé leurs premiers comptoirs dans le golfe du Bengale quand en 1631, le Grand Mogol Chah Djahan, descendant de Tamerlan et maître d'une grande partie de la péninsule indienne avait édifié le Taj Mahal. En Chine, on portait la natte depuis que la dynastie mandchoue, en 1644, avait repris le rêve de conquête des empereurs, portant les limites de l'empire à la Mongolie, au Tibet et même à la Corée. On y recevait vololontiers les missionaires chrétiens et les jésuites. Louis XIV (régnait pleinement depuis 1661) acceuillait à Versailles les ambassadeurs du Siam et soutenait Colbert, qui installait des comptoirs dans l'Océan Indien et poussait des pointes en mer de Chine, alors que Vauban hérissait la frontière française de forts.
L'indépendance des Provinces-Unies, reconnue en 1648, avait incité Louis XIV à renforcer l'absolutisme. La révocation de l'édit de Nantes en 1685, par le Roi Très Chrétien, devait provoquer l'exode de 200000 protestants français qui s'installeraient en Hollande et en Prusse.


XVIIIème siècle

Grâce aux découvertes de Galilée, Toricelli, Kepler et d'autres, la supériorité des peuples engagés dans la recherche scientifique et technique s'affirme. Le Tsar de Russie Pierre le Grand installe d'ailleurs sa capitale à Saint-Pétersbourg en 1703, pour être plus proche de l'Occident novateur. A Londres, en 1717, les francs-maçons de la Grande Loge commencent à diffuser leurs idées dans l'élite.
Si, en 1720, la peste tue encore la moitié de la population de Marseille, c'est pour la dernière fois. On peut croire à une ère nouvelle, au bonheur de l'humanité, sur les violons des "Concertos brandebourgeois" composés par Bach en 1721.
La machine à vapeur de Watt fait surgir en 1763 l'espoir fou d'une d'une révolution de l'industrie par l'énergie; partout, des usines de houille sont creusées. Les innovations dans le textile, les découvertes scientifiques suscitent un engouement considérable pour l'Encyclopédie de Diderot et d' Alembert, dont le premier volume a paru en 1751. Edward Jenner travaille depuis 1775 à la découverte du vaccin contre la variole. Ainsi la science n'accroît pas seulement la puissance des Etats, elle peut protéger les hommes contre les épidémies mortelles.
Ceux-ci peuvent se grouper librement en nations, sans la tutelle d'un roi. Le 4 juillet 1776, les Pères fondateurs des treize colonies anglaises d'Amérique se réunissent à Philadélphie pour faire savoir au monde qu'une grande nation indépendante est née. C'est une révolution.
Elle franchit l'Atlantique pour inspirer le mouvement national qui porte les Français à faire accepter au roi Louis XVI une constitution. La prise de la Bastille, le 14 juillet 1789, l'y contraint. La fuite à Varennes, le 20 juin 1791, conduit, la guerre aidant, à la Terreur jacobine et à l'exécution du roi le 21 janvier 1793. La France républicaine avance au pas des volontaires de l'an II vers la prise du pouvoir par le général vainqueur Napoléon Bonaparte, auteur du coup d'Etat du 9 novembre 1799 (18 Brumaire) qui le fait consul.

 

XIXème siècle

Une bataille pour la domination du monde s'engage entre la Grande-Bretagne, qui domine les mers depuis que la France a renoncé, en 1763, à ses colonies, et l'empire français de Napoléon, vainqueur à Austerlitz en 1805 et qui décrète en 1806 le blocus continental. Waterloo, en 1815, ouvre à l'Angleterre un siècle de maîtrise commerciale.
Elle soutient en Amérique Latine l'indépendance des colonies espagnoles: le Mexique libéré dès 1821 par Iturbide et toutes les autres, peu de temps après, par les généraux Bolivar, Sucre, San Martin. Le Brésil rompt avec le Portugal en 1825. L'Angleterre accepte la révolution belge et soutient l'indépendance de la Grèce. Elle abolit l'esclavage dès 1833 et met en difficulté les Etats-Unis, dont les esclaves noirs cultivent le coton du Sud. Couronnée en 1837, la reine Victoria, impératrice des Indes règne sur le monde.
L'Angleterre a cinquante ans d'avance industrielle. Depuis 1825, elle a lancé pour les voyageurs sa première ligne de chemin de fer. Elle produit les vapeurs, amorce la conquête commerciale de la Chine à Nankin en 1842 et pousse ses établissements coloniaux sur tous les continents.
A Londres est publié en 1848 le "Manifeste du parti communiste", de Marx et Engels. La révolution naît à Paris en février et gagne l'Europe, sans résultats immédiats. Darwin publie en 1859 un ouvrage sur la sélection naturelle. Une guerre civile dévaste le Sud des Etats-Unis de 1861 à 1865, pour aboutir à l'abolition de l'esclavage.
Les Etats-Unis multiplient les chemins de fer et s'industrialisent. Le Japon les imite après le début de l'ère Meiji, en 1868. La France du second Empire se lance à son tour dans l'industrie, elle peut soutenir l'indépendance italienne, mais non l'allemande.
Bismarck, après sa victoire sur la France, en 1870, fait couronner empereur d'Allemagne Guillaume II à Versailles en 1871. La France rejoint l'Angleterre dans les conquêtes coloniales et surpasse l'Allemagne dans l'industrie: si Daimler fabrique en 1886 la première voiture à essence, l'Eole du Français Ader vole en 1890, le cinéma des frères Lumière tourne en 1895. Mais on invente aussi la mitrailleuse et la poudre sans fumée, ce qui annonce des lendemains cruels.

 

XXème siècle

Les sciences et les arts étaient pourtant prometteurs : en 1900, Freud avait lancé l'exploration de l'inconscient, Einstein formule en 1905 la théorie de la relativité, Picasso peint "Les Demoiselles d'Avignon". Blériot avait en 1911 traversé la Manche en avion et Amundsen atteint le Pôle Sud, achevant l'exploration de la terre. Mais la guerre devait mettre en question ce mouvement de la civilisation.
Les passions nationales ne résistaient pas au virus de dissolution de l'Empire austro-hongrois après l'attentat de Sarajevo. 65 millions d'hommes seraient mobilisés, 9 millions y perdraient la vie. L'arrivée de Lénine au pouvoir en novembre 1917 isolait très vite la Russie. Le retour des Américains à l'isolationisme, rendait le traité de Versailles inefficace. L'Italie, mécontente de Versailles, apppelait au pouvoir Mussolini en 1922. La république de Weimar ne résistait pas à la crise de 1929 et se donnait légalement à Hitler en 1933.
Les dictatures aidaient Franco à gagner la guerre d'Espagne, de 1936 à 1939. A Munich, en 1938, la France et la Grande-Bretagne avaient déjà capitulé. Allié de Staline en août 1939, le Führer écrasait à loisir la Pologne et la France. Seule la Grande-Bretagne résistait. L'entrée en scène des Etats-Unis, agressés par le Japon en 1941, la campagne de Hitler contre Staline permettait aux alliances de se reconstituer, La résistance de Stalingrad en 1942 sonnait le glas du nazisme.
La bombe de Hiroshima mettait, après l'Allemagne, le Japon à genoux en 1945. On entrait dans la guerre froide, qui durerait cinquante ans. Les deux superpuissances atomiques, bientôt spatiales, avaient admis l'indépendance de l'Inde en 1947 et la création de l'Etat d'Israël en 1948. Les Etats-Unis ne pouvaient pas empêcher Mao Zedong de proclamer la République populaire de Chine en 1949. La France achevait de perdre son empire après l'indépendance de l'Algérie en 1962. Comme l'Allemagne, elle était entrée dans l'Europe.
Les Soviétiques contestaient la domination des Américains, qui envoyaient Armstrong dans la Lune en 1969. L'empire communiste detérioré dévoilait ses goulags. La Chute du mur de Berlin en 1989, anonçait un monde uni, bientôt entaché par les pulsions sanglantes nationales et religieuses. L'explosion d'Internet dans les années 90 était elle une promesse de paix dans l'unité.