DOCUMENT DE REFLEXION AUTOUR DU THEME DU SOMMET: LE DIALOGUE DES CULTURES

DOCUMENT DE REFLEXION AUTOUR DU THEME DU SOMMET: LE DIALOGUE DES CULTURES
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IX Sommet de la Francophonie- Beyrouth, octobre 2001

Le Liban se devait bien de proposer que le sommet dont il a l’honneur d’être l’hote soit placé sous le thème du “dialogue des cultures”. C’est que l’hôte a acquis une riche expérience en matière de diversité culturelle. Tant son histoire que sa structure économique et sa texture sociale témoignent, dans le cadre de son arabité, d’une longue tradition d’ouverture et d’échanges qui a favorisé l’émergence d’une culture une et plurielle, par-delà soubresauts et vicissitudes. C’est pourquoi, la consolidation du lien social pour ceux qui y vivent requiert une éloboration permanente et renouvelée qu’il s’agit pour la communauté francophone d’impulser et de dynamiser à l’échelle mondiale. Cette démarche suppose le dépassement de l’altérité comme simple acte de tolérance, pour l’envisager comme une part constitutive de sa propre identité, elle suppose, aussi, la perception et l’appréhension des particularités comme autant de déclinaisons de l’universel. Le dialogue, en ce qu’il présume d’égalité en sus des différences, de convergence en dépit des écarts et des éloignements, tend par-delà le simple échange verbal, à la compréhension de l’Autre. C’est là le sens qui fait du “dialogue des cultures” un projet concret présupposant la pleine acceptation de la différence. En se fondant sur une définition très large de la culture, ce projet confère une dimension anthropologique à la Francophonie.

En fait, ce que nous entendons içi par “dialogue des cultures” implique une conception large des deux termes: “dialogue” et “culture”.

Par culture, il faut comprendre la gamme entière des modes acquis de comportements humains et, considérés sous leur aspect symbolique, l’ensemble des oeuvres passées et présentes des sociétés humaines. Une culture s’individualise grâce à un ensemble de traits spécifiques que façonne l’histoire et qui sont le fruit, entre autres facteurs, d’interactions, pacifiques ou violentes, avec d’autres cultures. Par dialogue des cultures, il faut donc entendre un ensemble complexe de processus intentionnels d’échanges pratiques, processus co-formateurs des systèmes symboliques propre à chaque culture. Les progrès des moyens de communication et d’information accroissent naturellement les échanges tendant à refaire, mais aussi à défaire, les systèmes imaginaires et normatifs constitutifs de la spécificité de chaque groupe culturel. De par leur caractère fulgurant au cours de la décennie écoulée, ces progrès multiplient de façon vertigineuse, en même temps que les dangers guettant les traits propres de chaque profil culturel, les possibilités d’initiatives en vue d’un co-développement, d’un enrichissement mutuel des cultures et du respect du droit que chacune d’elles a de préserver son patrimoine, sa physionomie particulière, aussi bien que les conditions de sa survie et de son dévoloppement. C’est cette gamme d’initiatives possibles que la Francophonie se doit de définir, à tous les niveaux, pour ce qui concerne d’abord les cultures qui cohabitent dans son espace, mais aussi pour ce qui correspond à l’étendue du rôle qu’elle entend jouer à l’échelle planétaire.

La culture est à la fois un acquis et un construit, produit d’une constante renégociation avec soi et avec les autres. C’est pourquoi le travail de dialogue entre cultures ne saurait faire l’économie de son élaboration aux niveaux interpersonnels et microsociologiques.

Ce dialogue ne devrait pas être occasionnel mais quotidien, il s'approfondira autant entre les élites qu’entre les peuples; les arts et les idées se croiseront alors à un rythme plus poussé; le dialogue entre croyants, voyant sa base s’élargir, ouvrira de nouvelles voies à la tolérance.

Le thème du “dialogue des cultures”, retenu par l’ensemble des participants au Sommet de Moncton en 1999, situe notre rencontre dans la ligne des précédentes et en prolonge la réflexion. Depuis son émergence comme organisation sur la scène internationale, la Francophonie a posé au centre de ses préoccupations, au-delà de la langue, la place de la culture dans la définition des identités. Ce faisant, l’ensemble francophone reconnaissait d’emblée la pluralité et la complexité des identités culturelles des pays qui le composent et, partant, l’existence de francophonies diverses. Mais, par le fait même, il localisait des risques que fait courir, au développement, à l’épanouissement culturel et à l’identité propre des pays membres, l’accélération en cours des processus de mondialisation.

 

Dans un premier temps, la Francophonie a opposé à ces défis la notion “d’exception culturelle” (Sommet de Maurice 1993) traduction d’un ensemble de mesures destinées à juguler la réduction des possibilités d’accès aux biens culturels des pays et des sociétés les moins équipées technologiquement. Mais, en dépit de son utilité surtout préventive, la notion d’exception culturelle devait s’avérer insuffisante pour définir une vraie stratégie de développement des cultures où se déploierait toute la palette du patrimoine de l’humanité et s’exprimeraient les spécificités enrichissantes de chacun des groupes humains. En invoquant la notion de “diversité culturelle”, (Sommet notion constructive et moins défensive, la Francophonie a fait un pas de plus dans ce sens. Cette perspective plus compréhensive et globale entend dépasser les mesures strictement commerciales, afin de susciter des stratégies complémentaires de valorisation du florilège mondial des cultures.

Un regard golbal sur l’état actuel du monde nous confirme dans la nécessité d’aller plus avant dans la voie inaugurée par la thématique de la “diversité culturelle” et de faire de notre rencontre, et de celles qui suivront, une plate-forme pionnière du “dialogue des cultures”. Nous ne faisons ainsi que poursuivre le chemin jusque-là parcouru, en étendant le débat aux champs politique et économique.

 

Le dialogue des cultures: une portée politique

La lente et difficile émergence, au lendemain de la guerre froide, d’un nouveau système international aux contours encore largement incertains, s’est accompagnée d’une accélération sans précédent des dynamiques d’intégration et d’unification à l’échelle planétaire, transposant ce qui n’était jusque-là qu’une globalisation des marchés économiques et financiers en une véritable mondialisation politique et culturelle, touchant même les sphères privées. Seulement, le processus à l’oeuvre n’est pas sans provoquer de sérieuses inquiétudes.

Mondialisation et hégémonie: La mondialisation, si elle ouvre indéniablement des brèches devant l’exercice de nouvelles libertés, se décline bien souvent aussi sur le mode de l’hégémonie. Du moins est-ce ainsi qu’elle est reçue et perçue par tout un pan de la communauté internationale. Hégémonie de quelques puissances sur les ressources du droit et de l’énonciation de la norme dt de la légitimité. Hégémonie de quelques puissants - acteurs publics ou privés - sur la fabrication d’un imaginaire uniforme et la mise en valeur de modes communs d’être, de se comporter et de consommer. Face à ces dérives, l’alternative proposée par le “dialogue des cultures” vise à se rapprocher de la formulation d’un corpus normatif international construit dans le consensus, à partir des valeurs universelles auxquelles nous adhérons tous librement. Au premier chef de ces valeurs que nou voulons régulatrices de la vie internationale, celles consacrées par la Déclaration universelle des droits de l’homme, celle des droits inaliénables des peuples (Bamako). Cette alternative cherche à éviter la lecture sélective des droits et des devoirs des membres de la communauté francophone et internationale dont ont déjà suffisamment souffrt nombre de peuples, notamment au Proche-Orient. Elle ambitionne de contruire et de consolider de nouveaux espaces mondiaux de concertation. En d’autres termes, à l’ère du pouvoir des réseaux, le “dialogue des cultures” aurait pour but de démocratiser la mondialisation avant que la mondialisation ne pervertisse la démocratie.

Mondialisation et résurgences identitaires: Le monde de l’après-guerre froide a vu une recrudescence et une multiplicité de nouveaux conflits de formes sub-étatiques et intra-sociétales. En s’exprimant de façon alarmante sur le mode identitaire le plus crispé et le plus exclusif, ces conflits ont fait des cultures autant de marqueurs meurtriers et belligènes. A cet égard, certains auteurs ont cru heureux de prohétiser l’avènement d’un monde déchiré par la “guerre des cultures” et fragmenté par le “choc des civilisations”. C’est dans l’espoir de les démentir et de démontre l’inanité de leur cassandrisme, avatar à peine masqué de la guerre froide d’hier, récrit en langage culturaliste, que la Communauté francophone se doit de plaider en faveur d’une approche ouverte et plurale de la culture et des civilisations.

 

En outre, les amples et successives vagues de migrations internationales son porteuses de disparités multiples, alimentant des tensions identitaires. Les particularismes des nouveaux venus s’inscrivent à des degrés divers, avec plus ou moins de bonheur, dans les espaces qui les accueillent mais la rupture reste possible à tout instant. A l’ère du “narcissisme de la petite différence”, seul un ferme engagement dans le dialogue est à même d’aménager une société internationales où les identités - multiples jusqu’en chacun - se complètent et ne s’excluent pas, et où cultures et civilisations s’enrichissent mutuellement au mépris de leurs lignes de démarcation.

 

Mondialisation et responsabilité: A la transformation progressive des paramètres de la distance et du temps, à l’uniformisation des règles du jeu, à la soumission grandissante des acteurs de la scène internationale aux contraintes collectives, correspond, en parallèle, une mondialisation des enjeux, une globalisation des dangers et, donc, des défis à relever. Les exemples récents sont nombreux qui, des préoccupations concernant l’équilibre écologique, la biosphère ou la bioéthique, aux flux migratoires, au sida et aux grandes épidémies, en passant par la sécurité et la prévention du crime organisé, confirment tous les jours la fin du “chacun chez soi, chacun pour soi”. Si la nouvelle grammaire du monde n’a pas encore entièrement érodé la souveraineté, elle semble imposer de plus en plus un monde de la responsabilité partagée.

C’est à ce niveau qu’il incombe à instance comme la nôtre de se faire, auprès d’autres instances intergouvernementales, le chantre et l’avocat d’une meilleure coopération internationale, d’une plus grande solidarité des peuples, et d’une institutionnalisation plus efficace, face à des phénomènes engageant l’avenir même de la planète et de l’espèce humaine. A l’ère où gouvernance globale devient un thème porteur et une ambition légitime, le “dialogue des cultures” se présente comme un levier essentiel d’une nouvelle multilatéralisation, respectueuse des membres les plus vulnérables de la communauté internationale et de leur droit à la solidarité, et comme garant d’une gestion plus fructueuse des biens communs de l’humanité.

 

Le dialogue des cultures: une portée économique

La mondialisation n’est pas simplement la caractéristique distinctive du nouveau système international dans sa version politique, mais elle est aussi, et peut-être même surtout, la composante essentielle de l’économie d’aujourd’hui: instantanéité de l’information, décloisonnement des marchés, désinstitutionnalisation des agents, dérégulation des mécanismes, globalisation de la sphère financière, uniformisation des modèles consuméristes... Là encore, la dynamique en cours ne va pas sans susciter de nombreuses appréhensions.

Culture de développement: En raison de la diffusion de plus en plus rapide des modèles culturels et des phénomènes sociaux à travers la planète, le lien entre culture et développement devient de plus en plus crucial. On aurait pu penser que ce lien est celui d’une exclusion mutuelle, et que le développement, à l’heure de la mondialisation, serait progressivement sommé de se conformer à un modèle culturel dominant, celui issu du moule unique de capitalisme libéral. Le temps est toutefois révolu où l’on prêchait la dilution des cultures locales, marginales ou résiduelles dans le grand chantier d’une modernité autoritaire, d’un progrès inévitable et de la croissance économique. Loin de se contredire, culture et développement se consolident mutuellement. D’abord, parce que la cohérence et l’évolution harmonieuse des cultures locales contribuent au raffermissement du sentiment de confiance et d’autonomie des menbres d’une communauté, et en accroissent la productivité et la capacité de créativité et d’innovation. Ensuite, parce qu’au même titre que d’autres facteurs de production, le capital culturel est une ressource inhérente aux processus de la croissance économique, et la culture un secteur productif générateur de revenus et d’emplois. L’engouement aujourd’hui notable, pour la vogue des “musiques du monde”, ainsi que la part grandissante prise par le tourisme culturel ou même ludique, par la restauration et la valorisation des sites naturels et archéologiques, par la réfection et la réappropriation de l’habitat traditionnel, dans la constitution des revenus nationaux en sont une preuve évidente. Bien entendu, il s’agit içi de dénoncer la tendance, toujours tangible, à ravaler les cultures “périphériques” au rang de “réserve culturelles” où seraient parquées des us et coutumes en voie de disparition. Ainsi, le paradoxe que recouvre l’économie- monde en gestation conduit à renvoyer dos à dos approches culturalistes et approches productivistes, pour y substituer plutôt une démarche de complémentarité. C’est dans la mesure où les cultures revivifiées seront en situation d’échange et de dialogue qu’un codéveloppement réel sera possible, conduisant à une reprise durable et équitable de la croissance mondiale.

Biens culturels et logiques marchandes: La suprématie du modèle capitaliste et l’acceptation des lois du marché comme paradigme dominant font qu’il est de plus en plus tentant d’y plier tant la production que la circulation ou encore la conservation des biens culturels. Ce serait oublier un fait essentiel: la culture est une composante inaliénable de la définition de soi et un vecteur privilégié du contact et de l’échange avec l’Autre. Elle est l’outil de notre rapport au monde mais aussi à ce qui le dépasse et lui donne un sens. C’est parce qu’elle est tout cela à la fois, et parce qu’elle tend à l’immatériel et à l’intemporel, que la culture ne saurait être réduite à une simple marchandise soumise aux loix de l’offre et de la demande, ou sacrifiée sur l'autel des avantages comparatifs. Les réunions internationales consacrées à cette question, depuis les premières formulations du GATT et jusqu’au sommet de Seattle, ont bien montré le danger de dérive que renfermait la réduction des biens culturels au rang de simples denrées parmi d’autres. Le risque à ce niveau, et spécialement pour les pays les moins dotés de moyens de concurrence, est double. Il consiste tout d’abord à voir noyées les productions culturelles locales sous le flux de produits culturels étrangers bénéficant d’autouts substantiels en matière de fabrication et de marketisation. Il consiste ensuite à voir les cultures locales exclues des espaces de médiatisation et de valorisation que leur offrent les nouvelles technologies. Ignorer ce risque et ne pas prendre les mesures destinées à y pallier reviendrait à condamner par avance la culture au darwinisme des industries culturelles. Aussi, convient-il de rester vigilant quant à cette question, à tous les niveaux et dans toutes les instances où elle viendrait à être discutée. C’est dans la mesure où les biens culturels garderont pour chacun des pays qui les ont produits hier, ou les abritent aujourd’hui, mais aussi pour chacun des pays tiers qui en sont les bénéficiaires indirects et non forcément immédiats, une valeur en-soi, irréductible à leur valeur marchande, que les richesses de chacune de nos sociétés seront demain un véritabable patrimoine culturel commun à l’humanité.

Un nouvel hiatus culturel: L’accélération et la densification des distorsions économiques et sociales qu’entraîne la mondialisation, ne font pas que creuser le fossé inégalitaire entre le nord et le sud de la planète. Un nouveau type de marché international du travail s’instaure, qui draine, vers les économies les plus novatrices, les compétences formées dans les pays moins avancés. Cettel fuite des cerveaux affaiblit les chances de rattrappage dont disposent ces pays. Il est paradoxal de constater aujourd’hui qu’une bonne partie de la prospérité de la “nouvelle économie” repose sur les compétences en provenance des zones les plus pauvres de la planète. L’installation des nouvelles technologies au cœur des économies développées et le dépassement de l’ère industrielle au profit d’une révolution de l’information accroissent aussi les écarts au sein même des sociétés les plus avancées, et viennent parfois à y menacer certains acquis. Dans un monde où la richesse est appelée à se concentrer autour de “l’économie de la connaissance”, la nouvelle inégalité est celle qui mettra face à face ceux qui - pour des raisons économiques mais aussi culturelles et éducatives - ont accès aux technologies de l’information et ceux qui en sont privés. Elle opposera de plus en plus ceux qui disposent des clés du savoir à ceux qui n’en disposent pas. La lutte contre ces nouvelles pauvretés ne passerait donc plus par l’ouverture de l’accés au capital, mais par l’accès à la compréhension de la complexité du monde et par le droit à l’intelligibilité des hybridations et des métissages qui fabriquent les identités d’aujourd’hui. Démocratiser les savoirs, faire circuler l’information, décloisonner les connaissances, encourager l’inter et la multi- disciplinarité, faire correspondre les cultures, devient aussi crucial pour la paix sociale que les subventions les plus généreuses de l’Etat providence. Une telle redistribution de la ressource intellectuelle reste toutefois à envisager à l’échelle globale, et renvoie donc à la multilatéralisation évoquée plus haut.

Aussi, en contribuant à établir la légitimité et la nécessité du dialogue entre les cultures et les sociétés, mais aussi en leur sein, il s’agit pour la Francophonie d’ancrer un droit nouveau, le droit à la modernité démocratique. Une modernité dépassant la stricte acception technique, pour exprimer une dimension culturelle, celle d’identités multiples et différenciées, conciliées en chacun sans heurts et sans conflit. Ce droit ne saurait être universel si des remèdes actifs n’étaient envisagés face aux risques majeurs de marginalisation et de subordination que comportent, dans les relations internationales, l’application inconditionnelle de la loi du marché et de la logique de puissance.

Vivre ensemble mais différents, ou plutôt vivre ensemble nos différences, sera sans doute l’un des grands défis du siècle qui commence. Pourrons - nous concilier la formidable aventure du progrès technologique et les perspectives de monde meilleur qu’elle nous ouvre avec la sauvegarde de la richesse culturelle de chacune de nos sociétés? Dès sa création, l’ensemble francophone s’est donné pour mission d’apporter à la polyphonie culturelle universelle la musique de sa propre langue et les cultures que celle-ci a irriguées. Afin que la communauté francophone prenne toute sa part et toute sa place dans la dynamique de mondialisation et, que de cette mondialisation, il soit favorisé le meilleur et évité le pire, la Francophonie se doit de paver et de défendre la voie du “dialogue des cultures”. C’est pour nous, un chantier du présent, mais surtout de l’avenir: des faits culturels et sociaux à scruter, à comprendre, et à rendre plus intelligibles, une ligne de conduite à observer, un objectif stratégique à poursuivre. Partant d’une exigence de reconnaissance, le dialogue qui ne souffre pas de point final, doit aboutir à des formes multiples et toujous renouvelées d’alliance. Puissent nos diversités culturelles respectives être mieux assumées, et devenir plus créatrices, dans le jardin commun de la francophonie et dans le monde de demain auquel nous aurons contribué pleinement et sans réserve.

 

LES VOIES DU DIALOGUE

Propositions programmatiques

Les propositions de projets qui suivent se situent dans la logique du “dialogue des cultures”, dans la mesure où elles tentent d’associer, autour de projets communs au pays participants, des médias, des moyens d’expression divers, et des langues aussi variées que celles que compte l’espace francophone.

 

1 - Echanges et voyages:

Il s’agit d’engager la plus large palette possible de secteurs sociaux dans ce dialogue. Le développement de programmes d’échanges et de circuits de tourisme culturel entre universitaires et membres d’associations de la société civile, devrait permettre, par exemple, l’encouragement des jeunes et des femmes à participer à ce chantier. Un réseau permanent devrait être créé entre écoliers et universitaires francophones, bénéficiant d’une tribune inter-scolaire et inter-universitaire.

 

2 - Enseignement interculturel, multilinguisme, traductions et projets éditoriaux:

La familiarisation avec les différentes productions et création culturelles du monde francophone devrait faire partie du programme d’enseignement, essentiellement au niveau littéraire. Or, s’il y a profusion de la traduction des grands classiques de la littérature française en d’autres langues, on trouve en revanche beaucoup mois de traductions d’œuvres contemporaines des pays francophones vers le français ou vers d’autres langues des pays francophones.

 

3 - Manifestations thématiques:

Autour de thématiques d’intérêt commun aux pays membres, différents véhicules d’expression artistique et culturelle s’expriment dans leurs langages respectifs. (Exemples: films, pièces de théâtre, peintures, textes littéraires, chansons et musiques produits par les pays membres, et dans leurs langues, représentent le racisme et la xénophobie, les grands moments d’avancée de la démocratie ou des acquis sociaux, la liberté, etc.).

 

4  - Technologies de l’information pour tous:

L’investissement de l’espace virtuel est une urgence pour la communauté francophone, non seulement en sa qualité d’usager des inforoutes, mais aussi de producteur de sites d’utilité générale. A ce niveau, il serait envisageable que la Francophonie finance, après concours général sur base de business plans, une ou plusieurs start-up. Les premières pourraient être consacrées à des services de traduction du français vers les langues des pays francophones et de ces dernières vers le français.

 

5 - Instruments d’observation:

Dans le cadre d’une convention entre les pays membres, il serait envisageable de mettre en place un Observat des cultures et du dialogue interculturel, sorte de centre de recherche associant des disciplines diverses et chargé de suivre et d’évaluer les activités à caractère interculturel.

 

6 - Aide à la production culturelle:

L’accés aux ressources de production dans les domaines culturels coûteux (cinéma, multimédia, télévision, etc.) est notoirement inexistant dans les pays les moins avancés de l’espace francophone. A cet égard, il est recommandé de créer un Conseil artistique disposant d’un fond d’aide à la création dont seraient bénéficiaires prioritaires, sinon exclusifs, les créateurs du sud.

 

7 - Protection de la production culturelle:

Dans le cadre des efforts menés par la communauté internationale pour trouver des mécanismes juridiques efficients à garder, il semble nécessaire pour la communauté francophone de s’atteler à l’harmonisation des positions de ses membres en matière de propriété intellectuelle.

 

8 - Consultation permanente:

Enfin, il serait souhaitable d’envisager la mise en place d’une consultation permanente, entre diplomates et agents culturels pour la mise en application et le suivi de tout ce qui précède dans l’activité des organisations internationales.