Gaza 2014: l’ultime guerre israélo-palestinienne

Gaza 2014: l’ultime guerre israélo-palestinienne
Préparé par: Angela Kahil
Enseignante-chercheur, chargée de cours à l’USEK

Introduction

Le 12 juin 2014, le mouvement du Hamas est accusé par Israël de l’enlèvement en Cisjordanie de trois jeunes israéliens issus d’une colonie de Cisjordanie, retrouvés morts trois semaines plus tard. En représailles, Israël assassine un adolescent palestinien. Ces évènements, suivis d’une vague de manifestations et de heurts, sont considérés comme les causes principales et directes de ce que nous avons appelé «la guerre de Gaza».

Dix jours auparavant, un gouvernement de «consensus», incarnant la réconciliation entre le Hamas et le Fatah, conclu en avril, est entré en fonction dans l’Autonomie Palestinienne. Rappelons qu’il s’agit là d’un enjeu important dans la mesure où le Hamas était vivement critiqué à Gaza et isolé sur la scène palestinienne par le Fatah et sur le plan diplomatique par les pays de l’UE (qui ont inscrit le Hamas sur la liste des groupes terroristes) et surtout par le Qatar, son principal bailleur de fonds. Ce gouvernement devait représenter un enjeu de survie pour le groupe islamiste et établir les bases pour l’établissement d’un futur Etat palestinien.

Or, l’enlèvement des jeunes israéliens est considéré comme un moment de rupture dans cette nouvelle politique engagée entre Palestiniens, mais aussi entre Israéliens et Palestiniens depuis le cessez-le-feu de 2005 et le désengagement unilatéral d’Israël de la bande de Gaza.

L’histoire nous révèle que la politique israélienne développe des stratégies de riposte de manière assez rapide, et sans condition de dialogue.

En effet, le 17 juillet 2014, le Premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou lance l’opération «Bordure protectrice» contre le Hamas, tenu responsable des obus mortiers ou de roquettes tirés depuis un territoire dont il est le maître: Gaza. Le but de l’offensive terrestre israélienne n’est pas de réoccuper la bande de Gaza, mais d’anéantir la force de frappe du Hamas[1].

Après cinquante jours de guerre, Israël accepte un cessez-le-feu «illimité», entré en vigueur le mardi 26 août 2014 à 19h, qui prévoit l’ouverture immédiate des points de passage entre Israël et l’enclave palestinienne pour l’entrée rapide de l’aide humanitaire, de secours et des moyens de reconstruction, c’est-à-dire un allègement du blocus imposé depuis 2006 par Israël et qui asphyxie 1.8 millions de Gazaouis, donc un élargissement de la zone de pêche palestinienne en Méditerranée, permettant «la pêche jusqu’à six miles marins», puis à douze miles, ainsi que l’engagement des négociations sur la levée du blocus. Jusqu’à la rédaction de cet article, les résultats de ces négociations sont peu effectifs, d’autant plus que le mois d’octobre a été marqué par des tensions entre Palestiniens et Israéliens, notamment concernant l’accès aux Palestiniens à l’esplanade des Mosquées à Jérusalem. Mais c’est surtout depuis le 27 octobre que les négociations indirectes entre Israël et le Hamas sont interrompues, en raison de l’implication, selon Israël, de militants palestiniens dans les attaques perpétrées dans le nord du Sinaï.

Cet article a pour but de démontrer, à travers l’analyse des enjeux de la guerre de juillet-août 2014, la place prépondérante de Gaza dans les relations israélo-palestiniennes, en tant que noyau dur de la résistance palestinienne, incarnée plus particulièrement par le Hamas, mais aussi en tant que cible privilégiée d’Israël pour la reconquête des territoires palestiniens et pour asseoir sa domination sur les Palestiniens, soit par les moyens militaires, considérés comme le reflet d’une néo-occupation de la ville de Gaza.

Victoire militaire pour Israël, victoire politique pour le Hamas, la guerre de Gaza illustre les aspects d’une guerre totale, voulue par l’Etat hébreu, pour discréditer, voire anéantir le Hamas et son influence dans les territoires occupés.

L’intérêt de cet article est par ailleurs de démontrer une fois de plus que la guerre de Gaza reflète les cinq problématiques, qui sont en jeu depuis 2005, à savoir :

1- la problématique des ultras: deux communautarismes ethnico-religieux qui s’opposent: le groupe radical islamiste du Hamas et la droite, voire l’extrême droite israélienne, avec le Likoud et Israel Beitenou;

2- la problématique des légitimités: celle de la souveraineté palestinienne et celle de la sécurité israélienne;

3- la problématique de la discordance de la politique intérieure israélienne, marquée par la lâcheté de la gauche sociale démocrate dans la recherche d’une politique de rapprochement avec les Palestiniens;

4- la problématique de l’échec de toute diplomatie: qu’en est-il du Quartet international et de l’action de Tony Blair? qu’en est-il du processus de paix lancé à Madrid en 1991?

5- la problématique de la reconnaissance de deux Etats qui suppose le renoncement franc à la colonisation.

Avant de développer les enjeux de la dernière guerre israélo-palestinien sur le plan militaire, politique, économique et humain, il est utile de faire un rappel sur la situation de Gaza en tant que territoire enclavé, au cœur des relations belliqueuses entre Israël et les Palestiniens depuis 1948.

 

Gaza: une enclave civile et militaire depuis 1948

Gaza est un territoire de 362 km2, situé au sud-ouest d’Israël et au nord-est de l’Egypte, regroupant aujourd’hui près de 1.8 millions de Palestiniens.

La bande de Gaza devient un territoire occupé par l’armée israélienne en 1956, après la guerre entre Israël et l’Egypte, puis à partir de 1967, la guerre des Six Jours ayant permis à Israël d’étendre son influence et d’installer une administration militaire du territoire. Il faudra donc attendre l’année 2005, pour assister au démantèlement de la colonisation à Gaza et au retrait israélien, pour laisser place à un gouvernement palestinien autonome, incarné par l’Autorité Palestinienne, dirigé par le Hamas, après sa victoire aux élections législatives de 2006. Dès lors, la bande de Gaza passe du statut de «zone-tampon» israélienne à celui d’un territoire autonome, pôle de la résistance à l’occupation et à Israël[2] (et ce depuis 1987, puisque la première Intifada éclate à Gaza) et siège de l’Autorité Palestinienne.

Depuis le désengagement israélien de 2005, les relations entre Israël et le Hamas restent tendues. Le Hamas, rejetant l’existence d’Israël, mène des actions militaires contre l’Etat hébreu. Entre 2001 et 2010, près de 5.000 roquettes ont été tirées sur Israël. Considérées comme des «actions terroristes» par la communauté internationale, ces formes d’activisme plongent le Hamas et la population de Gaza dans une situation d’isolement, voire d’enclavement. D’autant plus qu’Israël n’a pas tout à fait renoncé à la colonisation dans les territoires, ni à l’occupation totale de la bande de Gaza: Israël occupe en effet encore 30% des terres agricoles, qui sont interdites d’accès aux Palestiniens. L’état civil est toujours géré par les autorités israéliennes. En six ans, trois opérations militaires israéliennes - «Plomb durci» en décembre 2008 et «Pilier de défense » en novembre 2012 et de juillet 2014- ainsi que la mise en place du blocus[3] sur la bande de Gaza déstabilisent les espoirs de paix entre les deux camps.

Le Hamas gère depuis 2006 un «quasi-Etat», qui souffre d’une grave situation humanitaire.

Les Gazaouis vivent dans des conditions très précaires: un million de Palestiniens sont privés d’électricité, 750.000 privés d’eau courante. Les structures sanitaires sont peu efficaces et faiblement approvisionnées en raison du blocus (seul l’hôpital de Chifa reste plus ou moins fonctionnel). Selon le rapport de l’OCHA de juin 2012, 34% de la population active à Gaza est au chômage, 80% de la population vit en-deçà du seuil de pauvreté et 44% de la population est en état d’insécurité alimentaire[4].

C’est dans les camps des réfugiés, notamment ceux de Chati et de Nousseirat, qui abritent 87.000 Palestiniens originaires des villes de Lod, Beersheva et Jaffa depuis la guerre de 1948, que la situation est la plus grave. D’autant plus que ces camps sont visés de manière permanente par des missiles d’avertissement de la part d’Israël.

La bande de Gaza est donc, déjà avant la guerre, un territoire fragile, autant sur le plan politique que social et économique. La guerre de juillet 2014, vient aggraver cette situation et éloigne les espoirs de développement et de désenclavement du territoire et de sa population.

 

I- La guerre de Gaza: une guerre conventionnelle  qui reflète les aspects d’une guerre totale?

La guerre de 2014 s’impose d’emblée comme une guerre asymétrique, dans la mesure où une guérilla (l’armée du Hamas) s’oppose à une armée régulière (Tsahal).

Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU dans sa Résolution du 23 juillet 2014 précise en effet que les deux parties au conflit ne peuvent pas être considérées sur un pied d’égalité et l’ampleur de leurs actions respectives fait apparaître, une fois de plus, un rapport totalement disproportionné.

 

A- Une guerre asymétrique: déséquilibre des forces et stratégie de destruction

La guerre de Gaza illustre bien évidemment un déséquilibre des forces au profit d’Israël, aussi bien sur le plan technique et balistique que sur le plan tactique. Israël dispose en effet d’un système de défense performant, comprenant tout un spectre d’action: frappes aériennes sur les lanceurs et les tunnels de contrebande[5], interception de livraisons d’armes mais aussi un système de défense passif comprenant le respect des mesures de sécurité pour la population israélienne en cas de tirs de projectiles (abris antiaériens installés dans les sous-sol des immeubles par exemple). Concrètement, pour l’opération «Bordure protectrice», Israël dispose de: 10.000 roquettes de 15 à 200 km de portée, plusieurs milliers de grenades propulsées RPG-7, une centaine d’obus de mortiers et une dizaine de missiles anti-chasse «Kornet» et des missiles sol-air, ainsi que des fusils d’assaut Ak-103. N’oublions pas par ailleurs les capacités de l’aviation militaire déployée pour cibler les tunnels, ce que les Israéliens appellent le «Gaza sous Gaza».  Le 1er août, la Knesset vote l’envoi de 16.000 récidivistes supplémentaires, confirmant la détermination israélienne contre Gaza[6].

C’est surtout le système de défense anti-missile «Dôme de fer» ou «Iron Dome», mis en place en 2005, qui fait la force de l’armée israélienne. Capable d’intercepter les tirs de roquettes, d’artillerie et de mortier palestiniens de courte portée (de 4 à 70 km), ce système unique au monde est développé par Israël[7], avec le soutien des Etats-Unis[8], depuis le milieu des années 1990[9](voir schéma – Annexe 1). Depuis le début de l’opération «Bordure protectrice», il a intercepté une dizaine de roquettes tirées depuis la bande de Gaza dans le sud d’Israël et sur les principales villes israéliennes, Tel-Aviv, Jérusalem ou même Haïfa. Son taux de réussite est évalué à 90% pour cette opération. Au total, six batteries sont déployées en Israël : une installée en 2011 dans la région de Beersheva, à 40 km de la bande de Gaza, trois autres près des villes côtières d’Ashkelon et Ashod et près de Nétivot, à 20 km de la bande de Gaza, et deux autres sont installées à Tel-Aviv en 2012. Une batterie suffit pour protéger une ville de 100.000 habitants comme Ashkelon.

Israël se lance ainsi dans une guerre que l’on peut qualifier de totale, consolidé par un gouvernement d’union sacrée entre la droite et l’extrême droite. Le commentateur militaire du quotidien Yediot Aharonot  précise en effet que «tous ceux qui pensaient que nous allions nous contenter de nous livrer à une sorte de jeu vidéo où il suffit d’appuyer sur un bouton pour expédier un missile ou une bombe intelligente sur une cible apparaissant au milieu d’un écran se sont lourdement trompés. Nous avons affaire à une guerre où il faut tuer ou être tués»[10].

Le Premier Ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, n’hésite pas, dès le début du conflit, à imputer la responsabilité de la guerre au Hamas[11] et prône le slogan «le calme contre le calme». Il est soutenu par 96% des Israéliens qui le pressent d’élargir l’offensive terrestre de Tsahal jusqu’au cœur de la bande de Gaza pour en finir avec le terrorisme. 97% des Israéliens sont d’ailleurs satisfaits de la manière dont Nétanyahou gère l’opération «Bordure protectrice».

Depuis le 7 juillet, on assiste à une spirale de la violence, d’autant plus qu’Israël rejette toutes les propositions de cessez-le-feu et notamment le cessez-le-feu du 25 juillet, rejeté à l’unanimité. Au contraire, il intensifie la riposte contre le Hamas à Gaza.

Les revendications israéliennes sont ainsi clairement exprimées et s’inscrivent sous le signe d’un affaiblissement général du Hamas et des Palestiniens de Gaza, soumis une fois pour toutes à l’occupation israélienne:

- arrêt des tirs palestiniens

- destruction des souterrains, en l’occurrence des trente deux tunnels stratégiques

- démilitarisation de Gaza

- contrôle international de Gaza

- voire réoccupation de Gaza, comme le préconise le chef du parti d’extrême droite, «Israel Beitenou», Avigdor Liberman.

 

B- La lutte armée comme stratégie de résistance à l’occupation israélienne

Pour ce qui est de l’arsenal des Palestiniens, on compte 20.000 combattants[12] et des roquettes dont le 1/3 est produit sur place et le reste fourni par la Russie, la Syrie et l’Iran, principaux alliés et fournisseurs du Hamas.

Selon le ministre israélien de la Défense, Moshe Yaalon, «les organisations terroristes dans la bande de Gaza – le Hamas, le Jihad islamique et d’autres groupes – avaient 10.000 projectiles au début de l’opération ‘Bordure protectrice’. Aujourd’hui[13], ils en ont environ un cinquième, mais ça fait encore 2.000 projectiles».

Les Gazaouis et le Hamas semblent par ailleurs intégrer cette même logique de la guerre totale. Le combat se présente comme la seule voie pour mettre fin au blocus. D’ailleurs la légitimité du Hamas repose sur l’idéologie de la confrontation et de la résistance. Le mouvement symbolise l’identité nationale des Gazaouis et la résistance à l’occupation israélienne. Ainsi le Hamas déclare que  «tous les Israéliens sont devenus des cibles légitimes»[14].

Ainsi, les conditions de la trêve posées par le Hamas sont:

- levée du blocus sur Gaza

- ouverture des post-frontières de Rafah en Egypte

- abolition du no man’s land le long de la frontière entre la bande de Gaza et Israël

- autorisation de pêcher jusqu’à douze milles marins

- libération des prisonniers palestiniens élargis en 2011 et arrêtés les dernières semaines avant l’arrêt du conflit.

Au cours de cette guerre, le dirigeant de l’Autorité palestinienne et leader du Fatah, Mahmoud Abbas, joue un rôle diplomatique dynamique, au Caire ou au Qatar, où réside, depuis son départ de Damas, le chef du Hamas, Khaled Mechaal. Cependant le soutien de la population palestinienne au recours à la lutte armée, notamment après le cessez-le-feu, décrédibilise la stratégie de négociation déployée par le président Abbas et confirme la position du Hamas au sein de la population palestinienne.

Selon Sébastien Boussois[15], «le Hamas a gagné une guerre d’estime et a pleinement joué son rôle de mouvement de résistance à Israël». Rappelons tout de même que l’Etat hébreu n’a pas remporté la moindre guerre depuis plus de quarante ans, bien que disposant de capacités militaires et du soutien de la communauté internationale dans les guerres, qu’il considère de légitime défense.

L’acceptation du cessez-le-feu par Israël est considérée par le Hamas comme une «victoire pour la résistance»[16]. D’ailleurs après le cessez-le-feu, le Hamas enregistre un regain de popularité au sein de la population palestinienne. 79% des personnes interrogées jugent que le Hamas a gagné la guerre contre l’Etat hébreu. Selon le Centre palestinien pour la recherche politique et les études d’opinion (CPREO), la guerre constitue bien évidemment le premier facteur à l’origine de ces changements, comme nous avons pu le constater après chaque intervention israélienne à Gaza en 2009 et en 2012.

 

II- Une guerre urbaine à l’encontre du droit international?

A- Une guerre urbaine

Les violences de cette guerre s’inscrivent par ailleurs dans une logique de guerre urbaine, qui touche principalement les civils dans les principales villes de la bande de Gaza: BeitLahiya et BeitHanoun, qui ont servi de portes d’entrée aux chars israéliens au début de cette guerre; le centre de Gaza, centre névralgique de la bande de Gaza; Chadjaiya, bastion de la branche armée du Hamas, très densément peuplée, et ville-départ des tunnels vers Israël (Chadjaiya illustre bien l’intensité de la guerre urbaine et des enjeux qui s’y rattachent); Deir al-Balesh, qui concentre quatre des huit camps de réfugiés (soit 145.000 Palestiniens); Khan Younès, deuxième ville la plus importante après Rafah, mais aussi la plus paupérisée en raison du camp de réfugiés (72.000 réfugiés), et enfin Rafah, ville frontalière stratégique, point de passage avec l’Egypte[17].

Du nord au sud de la bande de Gaza, Israël bombarde les populations urbaines des quartiers résidentiels.

A l’échelle locale, trois écoles, transformées en centre d’accueil pour réfugiés et gérées par l’agence de l’Onu pour l’aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA), sont visées par les frappes israéliennes. Elles sont situées à Rafah, BeitHanoun (le 24 juillet) et à Jabaliya (le 31 juillet). Les frappes ont fait environ une quarantaine de morts. En tout 142 écoles ont été visées.

La stratégie d’Israël s’assimile à un véritable urbicide[18], c’est-à-dire les violences qui visent la destruction d’une ville, non en tant qu’objectif stratégique, mais en tant qu’objectif identitaire, comme si la ville était l’ennemi. Gaza est en effet l’ennemi pour Israël pour ces deux raisons :

- Gaza est l’enclave politique du Hamas

- Gaza est le territoire revendiqué par les Palestiniens.

La bande de Gaza recouvre donc une dimension identitaire de premier plan, qui menace la sécurité et  surtout la pérennité d’Israël. Ce qui pour Israël légitime cet urbicide, qui se manifeste par la destruction des infrastructures et en particulier les tunnels. Israël aurait à la fin de la guerre détruit près de 32 tunnels, selon le porte-parole de l’armée israélienne, MotiAlmoz, 4683 «sites terroristes» sont détruits, 32 tunnels et 900 combattants du Hamas tués. 108 mosquées sont touchées par les frappes israéliennes, dont 31 complètement détruites, 5 universités, 21 hôpitaux et cliniques, 14 banques, 8 usines de traitement de l’eau, entre le début de la guerre et le 1er août[19].

 

B-   Une guerre contre le droit: les civils, premières victimes

La population civile est la principale victime de cette guerre, comme c’est le cas dans toutes les guerres de type total, dans la mesure où elle devient la cible privilégiée des bombardements et des stratégies d’étouffement par l’embargo et le blocus par exemple. Victimes innocentes, collatérales des représailles menées dans le cadre d’une stratégie de légitime défense selon Israël, comme le démontre le bombardement par des tirs d’artillerie israéliens sur une école de l’ONU dans le nord de la bande de Gaza le 30 juillet faisant 16 tués. Mais aussi «personnes protégées» par le droit international humanitaire (DIH). Le paradoxe réside en ce point, même si des trêves humanitaires ont été prévues[20], Israël entend user de stratégies de terreur pour fragiliser la population civile.

Le bilan de la guerre est assez lourd pour les Palestiniens: 1118 tués parmi la population civile, plus de 6200 blessés, 240.000 déplacés (dont plus de 170.000 ont trouvé refuge dans l’un des 82 centres gérés par l’ONU)[21].

La journée du dimanche 20 juillet est considérée comme la plus sanglante: plus de 100 civils Palestiniens ont été tués à Chadjaiya, un quartier résidentiel au sud de Gaza[22].

En tout, 55.000 maisons sont prises pour cible, dont 17.200 totalement ou quasiment détruites[23].

On pourrait faire ici un rapprochement entre cette opération «Bordure protectrice» et la précédente «Plomb durci», menée de 2008 à 2009. La mission d’établissement des faits des Nations Unies sur le précédent conflit de Gaza avait analysé la stratégie israélienne de la sorte:

«Selon le gouvernement israélien, les opérations militaires de Gaza avaient été programmées dans toute leur ampleur et dans tous les détails. Il a beau avoir cherché à les présenter essentiellement comme une réaction aux attaques à la roquette dans l’exercice de son droit de légitime défense, la Mission considère que son plan visait, au moins en partie, une cible différente, la population de Gaza dans son ensemble»[24].

L’action militaire d’Israël remet donc en question le droit international, et plus particulièrement le droit international humanitaire[25] et le droit des conflits armés, censés protéger les civils ne participant pas aux hostilités, dans la mesure où les bombardements intensifs à Gaza n’ont pas de justification militaire, puisqu’ils ne font que terroriser la population civile. La commissaire aux droits humains des Nations Unies, Navi Pillay, estime déjà fin juillet que des «crimes de guerre» auraient pu être perpétrés par les deux camps, en l’occurrence Israël. Le Président de l’Autorité palestinienne n’hésite pas quant à lui à parler de  «génocide»[26].

Le principe de proportionnalité est également remis en cause: 2100 morts palestiniens contre 73 morts israéliens (dont 64 soldats et un enfant). Lors des négociations du cessez-le-feu, le Hamas insiste sur le nombre de pertes civiles et garde secret le bilan de ses «martyrs», alors qu’Israël affirme que Tsahal a tué 1068 «terroristes» avant le 19 août.

 

C- Affaiblissement et discrédit d’Israël

Tout au long de la guerre, Israël est vivement critiqué par l’opinion publique internationale, choquée par les images de la guerre et l’injustice des combats.

En Israël, Benjamin Netanyahou, crédité de près de 80% d’opinions favorables pendant la guerre, a vu sa côte de popularité chuter: 54% des Israéliens considèrent cette guerre comme un échec.

Sur le plan financier, le coût de la guerre est comparable au coût de la seconde guerre du Liban de 2006, 1.9 million d’euros, soit 1% du PIB israélien, selon le ministre israélien de la Défense, Moshe Yaalon[27]: «Les dépenses de l’opération «Bordure protectrice» - dépenses militaires et dépenses directes – s’élèvent à plus de 9 milliards de shekels. Nous avons attaqué plus de 6.000 cibles, plus de 5.000 d’entre elles via les forces aériennes et quelque 900 à partir de la terre et de la mer».

Selon le ministre israélien de la Défense, chaque interception de roquette palestinienne par le système de défense «Dôme de fer» ou «IronDome» coûte à Israël 100.000 dollars[28].

Cette guerre pointe néanmoins du doigt les faiblesses d’Israël: la guerre coûte cher pour Israël (48 millions de dollars), surtout le coût de la recherche des tunnels, principale mission de Tsahal; et est dangereuse pour les soldats israéliens depuis le début des opérations terrestres (25 tués en 5 jours de combat). Il s’agit pour Israël de trouver un point d’équilibre entre le coût humain, diplomatique et économique de la guerre et les avantages politiques de l’opération «Bordure protectrice».

 

III- Réactions et légitimation du conflit: la fin du processus de paix?

A- La nouvelle diplomatie internationale: du discours à la «diplomatie humanitaire», l’échec de l’engagement politique des puissances internationales 

La mobilisation internationale dans cette guerre est certaine pour dénoncer les conséquences sur le plan humanitaire du conflit. On distingue bien évidemment deux camps: ceux qui soutiennent Israël, ceux qui soutiennent les Palestiniens et ceux qui cherchent à s’imposer comme des médiateurs pour arrêter le conflit et trouver une solution pacifique de règlement des différends entre Israéliens et Palestiniens.

Cependant, on constate peu d’opposition assumée d’Etats, voire de puissances au conflit. Il semblerait qu’une union sacrée se soit formée autour du gouvernement israélien pour affaiblir le Hamas, jugé comme un groupe terroriste, inapte à devenir un interlocuteur intéressant pour les puissances occidentales, médiatrices du conflit israélo-palestinien. La cause palestinienne serait-elle devenue une cause obsolète dans la politique étrangère des Etats? L’Occident, allié d’Israël, semble mobilisé sur d’autres intérêts, moins problématiques et plus faciles à gérer.

Mais nous pouvons aussi analyser la situation d’une autre manière: le conflit israélo-palestinien n’est pas ou n’est plus un conflit mondial. Il semble avoir perdu de sa pertinence dans les relations internationales, dominées par une autre ellipse géostratégique (l’Europe de l’Est-la Russie et l’Asie). Le conflit israélo-palestinien reste un conflit régional, voire local. L’exporter serait un moyen de soutenir les extrêmes aussi bien du côté palestinien que du côté israélien. La thèse de Maurice Goldring[29] vient contester celle des signataires[30] de la tribune du Monde du 4 août 2014, pour qui le conflit israélo-palestinien est un conflit mondial, qui «concerne et touche à l’identité des millions d’Arabes et de Musulmans, des millions de Chrétiens et d’Occidentaux, des millions de Juifs dispersés dans le monde». Ces derniers appellent entre autre la France à se mobiliser de manière plus concrète dans ce conflit, plaidant qu’«une certaine idée de la France se joue à Gaza», interpellant les pouvoirs publics sur la situation désastreuse et dans l’impasse à Gaza, dénonçant l’apartheid dont est victime la population palestinienne et appelant à un renouvellement de la politique arabe de la France.

La mobilisation internationale semble dès lors se limiter à une dénonciation générale des bombardements israéliens, sans toutefois d’actions concrètes relatives à l’élaboration de sanctions contre Israël. Quelques exemples de critiques de l’intervention israélienne :

- Le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki Moon: «[…] extrêmement préoccupé par la dangereuse escalade de la violence, qui a déjà entraîné la mort de plusieurs Palestiniens et fait de nombreux blessés après des opérations israéliennes contre la bande de Gaza».

-Le Parlement européen: «aucune justification à des attaques ciblant délibérément des civils innocents».

-Le Président du Conseil européen, Herman Van Rompuy: «le bain de sang doit cesser»[31].

Les Etats-Unis se présentent depuis le début des combats comme le soutien inconditionnel à Israël, qui a le droit à la légitime défense, aussi bien donc au niveau diplomatique et politique, qu’au niveau militaire avec la collaboration dans le système «Iron Dome»[32].

Cependant, les Etats-Unis encouragent dès le début du conflit «la cessation des hostilités, y compris le retour à l’accord de cessez-le-feu de novembre 2012»[33]. Ils se félicitent en outre de l’accord du cessez-le-feu entre Israéliens et Palestiniens et s’engagent à la poursuite des négociations[34].

 

B- Alliances et mésalliances au Moyen-Orient et dans le monde arabe

Même les pays arabes sont de moins en moins impliquées dans la question palestinienne. Durant tout le conflit, la Ligue arabe n’a publié qu’une seule déclaration de principe, dans laquelle le Secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, a «chargé le représentant de la Ligue arabe auprès des Nations Unies d’entamer des consultations urgentes au sein du groupe arabe pour réclamer la tenue d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité»[35].

Parmi les Etats, la Turquie se place du côté du Hamas et dénonce l’opération militaire israélienne de manière très virulente: «[Israël] a surpassé Hitler dans la barbarie», déclare le président turc Recep Tayyip Erdogan, évoquant un génocide.  L’Iran rappelle, lors de cette guerre, son soutien au Hamas, et plus particulièrement soutient la nécessité de la lutte armée contre Israël[36].

L’Egypte est ouvertement hostile au Hamas, étant une branche locale des Frères musulmans. La politique du nouveau président égyptien, Abd-el-Fatah el Sissi, constitue une politique emblématique de soutien à la politique israélienne, qui ne dit pas son nom. L’Egypte ferme ses frontières avec Israël pour empêcher l’afflux des Palestiniens vers l’Egypte, et collabore avec les services de renseignements israéliens. L’Egypte ne semble plus porteuse de la cause palestinienne, comme au temps de Nasser.

Néanmoins l’Egypte reste impliquée dans les propositions de cessez-le-feu, notamment celui du 4 août, effectif le 5. Les négociations du cessez-le-feu final ont par ailleurs lieu au Caire, par la médiation du président égyptien. Les négociations indirectes entre les deux parties, prévues dans un délai d’un mois après le début du cessez-le feu, n’ont par contre pas encore été effectives.

 Le Qatar et la Turquie ont offert leur médiation. Cependant ces deux pays ne constituent pas un axe géopolitique pertinent à l’origine d’une victoire palestinienne sur Israël. Le Hamas s’est trouvé isolé par non seulement les pays occidentaux, traditionnels alliés d’Israël, mais aussi par l’Arabie Saoudite et la Jordanie.

 

C- L’ONU: «figurant» du conflit israélo-palestinien

L’ONU échoue dans ses deux missions, de prévention du conflit et de protection des populations civiles dans le cadre des opérations de maintien de la paix. Un déficit de l’efficacité de l’Onu a été noté durant ce conflit, auquel s’ajoute un déficit structurel, puisque le Conseil de Sécurité ne s’est pas réuni pour discuter de l’urgence d’une intervention militaire ou encore des sanctions contre l’Etat hébreu.

L ‘ONU ne semble pas en mesure de réunir le Conseil de Sécurité et se contente de déclaration de principes et de dénonciation des raids israéliens, comme cela a été le cas par le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki Moon, lorsque Israël a bombardé l’école des Nations Unies: «Bombarder des écoles des Nations unies est absolument inacceptable, ces agissements doivent faire l’objet d’une enquête complète et approfondie. J’appelle une nouvelle fois à ce que justice soit faite».

Le 23 juillet, le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU adopte une résolution qui prévoit la mise en place d’une commission d’enquête internationale et indépendante pour faire la lumière sur les violations du droit international humanitaire et des droits humains dans les Territoires Palestiniens occupés.

Le 13 octobre, lors de sa rencontre avec le Premier ministre israélien, Nétanyahou, Ban Ki Moon a déclaré que «Naître à Gaza n’est pas un crime»[37]. L’ONU tente de jouer le rôle de médiateur efficace, cherchant à apaiser les relations entre Israéliens et Palestiniens, et surtout cherchant à rendre pertinent le cessez-le-feu engagé.

Le rôle diplomatique de l’ONU est complété par un rôle humanitaire et financier, qui intervient toutefois à la fin du conflit. L’ONU promet une aide internationale de 5.4 milliards de dollars pour la reconstruction à Gaza.

Cette guerre confirme donc la fin du processus de paix israélo-palestinien dont il était question depuis le début des années 2000.

Les négociations entre Israéliens et Palestiniens semblent dans l’impasse, à l’heure où le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou annonce de programmes d’extension de colonies en Cisjordanie sur 400 hectares pris aux Palestiniens, à proximité de la colonie de Gvaot. Nétanyahou brise donc tout espoir de paix, dans la mesure où la fin de la colonisation est prôné par les Palestiniens comme une condition à la paix, et ce, depuis 1967.

Lors d’une conférence de presse, le 27 novembre 1967, le Général De Gaulle déclarait : «l’occupation ne peut aller sans oppression, répression, expulsion. Elle engendre la résistance qu’Israël qualifie de terrorisme». Le conflit israélo-palestinien perdure donc en raison de l’absence de compromis de la part d’Israël, quant à la limitation de la colonisation et de la reconnaissance d’un Etat palestinien viable.

La guerre de Gaza illustre donc toutes les problématiques qui ont émergé en plus de soixante dix ans de conflits.        

 

[1]-   Selon le quotidien libanais, The Daily Star, il s’agit de la stratégie «de la tondeuse à gazon», «c’est-à-dire qu’Israël doit intervenir régulièrement pour maintenir le statu quo comme on doit tondre sa pelouse régulièrement, dès que l’herbe a repoussé».

 

[2]-   « Israël existe et continuera d’exister jusqu’à ce que l’Islam le fasse disparaître », in Charte du Hamas, 18 août 1988.

 

[3]-   Il s’agit d’un blocus terrestre, maritime et aérien, installé par Israël sur la bande de Gaza à la suite de la prise du pouvoir par le Hamas. 3000 pêcheurs sont touchés par ce blocus en raison de la limite maritime fixée à trois milles nautiques. 95% des pêcheurs ne parviennent à survivre qu’avec les aides humanitaires.

 

[4]-   «Five years of blockade: the humanitarian situation in the Gaza strip», Office for the Coordination of Humanitarian Affairs (OCHA), juin 2012.

 

[5]-   Les tunnels sont d’abord construits par les familles palestiniennes séparées par l’accord de paix de Camp David de 1979 entre Israël et l’Egypte. Dans les années 1980, ils deviennent des tunnels de contrebande, d’essence égyptienne, de dollars américains, d’or, de drogue, mais rarement d’armes. Depuis 2005, les tunnels deviennent une préoccupation majeure pour le gouvernement israélien en raison de l’implication du Hamas dans la contrebande et de leur multiplication depuis 2008.

 

[6]-   On ignore cependant le nombre total de soldats israéliens mobilisés dans cette guerre.

 

[7]-   Ce système a coûté 1 milliard de dollars à Israël, qui a confié le développement et la production des batteries au groupe d’armement public Rafael Advances Defence Systems.

 

[8]-   Le Congrès américain a voté en 2008 une aide de 205 millions de dollars (en plus des 3 milliards d’aide militaire octroyée chaque année à Israël. Pour l’exercice budgétaire 2014, le Pentagone a prévu un financement de 220.3 millions de dollars de ce système. Toutefois, les Etats-Unis n’ont aucun droit sur la technologie de ce système.

 

[9]-   Ce système recourt à de petits missiles guidés par radar. Chaque batterie du Dôme comprend un radar de détection et de postage, un logiciel de contrôle de tir et trois lanceurs équipés chacun de vingt missiles d’interception. Son taux de réussite, en général, varie entre 75 et 90%, selon les statistiques de l’armée. Le commandement des batteries est confié à un chef de batterie qui dépend d’un commandement central. Deux minutes sont nécessaires pour décider de l’interception. Rappelons que le système est actif lorsque les tirs se dirigent vers des zones habitées.

 

[10]-  In Julien Lacorie, «L’enfer de Gaza», Le nouveau Marianne, 25-31 juillet, p. 17.

 

[11]-  «Aucune pression internationale ne peut empêcher Israël de poursuivre son opération à Gaza. Les dirigeants du Hamas se cachent derrière les citoyens de Gaza et ils sont responsables de toutes les victimes», in The Guardian, «Ramadan in Gaza: life under missile-fire», 11 juillet 2014.

 

[12]-  Dont 10.000 (les plus entraînés) font partie de la branche armée Ezzedine al-Qassam, et 8.000 de la Brigade al-Qods du Jihad islamique.

 

[13]-  Mardi 2 septembre 2014.

 

[14]-  In Jerusalem Post, 8 juillet 2014.

 

[15]-  Conseiller scientifique de l’Institut MEDEA de Bruxelles, auteur de «Gaza. L’impasse historique», Editions du Cygne, 2014.

 

[16]-  Moussa Abou Marzouk, un responsable du mouvement islamiste du Hamas.

 

[17]-  Trois points de passage essentiels: celui de Rafah, sous contrôle palestinien, KeremShalom, point de passage commercial et Soufa.

 

[18]-  Terme défini par Bogdan Bogdanovic, l’ancien maire de Belgrade, architecte de formation, pour désigner «le meurtre rituel des villes».

 

[19]-  Source: «Gaza under attack», Euro-Mid Observer, août 2014.

 

[20]-  Trêve de 72h après 30 jours de conflit, le 5 août, après que l’armée israélienne ait annoncé avoir détruit tous les tunnels qui mènent de Gaza vers Israël et retire la totalité de ses troupes terrestres. La pause prend fin lorsque le système «Iron Dome» intercepte des roquettes tirées depuis Gaza.

 

[21]-  Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA).

 

[22]-  «Chadjaya est une zone civile où le Hamas a placé ses roquettes, ses tunnels, ses centres de commandement […] Cela fait des jours que nous avons prévenu les civils de Chdajaya qu’ils devaient évacuer. Le Hamas leur a ordonné de rester, c’est le Hamas qui les a mis dans la ligne de mire», selon Tsahal. In Libération, “Journée sanglante à Gaza: près de 100 Palestiniens tués”, 20 juillet 2014.

 

[23]-  Ibid

 

[24]-  Mission d’établissement des faits des Nations Unies, A/HCR/12/48, par. 1883, 2009

 

[25]-  La Convention IV de Genève de 1949 et le Protocole I sur les conflits armés de 1977.

 

[26]-  «Ceci est un génocide. Le meurtre de familles entières est un génocide commis par Israël contre notre peuple palestinien», in Le Point, 9 juillet 2014.

 

[27]-    Coût des opérations militaires comparable à celui des opérations israéliennes pendant la guerre du Liban de 2006.

 

[28]-  Chaque batterie de ce système coûte 500.000 dollars et chaque missile 60.000 dollars pour détruire une seule roquette dont le coût de production est seulement de 1.000 dollars.

 

[29]-  Universitaire à Paris VIII, auteur de «Les ex-communistes», Le bord de l’eau, 2014.

 

[30]-  Tribune rédigée par les intellectuels français: Rony Bauman, Régis Debray, Christiane Hessel et Edgar Morin.

 

[31]-  In Le Figaro, «Gaza: l’UE demande l’arrêt du ‘bain de sang’», 17 juillet 2014.

 

[32]-  Voir supra

 

[33]-  Barack Obama, lors d’une conversation téléphonique avec le Premier ministre israélien le 10 juillet 2014, in Le Monde.

 

[34]-  “Nous considérons cela comme une occasion, pas comme un acquis. Il reste une longue route à faire, nous en sommes conscients et nous nous y engageons les yeux grands ouverts”.

 

[35]-  Déclaration du 9 juillet 2014.

 

[36]-  Le Président Rohani déclare: «Aider le peuple palestinien opprimé et empêcher le régime sioniste de mener ses atrocités est de la responsabilité de toutes les organisations internationales et de la liberté des pays dans le monde». L’ayatollah Ali Khamanei demande aux Palestiniens de poursuivre la lute armée: «la seule façon de faire face à ce régime sauvage est de poursuivre la résistance, la lutte armée et de l’étendre à la Cisjordanie», in Le Figaro, 23 juillet 2013.

 

[37]-  «Plus de 500 enfants ont été tués durant le conflit, bien plus encore ont été blessés. Qu’ont-ils fait de mal? Naître à Gaza n’est pas un crime».

 

 

«غزّة ٢٠١٤: الحرب الفلسطينية - الإسرائيليّة الأخيرة»

اتّهمت إسرائيل "حركة حماس" بتاريخ 12 حزيران 2014، باختطاف ثلاثة شبّان إسرائيليين من الضفة الغربية ينحدرون من مستعمرة من هذه المنطقة، وقد تمّ العثور عليهم جثثًا بعد مرور ثلاثة أسابيع. مقابل هذا الأمر، ومن باب الثّأر، قامت إسرائيل بإعدام مراهق فلسطيني. تعدّ هذه الأحداث التي تلتها موجة من المظاهرات والصدامات السبب الرئيس والمباشر لما أسميناه "حرب غزّة".

تهدف هذه المقالة، من خلال تحليل تحديات حرب تموز – آب 2014، إلى تبيان المكانة الراجحة التي تحتلّها غزّة في العلاقات الفلسطينية - الإسرائيلية بصفتها محور صلب للمقاومة الفلسطينية التي تجسّدها "حركة حماس" على وجهٍ خاصّ، ولكونها تشكّل هدفًا ذا امتياز لإسرائيل من حيث اجتياح الأراضي الفلسطينية مجدّدًا وفرض هيمنتها على الفلسطينيين.

فضلاً عن ذلك، هدف هذه المقالة هو التبيان مرّة جديدة أنّ حرب غزة تعكس الإشكاليات الخمس الحاضرة منذ العام 2005 وهي:

1- إشكاليّة المتطرّفين: طوائفيّتين متضادتين بطابع إتني- ديني: حركة حماس الرّاديكالية الإسلامية و حركة اليمين أي اليمين الإسرائيلي المتطرّف مع حزبي اللّيكود وإسرائيل بيتنا.

2- إشكالية الشّرعيّة: ما بين السّيادة الفلسطينيّة وسيادة الأمن الإسرائيلي.

3- إشكالية التنافر في صلب السياسة الداخليّة لإسرائيل والتي يترجمها تقاعس حركة اليسار الإجتماعي الدّيمقراطي في إطار البحث عن سياسة تقارب مع الفلسطينيين.

4- إشكاليّة فشل أيّ دبلوماسيّة: ماذا بالنّسبة للرباعية الدولية ولحركة طوني بلير؟ وماذا عن مشروع السّلام الذي انطلق في مدريد عام 1991؟

5- إشكاليّة الإعتراف بدولتين ممّا يدعو بطبيعة الحال إلى التخلّي الصريح عن بناء المستعمرات.