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L’OTAN: organisation obsolète?
Introduction
La divergence est déroutante entre, d’une part, les actions concrètes de l’OTAN – celle d’une organisation qui renforce sa présence dans les États membres situés à l’est de l’Europe, qui organise de très grandes manœuvres militaires, qui lutte contre les cyber menaces et le terrorisme, qui accomplit des missions d’instruction et de consolidation capacitaire dans différents pays comme l’Afghanistan et l’Iraq et qui s’élargit de plus en plus – et, d’autre part, la littérature qui prédomine chez les politiques et intellectuels, décrivant l’OTAN comme une organisation désuète, dont les états membres investissent de grandes ressources en échange de résultats minimes.
Pendant la Guerre froide, le procédé était relativement facile. L’OTAN méconnaissait peut-être le moment du début des hostilités, mais elle connaissait, l’adversaire, la nature, le théâtre d’opérations et les modalités de leur intervention. Aujourd'hui, l'Alliance se trouve face à des problèmes de sécurité différents, plus complexes, change de nature et est plus ardue que jamais. Ainsi, elle se retrouve confrontée à des défis et à des menaces provenant des pays du Sud et de l’Est, d'acteurs étatiques et non étatiques, de forces militaires conventionnelles et d'attaques terroristes, cyber ou hybrides et même des alliées.
Les crises survenues dans les Balkans, en Asie centrale et au Moyen-Orient ont montré que l’OTAN ne pouvait plus s’occuper exclusivement de la région euro-atlantique et elle lui apparaît que la dissuasion et la défense conservent plus que jamais leur importance. La Russie a envahi et annexé la péninsule de Crimée, violant ainsi tous les traités internationaux, a intervenu dans l'est de l'Ukraine et mène des activités militaires provocatrices près des frontières de l’OTAN.
Simultanément à cela, au sud, la situation de guerre dans différents pays du Moyen-Orient et en Afrique s’installe, entraîne des pertes en vies humaines, nourrit l’immigration à très grande échelle vers l’Europe et incite aux actes terroristes perpétrés dans les pays de l'Alliance et ailleurs. Même au niveau des alliées, les pays membres de l’OTAN doutent de la solidité de l’engagement du Président Trump vis-à-vis de l’organisation, qui a exprimé son désir de quitter l’Alliance, car il trouvait que cette organisation est obsolète, coûteuse pour les Etats Unis et que son pays devrait s’en retirer.
L'Alliance, aujourd’hui, doit être capable de confronter tous les types de défis et de menaces actuels et futurs, d'où qu'ils viennent. Voilà pourquoi elle redessine une nouvelle stratégie de dissuasion et de défense, pour répondre à des situations de sécurité qui changent constamment.
Ainsi, dans un contexte marqué par la baisse des budgets de défense et l’évolution des priorités politiques, l’OTAN a pris un nouvel engagement: accomplir sa mission originelle, et bien plus encore.
Dans un monde de plus en plus complexe l’OTAN est toujours utile, elle remplit ses fonctions stabilisatrices, et comment peut-elle faire face aux défis. Dans cet article on va traiter plusieurs points dont les relations avec la Russie et les Etats Unis du président Trump et les nouvelles stratégies qui sont mises en place pour faire face aux défis et comment s’adapter aux nouveaux enjeux sur la scène internationale.
1- Un bref historique
L’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN)[1] dans son article 5 du traité détermine les termes de l’engagement de défense collective: «une attaque armée contre l’une ou plusieurs [des parties] survenant en Europe ou en Amérique du Nord sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties». Le premier document stratégique de l'OTAN à être ratifié par le Conseil de l'Atlantique Nord est le «Concept stratégique de la défense de la zone de l'Atlantique Nord» (DC 6/1), du 6 janvier 1950. Il s'agit du premier concept stratégique de l'Alliance[2]. Ce document définit le rôle principal de l'OTAN qui est de dissuader les agressions et d’engager les forces de l’OTAN si une attaque est lancée. Ce document met également en exergue l’infériorité numérique des forces militaires conventionnelles par rapport à l'URSS et la dépendance par rapport aux capacités nucléaires des États-Unis [3].
L'invasion en juin 1950 de la Corée du Sud par l’armée nord-coréenne, a eu un impact sur l'organisation et sa pensée stratégique. Cette guerre pousse le Conseil de l'Atlantique Nord à repenser sa structure en créant le 26 septembre 1950, une force militaire intégrée placée sous un commandement centralisé. Cette guerre a également soulevée la problématique, de la nécessité de l’engagement de l'OTAN dans une «stratégie vers l'avant», c’est-à-dire d’avancer les lignes de défenses de l’Europe occidentale aussi loin vers l'est en intégrant la République Fédérale d'Allemagne à l’OTAN (chose faite le 6 mai 1955), alors que quelques années plus tôt, le premier Secrétaire général – britannique – de l’Alliance, Lord Ismay lança la formule germanophobe qui résuma la triple fonction de l’OTAN qui est «garder les Russes dehors, les Américains dedans, et les Allemands à terre» (keep the Russians out, the Americans in, and the Germans down).
La deuxième directive stratégique signée à Paris en 1952 définit l'objectif stratégique d'ensemble de l'OTAN qui est d'assurer la défense de la zone OTAN et de détruire la volonté et les moyens de l’URSS et de ses pays satellites de faire la guerre. Ainsi, les Etats Unis du président Eisenhower décident de baser plus leur politique de défense en Europe sur l’éventuelle utilisation des armes nucléaires pour faire face à la supériorité numérique en arme conventionnelle du bloc de l’ Est. Cette politique du «New Look» offre une efficacité accrue sur le plan militaire sans accroissement des dépenses de défense.
L’OTAN prône la stratégie «représailles massives»[4], qui constitue un élément clé de la nouvelle stratégie de l’OTAN. Elle n’accepte pas la notion de guerre limitée avec l’URSS, elle considère que toutes activités hostiles même limitées de la part de l’URSS nécessiteront l’utilisation de toutes les armes et de toutes les forces à la disposition de l’OTAN.
Une série d’événements internationaux remettent en cause la stratégie de représailles massives de l’Alliance et les Américains commencent à préconiser pour l’OTAN une stratégie de «riposte graduée»[5] qui offre les avantages de la souplesse quant à la riposte de l'OTAN en cas d’agression ou menace pour la souveraineté ou l'indépendance de l'un quelconque de ses pays membres.
Dans la guerre froide, l'Otan a pleinement assuré son rôle "stabilisateur". Au-delà des clauses du traité, l'alliance a renforcé la coopération entre les Etats membres, a développé une culture commune entre leurs gouvernants et a pacifié les rapports entre les alliées surtout après l’intégration de l’Allemagne fédérale, l’ancien ennemi dans l’alliance et qui devient l'Etat-frontière de l'Occident avec le bloc de l’Est. L'Otan est passée durant les années de la guerre froide d’une organisation de défense collective à une communauté de sécurité, animée de valeurs communes[6] et la paix a été maintenue en Europe, sans recourir au moindre acte de guerre.
2- La fin de la guerre froide: une nouvelle stratégie pour l’OTAN
L’effondrement de l’URSS et la dissolution du pacte de Varsovie mettaient fin à la menace russe et transformaient la situation politique en Europe et la situation militaire générale. Pratiquement tous les pays qui étaient en confrontation avec l’OTAN ont abandonné toute hostilité idéologique à l’égard de l’Ouest. Les pessimistes des deux côtés de l’atlantique pensaient que l’OTAN est devenue stratégiquement inutile et politiquement inacceptable. Les Européens comme les Américains en avaient moins besoin les uns des autres car ils considéraient qu’il n’y avait plus de menace directe qui pèse sur l’Europe, que la scène européenne n’avait plus d’intérêt pour les États-Unis et que l’éventualité perspective d’une attaque surprise devenait une hypothèse d’école, et donc la difficulté de justifier l’existence d’une alliance militaire a perdu sa raison d’être. Les européens débattaient les questions relatives à l’extension des missions et l’élargissement de l’OTAN, qui dissoudrait sa fonction centrale de défense. Pour les Anglais, toute extension des compétences et élargissement signifieraient une baisse de cohésion et moins de solidarité. Les Américains s’alliaient au début sur la position anglaise, mais en 1994 et sous la pression des pays de l’Est de l’Europe, les Etats Unis se sont engagés dans la voie de l’élargissement. Fin 1994, les Etats Unis ont mis en place un programme de coopération- le Partenariat pour la paix- afin de permettre aux pays participants d'établir une relation individuelle avec l'OTAN, en établissant leurs propres priorités en matière de coopération et en déterminant les progrès qu'ils souhaitent réaliser, et à quel rythme[7]. Ce programme avait comme objectif l’adhésion des pays de l’Est, il offrait une véritable coopération militaire paneuropéenne, développait des relations militaires avec des pays qui avaient toujours été neutres, comme la Suède, et même il offrait des liens militaires avec la Russie. Il avait permis l’adhésion de plusieurs pays d’Europe centrale mais en même temps, il a jeté un froid entre l’OTAN et la Russie.
Donc, l’effondrement de l’URSS, pousse l’OTAN à s’engager dans la réorganisation de ses structures, la révision de sa doctrine et de ses concepts et de mettre en place de nouveaux partenariats. Mais, la sécurité des pays membres reste l'objectif principal de l'OTAN et l’Alliance a mis l’objectif de travailler dans le sens d’un affermissement et d'un élargissement de la sécurité pour le continent européen tout entier et mena des changements considérables en ce qui concerne ses forces intégrées. Elle a perfectionné le niveau de préparation des forces, leur mobilité et leur aptitude d'adaptation aux différentes situations et à plusieurs théâtres d’opérations.
La convergence des intérêts entre les Européens qui voulaient le maintien d’une présence militaire américaine en Europe qui est au cœur du «couplage» stratégique, et les États-Unis qui semblaient avoir une vision avant tout politique de l’avenir de l’Alliance a fait évoluer l’Alliance sans rupture et l’organisation acquière de nouvelles missions sans abandonner sa fonction première.
Les Etats membres de l'OTAN, en 1997, commencent à réexaminer et actualiser le concept stratégique de 1991[8], afin d’intégrer les changements survenus en Europe tout en confirmant l'attachement de l'Alliance à la défense collective et aux liens transatlantiques. Cette nouvelle version est adoptée au Sommet de Washington en avril 1999. Ce concept insiste sur les liens transatlantiques, le maintien de capacités militaires efficaces, la prévention des conflits et la gestion des crises, ainsi que sur le partenariat, la coopération et le dialogue avec tous les pays, l'élargissement, qui confirme la volonté de l’alliance d’ouvrir l’adhésion à des nouveaux pays et enfin le concept insiste sur la maîtrise des armements et fixe des orientations pour les forces de l'Alliance en mettant en place des capacités militaires nécessaires pour l'exécution de toute la gamme des missions de l'OTAN , de la défense collective aux opérations de soutien de la paix et à d'autres opérations de réponse aux crises.
2.1 L’OTAN: des modifications dans les missions
Après la chute de l’URSS, l’OTAN mute et devient un outil pour l’ONU et les Etats-Unis dans le domaine de la sécurité collective et le maintien de la paix, alors que pendant la guerre froide l’OTAN était une alliance exclusivement défensive et qui n’avait pas participé à une seule action militaire.
Le 28 février 1994, l’OTAN mène sa première action offensive dans l’ex-yougoslavie en abattant quatre avions serbes au-dessus de la Bosnie dans le cadre de la «no fly zone» décrétée par l’ONU. Même une opération militaire avait eu lieu fin aout 1995. L’opération «Force délibérée» déclenchée contre les Serbes de Bosnie qui a duré trois semaines et a permis de détruire une grande partie de l’appareil militaire du général Mladic[9], ainsi que des infrastructures de la région contrôlée par les Serbes après les accords de Dayton
Pour garantir l’exécution des termes des accords de Dayton, 20.000 GI’s et 40.000 soldats d’autres pays allaient être déployés en Bosnie et aux alentours, dans le cadre de la force IFOR qui remplaça les forces de l’ONU. Ce déploiement est la première opération de maintien de la paix de l'OTAN qui montre la volonté de l’Alliance de jouer un rôle fondamental dans la mise en œuvre de l’Accord de paix et prouve que les Etats membres sont capables d’adapter les missions de l’OTAN à des nouvelles priorités et menaces internationales.
En mars 1999, l’opération «Force alliée» de l’OTAN se passe de toute autorisation de l’ONU pour frapper Belgrade et le Kosovo. Après cette intervention les alliés ont mis en place un nouveau concept qui permet à l’OTAN d’intervenir «hors zone» atlantique et donc de faire face aux risques et menaces partout dans le monde. L’opération KFOR dure toujours afin de maintenir un environnement sûr et sécurisé et qui permet aux citoyens kosovars la liberté de mouvement.
Prenant acte des évolutions de son environnement de sécurité et des missions qui lui sont confiées, l’Alliance adapte ses moyens d’actions. Les pays membres décident en 2002, au Sommet de Prague, de créer la Force de réaction de l’OTAN (NRF), force multinationale de 25 000 militaires, elle est dotée de composantes en alerte rapide, capable de se déployer rapidement avec leurs équipements pour répondre à des menaces ou bien pour mener des opérations de gestion de crises. La structure des forces à la disposition de l’Otan se divise alors en deux: l’une prête à se déployer très rapidement (la FRO) et l’autre prête au déploiement à moyen et à long terme. Egalement durant ce sommet, les pays membres décident de mettre fin à la division géographique de la structure de commandement entre le théâtre centre-européen et méditerranéen d’une part, et l’Atlantique d’autre part afin de rationaliser et de moderniser les structures militaires.
En Afghanistan, l’OTAN prend en 2003 le commandement de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) dans le cadre de la résolution 1386 du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Cette mission constitue l’engagement opérationnel le plus important de l’histoire de l’Alliance (jusqu’à 51 Alliés et partenaires y ont contribué). L’OTAN assura la coordination et la planification de ses actions. Principalement la mission de l’OTAN avait comme objectif de sécuriser la capitale Kaboul et ses environs, mais avec le temps, la FIAS a vu son mandat opérationnel s’élargir, avec le commandement en juillet 2006 de la zone Sud alors tenue par les Américains. Une nouvelle mission a été confiée à l’OTAN, elle fournit l’assistance, le conseil et la formation aux institutions de sécurité afghanes. Elle soutient la planification, la programmation et la budgétisation, garantit la transparence, incite aux respects des principes de l’état de droit et de la bonne gouvernance, et assure la formation et le recrutement du personnel civil et militaire. La mission de l’OTAN en Afghanistan constitue l’opération extra européenne la plus importante de l’Alliance à ce jour, avec plus de 16 000 personnels civils et militaires déployés en Afghanistan.
3- Les défis de l’OTAN
3.1 Les menaces stratégiques du flanc oriental
Sur son front de l’est, l’OTAN doit faire face à une Russie beaucoup plus déterminée à revenir sur le devant de la scène internationale et en particulier sur le théâtre européen. Les relations entre l’OTAN et la Russie ont rarement été aussi mauvaises, l’annexion russe de la Crimée au printemps 2014 ainsi que l’ appui de la Russie aux séparatistes ukrainiens ont revivifié la potentialité d’une guerre en Europe et le risque de l’utilisation par la Russie des capacités de déni d’accès/déni de zone (A2/AD) afin de perturber, voire de bloquer, la liberté de mouvements des troupes alliées dans ses propres territoires ou espaces maritimes et de procédés hybrides contre des États membres de l’organisation. L’OTAN a-t-elle la capacité et la mobilité militaires nécessaires pour stopper une attaque de très grande ampleur? Et l’organisation en est-elle capable de riposter avec des moyens appropriés aux tactiques hybrides qui seraient éventuellement utilisés par la Russie? Avec la démonstration de force affichée pendant l’exercice militaire Vostok 2018[10] la Russie se montre de plus en plus déterminée à changer les règles du jeu et il est clair que les manœuvres militaires russes, de par leur envergure et leur intensité, tant en Méditerranée que dans la partie orientale de l’État russe, tendent fortement à envoyer un nombre de messages de puissance et de préparation hautement significatifs. Pour la Russie le temps est révolu, elle est militairement plus puissante et n’a plus de complexe de mener des excursions militaires à l’extérieur de ses frontières. Cela s’inscrit dans le cadre de la déclaration du porte-parole par intérim de l’OTAN, Dylan White, peu après que le ministère de la défense russe ait annoncé le début de Vostok-2018: «nous observons depuis un certain temps… la Russie est plus «sûre d’elle» …elle augmente son «budget de défense» et renforce sa «présence militaire»[11] …!
Déjà depuis 2005, et spécialement après l’intervention russe en Ossétie du Sud, Moscou a mis en place un programme de modernisation de l’outil militaire dans le but d’améliorer ses capacités. La Russie s’est penchée spécialement sur le développement des capacités d’A2/AD et elle a travaillé sur le développement des outils pour mener à bien une guerre hybride empêchant ainsi une riposte conventionnelle de l’OTAN face à ses interventions dans son «voisinage proche». En déployant des missiles de longue portée anti-aériens, anti-navires et surface-surface dans ses «bastions» sur la péninsule de Kola, dans l’Arctique, dans l’enclave de Kaliningrad, en Crimée et, dans une certaine mesure, en Syrie, la Russie peut désormais nier aux forces de l’OTAN l’utilisation de vastes zones maritimes et aériennes autour, et même à l’intérieur, du territoire de l’Alliance[12] ce qui peut inciter Moscou à adopter une attitude beaucoup plus belliqueuse particulièrement contre des pays membres de l’OTAN dans son voisinage proche avec l’utilisation de procédés «hybrides»[13]. Parallèlement, la Russie a, par des canaux médiatiques variés, mis en place des campagnes de désinformation pour introduire la discorde entre les États membres de l’Alliance et à les plonger dans la confusion en utilisant à très grande échelle le cyberespace
3.2 Défis sur la frontière Sud de l’Alliance
Les pays de l’OTAN sont confrontés à des attentats, crises humanitaires et une immigration incontrôlée et illégale en provenance du Sud. «L’instabilité et les crises qui persistent à travers le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord alimentent le terrorisme. Elles favorisent également la migration irrégulière et la traite des êtres humains. La guerre en Syrie a des impacts directs sur la stabilité de la région et sur la sécurité de l’Alliance dans son ensemble [14]».
Effectivement, l’effondrement de l’Etat Islamique a réduit le nombre d’attentats terroristes mais a crée une nouvelle menace terroriste matérialisée par le retour des combattants dans leurs pays d’origine et la formation des cellules dormantes prêtes à exécuter des actes terroristes. Ils ont obtenu une expérience militaire, acquis une formation idéologique et ont noué des contacts avec des radicaux islamiques du monde entier.
Egalement, L’Afrique du Nord reste une «zone d’origine et de transit» pour les migrants et les réfugiés d’Afrique subsaharienne et du Proche-Orient malgré que le nombre de migrants venant d’Afrique du Nord et traversant la Méditerranée pour gagner l’Europe a beaucoup diminué, puisqu’il est passé d’un pic de plus d’un million de migrants (2015) à 172 324 en 2017 et 139 300 en 2018[15].
En Afrique, le djihadisme s’est longtemps concentré sur le Sahel, qui est la région située immédiatement au sud du Sahara, mais, ces dernières années, le champ géographique des actions violentes s’est étendu et le rayon d’action de leurs auteurs s’est allongé: en 2016, des attentats ont été commis en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso, tandis que des arrestations avaient lieu en Guinée, en Guinée-Bissau et au Sénégal dans le contexte d’opérations antiterroristes. Le nombre de pays africains connaissant «des activités soutenues de groupes islamistes armés » est passé de cinq à douze entre 2010 et 2017, tandis que celui des actions violentes menées par des djihadistes sur le continent augmentait de plus de 300 % durant la même période[16].
La mauvaise situation économique, le chômage élevé, la corruption dans les institutions et l’absence des services publics paraissent eux aussi parmi les principales sources de radicalisation sur le continent. L’OTAN doit lutter sérieusement contre le djihadisme en provenance des pays subsahariens. Les groupes radicaux africains professent une idéologie formellement anti-occidentale et focalisent leurs attaques sur des objectifs reliés à l’Occident. L’indifférence des pays membres à la recrudescence de ces groupes terroristes dans cette région, risque de permettre aux extrémistes de prendre de l’ampleur jusqu’au moment où les forces occidentales seront forcées d’intervenir directement sur le terrain.
Egalement, l’immigration clandestine et la traite des êtres humains posent de sérieux problèmes pour les pays membres de l’OTAN particulièrement les pays du Sud de l’OTAN. L’arrivée massive des réfugiés et des migrants en 2015 et 2016 a démontré la vulnérabilité des frontières sud de l’Alliance.
3.3 Le retrait des États-Unis de l’OTAN: un cauchemar pour l’Alliance
Depuis l’élection du président Donald Trump, l’Otan fait face à nouveau défi : un président américain profondément persuadé que l’Organisation est un gouffre économique et inutile pour son pays. Le président américain a fait entendre à plusieurs reprises que son pays pourraient refuser de défendre des alliés européens qui ne veulent pas «régler leurs factures» ou d’acheter certains matériels militaires fabriqués aux Etats Unis. Pour le président Trump il y a deux problèmes avec l’Otan. Le premier concerne l’efficacité présente de l’Alliance, le président la trouve “obsolète” car elle se focalise que sur la menace russe, alors qu’elle devra s’intéresser au terrorisme. Le deuxième est d’ordre financier: pour le président américain, les Etats Unis paient trop par rapport aux autres Etats membres[17], ainsi il critique la contribution inférieure à 2% du PIB des États membres. Déjà, l’ancien secrétaire à la Défense Robert Gates, a critiqué le fait que l’OTAN se transforme en «une alliance à deux vitesses [divisée] entre ceux qui ont la capacité et la volonté de payer le coût des engagements de l’Alliance, et ceux qui, tout en appréciant les avantages de l’adhésion à l’OTAN […] ne veulent pas partager les risques et les coûts. […] C’est inadmissible et implique la possibilité très réelle de l’insignifiance militaire collective de l’OTAN[18]»
Par ailleurs le président américain préfère les accords bilatéraux entre les pays et dénonce les organisations multilatérales qu’il trouve coûteuses et inefficaces. Les États-Unis préfèrent travailler bilatéralement avec les Etats européens de leur choix, plutôt que de traiter avec une organisation de 29 pays membres fonctionnant sur la règle du consensus.
Mais l’enjeu principal reste la stratégie américaine de pivot vers l’Asie du Sud Est et donc le nouveau positionnement politique américain envers l’Europe est l’expression d’un changement plus fondamental dans la distribution mondiale de la puissance et la vision du monde de l’Amérique. Pour les Etats Unis, la Chine devient l’adversaire stratégique principal dans la compétition entre grandes puissances, loin devant la Russie, ainsi le Président américain concentrera toutes ses attentions sur l’Asie et l’Amérique latine que sur l’Europe.
4- L’OTAN est prête à répondre aux différents défis!
4.1 Vers une politique de partenariats
A- Le Partenariat pour la paix
En 2011, les ministres des Affaires Etrangères ont mis en place une nouvelle politique de partenariat qui permet à tous les partenaires, qu'il s'agisse de partenaires euro-atlantiques, de pays du Dialogue méditerranéen ou de l’Initiative de coopération d’Istanbul, ou encore de partenaires mondiaux, d'accéder à toutes les activités et les exercices de coopération qui étaient avant affectés uniquement aux partenaires faisant partie du PPP[19]. Les pays membres révisent constamment la structure de commandement, ils mettent en place suite au sommet de Bruxelles de 2018 une nouvelle architecture qui se focalise sur la défense collective et la gestion des crises et la sécurité coopérative. La structure de commandement se répartit entre le Commandement opérationnel (ACO) et un nouveau Commandement Allié pour la Transformation (ACT). ACT qui a pour rôle de mener l’ajustement de la structure militaire, des forces, des capacités et de la doctrine de l’OTAN. Ce Commandement est particulièrement chargé de bien veiller sur l’application de l’initiative de «Défense intelligente» lancée en 2012 et qui introduit «la coopération dans la façon de concevoir la création des capacités de défense modernes dont l’Alliance aura besoin à l'avenir[20]» d’une manière plus économique, active et harmonieuse. Cette nouvelle culture de coopération engage les pays membres à mieux collaborer au niveau de conception, d’achat, d’exploitation et de préservation des capacités militaires nécessaires à la réalisation des fonctions fondamentales de l'Alliance telles que déterminées dans le concept stratégique de l’OTAN. «Il s’agit donc d’harmoniser les besoins, de mutualiser et de partager les capacités, de définir des priorités et de mieux coordonner les efforts de chacun»[21].
Egalement, les structures civiles ont été reformées. Les Etats membres décident de regrouper lors du sommet de Lisbonne, les quatorze agences de l’OTAN dans trois organisations principales afin d’en améliorer l’efficacité. En 2012 l’OTAN a créé une organisation qui a pour tâche l’acquisition, une deuxième a pour rôle le soutien et une troisième est chargée de communications et d’informations.
B- L’OTAN et l’UE: un partenariat stratégique
L’Union Européenne et l’OTAN se composent en grande partie des mêmes États et partagent les mêmes valeurs. L’UE institutionnalise ses relations avec l’OTAN en 2001 en faveur d’une implication européenne accrue dans le domaine de la défense. Les deux organisations font face aux mêmes enjeux stratégiques et défis auxquels elles étaient confrontées à l’est et au sud. Elles coopèrent dans divers domaines, tels que la gestion et la prévention des crises et des conflits et l’appui des opérations menées par l’UE. La déclaration OTAN-UE sur la politique européenne de sécurité et de défense (PESD), adoptée en 2002, a déterminé les principes politiques sur lesquels se basent la relation, et elle a affirmé l'accès certain de l'UE à des dispositions de planification de l'OTAN pour ses propres opérations militaires. En 2010, au sommet de Lisbonne, les pays membres de l’OTAN ont souligné qu’ils étaient résolus à consolider le partenariat stratégique avec l’UE. À Varsovie, en juillet 2016, l’UE et l’OTAN listent les axes dans lesquels elles souhaitaient accroitre leur collaboration[22]. Les ministres des Affaires étrangères des pays de l'OTAN ont ensuite entériné, en décembre 2016, soixante-quatorze mesures visant à faire avancer la coopération entre l'OTAN et l'UE. Ses mesures portent essentiellement sur l’amélioration de la résilience face aux menaces hybrides, l’échange des informations sur les cybers menaces, la mobilité militaire, le partage d’informations concernant la lutte contre le terrorisme.
C- Lutte contre la traite des êtres humains en Méditerranée
En février 2016, l’OTAN décide de déployer des navires de guerre en mer Égée pour porter une aide à la Grèce et la Turquie pour couper les voies de la traite des êtres humains de l’immigration clandestine et de la piraterie. Les navires de l’OTAN assurent la reconnaissance, le suivi et la surveillance des embarcations traversant illégalement.
En octobre de la même année, l’OTAN a décidé de poursuivre son opération en mer Égée, et de mettre en place une nouvelle opération. Le «Sea Guardian», avait pour objectif d’assister logistiquement l’opération Sophia de l’UE[23] en Méditerranée centrale. Pour remplir cette opération l’OTAN déploie des bâtiments de guerres et des avions de reconnaissances.
D- L’UE et l’OTAN des partenaires sur tous les théâtres d’Opérations, du Balkans occidentaux à l’Afghanistan
La gestion de crise et les opérations constituent les domaines clés de la coopération OTAN-UE, et qui se concrétisent vraiment dans les Balkans occidentaux et en Afghanistan.
En juillet 2003, l’UE et l’OTAN ont publié une «approche concertée pour les Balkans occidentaux». Ce document identifie les axes de la coopération et se focalise sur la vision commune des deux organisations et sur leur résolution partagée à établir la stabilité dans les Balkans Occidentaux. En 2003, l’opération Concordia, dirigée par l’UE, a succédé à l’opération Allied Harmony dirigée par l’OTAN dans l’ex-République yougoslave de Macédoine pour stabiliser la région. L’opération Concordia, qui s’est terminée en décembre 2003, était une mission de maintien de la paix de l'Union européenne (UE) en République de Macédoine. L'UE a déployé environ 300 soldats pour assurer la sécurité des observateurs de l'UE et de l'OSCE qui supervisent la mise en œuvre des accords d'Ohrid[24], au cours de cette opération, des moyens de l’OTAN ont été mis à la disposition de l’UE.
En 2004, après l’accomplissement de la mission de la Force de stabilisation (SFOR) menée par l’OTAN en Bosnie-Herzégovine, l’UE prend le relais et déclenche l’opération EUFOR Althea, qui s’inscrit dans le cadre des arrangements «Berlin»[25], en profitant de l’expertise de planification et des capacités de l’OTAN. Au Kosovo, la force de maintien de la paix de l’OTAN (KFOR) coopère de près sur le terrain avec la mission «État de droit» menée par l’Union européenne au Kosovo (EULEX), pour renforcer l’État de droit, notamment dans ses aspects policiers, judiciaires et douaniers[26].
En Afghanistan, la Mission Resolute Support menée par l’OTAN collabore avec la mission «État de droit» de l’UE (EUPOL). Des conseillers d’EUPOL ont aidé à réformer la justice et à développer la police civile. Par ailleurs, L’UE a financé des projets civils dans le cadre des équipes de reconstruction provinciales gérés par l’OTAN qui étaient mis sous la direction d’un pays membre de l’UE.
En Afrique, les deux organisations ont mis aussi à la disposition de la mission de l’Union africaine au Darfour (Soudan), des avions de transport. Depuis septembre 2008, des navires de guerre de l’OTAN et de l’UE sont déployés côte à côte (respectivement dans le cadre des opérations Ocean Shield et EUNAVFOR Atalanta), avec d’autres acteurs, au large de la Somalie, pour protéger les routes maritimes en luttant contre la piraterie qui sévisse dans la région.
E- Collaborations politiques et lutte contre le terrorisme et la prolifération des ADM
Les deux organisations travaillent ensemble sur plusieurs questions notamment celles qui touchent à la sécurité en Europe et l’espace immédiat de l’Europe. Depuis la crise en Ukraine et l’intervention des troupes russes dans ce pays, l’UE et l’Otan se consultent et coordonnent les démarches et essayent d’avoir des positions communes en particulier celles concernant la Russie afin d’assurer la complémentarité de leurs messages et de leurs décisions. Les consultations entre l’OTAN et l’UE portent aussi sur le changement de la situation dans les Balkans occidentaux, en Libye et au Proche-Orient.
Par ailleurs, les deux organisations sont déterminées à lutter contre le terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive (ADM). Les deux organisations échangent les informations et travaillent sur la protection des européens contre les attaques chimiques, biologiques, radiologiques ou nucléaires.
En coopérant ensemble les deux organisations peuvent se compléter et donc se renforcer mutuellement pour mieux affronter les défis et les dangers qui les guettent.
5- Une meilleure défense à l’Est
L’OTAN après l’annexion de la Crimée en 2014 a réagi rapidement en réorganisant sa force de réaction, la NRF, en mettant en place un plan d’action «réactivité» (RAP). Elle a procédé à l’augmentation des effectifs de cette force en la portant à 40 000 personnes, en lui donnant les moyens de faire face à des évènements imprévus et la rendre plus adaptable et flexible, de manière à pouvoir procéder à des consolidations rapides et à en garantir la mobilité. Le RAP a mis en place également, une force opérationnelle interarmée d’élites, qui serait capable de déployer très rapidement (entre deux et sept jours) 5 000 militaires à la périphérie de l’Alliance[27]. En 2016, l’OTAN au cours du sommet de Varsovie renforce sa présence en Pologne, dans les pays baltes et en mer Noire.
Ces initiatives de l’OTAN indiquent trois choses. Premièrement, elles confirment la solidarité de l’Alliance avec un rôle capital du Canada et des Etats Unis, face à l’attitude agressive de la Russie et aux menaces qu’elle fait peser sur la région. Deuxièmement, elles interprètent la résolution de l’OTAN à dissuader des agressions à venir en dotant le continent de dispositions plus puissantes. Et dernièrement, elles montrent que l’OTAN est déterminée à empêcher d’éventuelles agressions limitées dans la région.
5-1 La consolidation des relations transatlantiques de l’OTAN: intérêts communs pour tous les pays membres
Il est clair que l’Alliance transatlantique est bénéfique pour l’Europe et pour les Etats Unis. Tout d’abord sur le plan économique, la stabilité en Europe a des effets positifs et bénéfiques sur l’économie américaine compte tenu de l’interdépendance des économies transatlantiques.
Le système d’alliance des États-Unis, le plus important au monde, constitue une base importante pour l’hégémonie américaine. Les alliés américains estiment que leur alliance avec Washington renforce leur sécurité. Pourtant, l’hégémonie américaine ne peut exister sans le système d’alliance. En ce sens, les États-Unis ont autant besoin de leurs alliés que ceux-ci ont besoin des États-Unis. Les pays européens sont susceptibles de faire des concessions sur les exigences strictes de Trump, mais cela va gâcher l’alliance. En fait, ce sont les alliés américains qui ont cajolé Washington au point de l’amener à devenir si insolents aujourd’hui.
L’OTAN s’est transformée et tout particulièrement après l’effondrement de l’URSS en une organisation transatlantique exécutant des missions globales sur des différents théâtres d’opérations. Elle préserve la paix sur le continent européen en empêchant toutes tentatives de déclencher des guerres classiques majeures. Une guerre conventionnelle à grande échelle peut coûter les États-Unis plus de 2 500 milliards de dollars par an[28].
Par ailleurs, L’OTAN peut mettre à la disposition des Etats Unis des forces armées très importantes. Les membres non américains de l'OTAN comptent 1 857 000 militaires en activité et 1 232 290 réservistes[29]. Les Etats Unis dans sa stratégie de dissuasion utilisent le territoire européen comme une base pour son bouclier anti missile qui vise à empêcher les attaques nucléaires contre les territoires américains et européens et des bases militaires, qui aident à la projection des forces américaines et de répondre très rapidement à des crises. Depuis l’effondrement de l’URSS, l’Alliance a mené treize missions permettant de partager le fardeau financier entre les Etats de deux côtés de l’Atlantique, les Alliés ont fourni des milliers de militaires dans le cadre de la force internationale d’assistance en Afghanistan ce qui a permis aux Etats Unis d’économiser 49 milliards de dollars en 2011[30].
Les alliés de l'OTAN ont fourni des milliers de soldats à la Force internationale d'assistance à la sécurité en Afghanistan, dont 38 000 en 2011, permettant aux États-Unis d'économiser 49 milliards de dollars cette année-là. L'opération en Afghanistan a été la première et la seule fois où l'engagement de défense mutuelle de l'OTAN a été invoqué. Par ailleurs, les Européens conduisent de plus en plus des opérations en cas de crise dans leur voisinage. Cela a été le cas en Libye en 2011, lorsque les Nations unies ont autorisé l’OTAN à lancer l’opération Unified Protector pour faire respecter un embargo sur les livraisons d’armes et d’établir une zone d’interdiction de vol et pour protéger la population civile libyenne. La plupart des navires utilisés pour l’application de l’embargo étaient européens ou canadiens.
Les avantages que tire l’Europe de l’Alliance et de l’apport des Etats-Unis à celle-ci sont considérables. L’OTAN a participé à l’instauration d’une période de paix en Europe, et même lorsque le conflit Yougoslave éclata, les portées du conflit ont été délimitées dans l’espace et le temps.
Les Etats Unis ont toujours indiqué qu’ils entendaient jouer tout leur rôle de garant de la sécurité de l’Europe, tout en soulignant qu’aussi longtemps que les armes nucléaires existeraient, celles des Alliés continueraient à servir de garantie ultime, individuelle ou collective[31]. Ainsi, les Etats-Unis ont mis à la disposition des Alliés la partie la plus importante des troupes, de même que les matériels indispensables dans différentes opérations de l’OTAN. Grâce à l’Alliance, les Européens jouissent aussi du poids diplomatique, militaire et économique des Etats-Unis, de leurs forces politiques et militaires, d’une aptitude de recherche de renseignements sans équivaux. Pour Olivier Kempf, les Européens "ne souhaitent nullement renoncer à une protection américaine qui nous permet de profiter de l’assurance d’une protection extérieure, tout en leur permettant de faire des économies dans le domaine de la défense"[32].
Conclusion
En soixante-dix ans d’activité, l’OTAN a surmonté de nombreuses crises, de Suez en 1956 aux désaccords sur le mode de financement de l’Alliance et pendant quarante ans l’Alliance a bien remplie sa mission stratégique qui était d’empêcher une invasion soviétique du territoire européen.
Au sommet de Varsovie de 2016, les Alliés décident d’opérer une meilleure répartition des charges et une priorisation des différents défis auxquels ils font face. Parmi ces défis, la question de financement de l’Alliance et l’engagement américain dans l’organisation. Les charges budgétaires de l’OTAN ne représentent pas plus de 15 % du total des dépenses de défense américaines [33]. Par conséquent, la dissolution de l’Alliance n’emmènerait qu’une très petite économie pour les États-Unis, qui en contrepartie perdraient des alliés, des bases militaires et la coopération politique.
Sur le plan géopolitique, la disparition de l’OTAN renforcera la Chine et la Russie et tous les pays qui demandent la construction d’un «monde multipolaire» et cherchant à affaiblir le rôle des États-Unis sur la scène internationale. Avec le président Trump une nouvelle donne transatlantique se mette en place: les États-Unis réduiraient leur engagement en Europe mais demeureraient dans l’OTAN et les alliés européens investiraient de plus en plus en Europe pour mieux dissuader la Russie, tout en prenant en compte les inquiétudes américaines vis-à-vis de la Chine.
«L’Otan en tant qu’organisation paradoxalement se porte bien, même si l’environnement politique n’est pas forcément porteur, la solidarité entre alliés fonctionne toujours avec des déploiements en Europe du Nord, et sur les bords de la mer Noire. Les forces américaines sont désormais plus importantes, et avec des moyens lourds, alors que lors de l’épisode ukrainien en 2014, les Américains venaient de retirer leurs derniers chars d’Europe»[34]. Pour le président Trump «L’Otan est beaucoup plus forte depuis que je suis président»[35].
Pour l’heure, tiraillée entre l’unilatéralisme de Trump et les divisions intra-européennes, l’Otan maintient sa cohésion et reste ce que les Alliés ont toujours désiré qu’elle soit en priorité: une alliance de défense et de solidarité collective, un outil de standardisation, un réserve de troupes, un coordinateur entre les alliés, une organisation de réassurance[36].
Bibliographie
Ouvrages
1- Fleming, Brian, Hybrid threat concept: contemporary war, military planning and the advent of unrestricted operational art, 2011, United States Army Command and General Staff College.
2- Howorth, Jolyon, «Impact of the US Rebalance toward Asia: European Security and NATO», in Hugo Meijer (dir), Origins and Evolution of the US Rebalance toward Asia: Diplomatic, Military and Economic Dimensions, 2015, Palgrave Macmillan.
3- Kacprzyk, Artur, U.S. Military Presence in Central and Eastern Europe: Consequences for NATO Strategic Adaptation, Deterrence and Allied Solidarity, 2015, The Polish Institute of International Affairs.
4- Lovelace, Douglas (dir.), Hybrid Warfare and the Gray Zone Threat, 2016, Oxford Unversity Press.
Articles
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13- Ruhle, Michael un monde sans l’OTAN, 29-08-019, https://www.nato.int/docu/review/2018/Also-in-2018/a-world-without-nato-military-europe-united/FR/index.htm
14- Toussay, Jade, que sont devenues les menaces de Trump, le 03-04-019 https://www.huffingtonpost.fr/entry/que-sont-devenues-les-menaces-de-trump-otan_fr_5ca35163e4b04693a9478b37
15- Wemer, David, Here's Why the United States Needs NATO, JULY 5, 2018, Atlantico Council https://www.atlanticcouncil.org/blogs/new-atlanticist/here-s-why-the-united-states-needs-nato
Sites internet
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17- Quel rôle peut encore jouer l’OTAN aujourd’hui, 30-09-014, https://www.rtbf.be/info/monde/detail_quel-role-peut-encore-jouer-l-otan-aujourd-hui?id=8366699
18- https://www.nato.int/cps/fr/natohq/official_texts_23847.htm, 07 Nov. 1991, mis à jour le 02 Sep. 2009.
19https://www.nato.int/nato_static_fl2014/assets/pdf/pdf_2016_07/20160712_1607-factsheet-nato-eu-fr.pdf
20- https://www.nato.int/cps/fr/natohq/topics_84268.htm
[1]- Le traité qui a mis en place l’organisation est signé à Washington le 4 avril 1949 par douze pays: Belgique, Danemark, France, Islande, Italie, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni, Etats-Unis et Canada.
[2]- Le concept stratégique est un document officiel qui décrit la nature et l'objectif immuables de l'OTAN ainsi que ses tâches de sécurité fondamentales.
[3]- Le DC 6/1 stipule que l'Alliance doit assurer la possibilité de procéder rapidement à des bombardements stratégiques comportant l'utilisation de tous les engins sans exception.
[4]- Cette doctrine nucléaire extrêmement rigide avait un principe simple: toute attaque contre un pays membre de l'OTAN par l'Union soviétique l'exposerait à des représailles nucléaires massives, sans préavis et sans retenue.
[5]- La doctrine McNamara ou doctrine de la riposte graduée apparue en 1962, elle définit que l'arme nucléaire américaine pourra être utilisée de manière graduée (avec plus ou moins de puissance) suivant le niveau de menace présent.
[6]- Malgré les désaccords qui surgissent, comme par exemple avec la France du général De Gaulle, le Portugal de la "révolution des œillets" et la Grèce suspecte l'alliance d'avoir été l’acteur invisible du coup d'Etat d'Athènes en 1967 et de l'invasion militaire de de Chypre à l'été 1974.
[7]- Le partenariat pour la paix, mise à jour le 22 juin 2017, https://www.nato.int/cps/fr/natohq/topics_50349.htm
[8]- Le Concept Stratégique de 1991 réaffirme le caractère défensif de l’Alliance et la volonté de ses membres de sauvegarder leur sécurité, leur souveraineté et leur intégrité territoriale, https://www.nato.int/cps/fr/natohq/official_texts_23847.htm, 07 Nov. 1991, mis à jour le 02-09-009.
[9]- Le Gal Mladic a été le commandant en chef de l'armée de la République serbe de Bosnie (VRS) pendant la guerre de Bosnie entre 1992 et 1995. Il est reconnu coupable de génocide par le TPIY.
[10]- Des exercices militaires, les plus vastes de l'histoire de la Russie, mobiliseront près de 300 000 soldats avec une participation de la chine et la Mongolie.
[11]- Mahran Nizar Ghatrouf traduit par Rania Tahar, 18-09-018,Les manœuvres en «Méditerranée» et «Vostok-2018» constituent-elles des messages géopolitiques russes ? https://reseauinternational.net/les-manoeuvres-en-mediterranee-et-vostok-2018-constituent-elles-des-messages-geopolitiques-russes/
[12]- Hugo Meijer, Les défis stratégiques de l’OTAN dans la perspective du sommet de Varsovie,06-07-016,http://www.sciencespo.fr/ceri/fr/content/les-defis-strategiques-de-l-otan-dans-la-perspective-du-sommet-de-varsovie
[13]- Dans la « guerre hybride », l’adversaire combine des approches différentes (conventionnelles, irrégulières, etc.)
[14]- Déclaration d’ouverture du sommet de l’Otan, 11-07-018, https://www.voltairenet.org/article201992.html
[15]- Julio Miranda Calha, sécurité et stabilité en Afrique : défis et priorités, projet de rapport général, Commission Politique,02-04-019, https://www.nato-pa.int/download-file?filename=sites/default/files/2019-04/083%20PC%2019%20F%20-%20SECURITE%20ET%20STABILITE%20EN%20AFRIQUE.pdf
[16]- Idem
[17]- Jade Toussay, que sont devenues les menaces de Trump, le 03-04-019 https://www.huffingtonpost.fr/entry/que-sont-devenues-les-menaces-de-trump-otan_fr_5ca35163e4b04693a9478b37
[18]- Hugo Meijer, Les défis stratégiques de l’OTAN dans la perspective du sommet de Varsovie,op.cit
[19]- Idem
[20]- https://www.nato.int/cps/fr/natohq/topics_84268.htm
[21]- Idem
[22]- Les axes sont : lutte contre les menaces hybrides, accroissement de la résilience, renforcement des capacités de défense, cyberdéfense, sûreté maritime, exercices, etc..
[23]- L'opération Sophia, vise en principe à lutter contre le trafic d'êtres humains entre l'Afrique et l'Europe.
[24]- Les accords d'Ohrid sont les accords de paix signés par la Macédoine et les représentants Albanais le 13 août 2001
[25]- L'accord Berlin Plus est un ensemble d'accords conclus entre l'OTAN et l'UE le 16 décembre 2002. Il permet à l'UE de profiter de certains des moyens militaires de l'OTAN dans le cadre de ses propres opérations de maintien de la paix.
[26]- https://www.nato.int/nato_static_fl2014/assets/pdf/pdf_2016_07/20160712_1607-factsheet-nato-eu-fr.pdf
[27]- Joseph Day, renforcer la dissuasion de l’OTAN a l’Est, Rapport général, Commission de la défense et de la sécurité, https://www.nato-pa.int/download-file?filename=sites/default/files/2018-12/2018%20-%20DISSUASION%20DE%20L%27OTAN%20-%20RAPPORT%20DAY%20-%20168%20DSC%2018%20F%20fin.pdf
[28]- David Wemer, Here's Why the United States Needs NATO, JULY 5, 2018, Atlantico Council https://www.atlanticcouncil.org/blogs/new-atlanticist/here-s-why-the-united-states-needs-nato
[29]- Idem
[30]- Idem
[31]- Hugh Bayley, L’OTAN, une organisation indispensable, https://www.nato-pa.int/download-file?filename=sites/default/files/2019-01/L%E2%80%99OTAN,%20UNE%20ORGANISATION%20INDISPENSABLE%20-%20HUGH%20BAYLEY%202014.pdf
[32]- Quel rôle peut encore jouer l’OTAN aujourd’hui, 30-09-014, https://www.rtbf.be/info/monde/detail_quel-role-peut-encore-jouer-l-otan-aujourd-hui?id=8366699
[33]- Michael Ruhle, un monde sans l’OTAN, 29-08-019, https://www.nato.int/docu/review/2018/Also-in-2018/a-world-without-nato-military-europe-united/FR/index.htm
[34]- Olivier Fourt, 04-04-019 70 ans de l'Otan, la fin des certitudes? http://www.rfi.fr/ameriques/20190404-otan-fin-certitudes
[35]- Joshua, Roberts, Donald Trump se félicite des progrès accomplis par l’OTAN, le 3-04-019 http://www.rfi.fr/ameriques/20190403-etats-unis-otan-donald-trump-se-felicite-progres-accomplis-stoltenberg
[36]- Andre Dumoulin, après 70 ans, quel avenir pour l’OTAN, 06-04-019, https://www.bruxelles2.eu/2019/04/06/lotan-a-70-ans-quels-pilotes-dans-lavion/
الناتو: منظمة في طور التقادم؟
التعارض مربك بالنسبة لحلف شمالي الأطلسي. من ناحية، هناك الأعمال الملموسة لحلف الناتو فهو ما زال يعزّز وجوده في دول الأعضاء الواقعة في أوروبا الشرقية، ينظّم مناورات عسكرية كبيرة، يواجه تهديدات الإنترنت والإرهاب، ينفّذ مهام التدريب وبناء القدرات في مختلف البلدان، مثل أفغانستان والعراق، ويتوسع أكثر فأكثر - ومن ناحية أخرى، هناك الأدبيات المهيمنة عند السياسيين والمثقفين، واصفين الناتو كمنظمةٍ عفا عليها الزمن، حيث تستثمر دول الأعضاء موارد كبيرة في مقابل تحقيق نتائج ضئيلة.
خلال الحرب الباردة، ربما كان حلف الناتو غير مدرك لتوقيت الأعمال العدائية، لكنه كان يعرف الخصم والطبيعة ومسرح العمليات وطرق تدخّلهم. ولكن بعد انهيار الاتحاد السوفياتي، بدأ التحالف يواجه تحديات أمنية مختلفة وأكثر تعقيدًا وصعوبة من أي وقت مضى. وبالتالي، فإنّه يواجه تحديات وتهديدات من بلدان الجنوب والشرق، من الجهات الفاعلة الحكومية وغير الحكومية، ومن القوات العسكرية التقليدية والهجمات الإرهابية أو السيبرانية أو الهجينة وحتى من الحلفاء.
أظهرت الأزمات في البلقان وآسيا الوسطى والشرق الأوسط أنّ الناتو لم يعد بإمكانه العمل حصريًا في المنطقة الأوروبية الأطلسية، وأنّ الردع والدفاع أصبحا أكثر أهمية من أي وقت مضى. فعلى حدوده الشرقية، غزت روسيا شبه جزيرة القرم وضمّتها إليها، منتهكة بذلك المعاهدات الدولية كافة. في الوقت نفسه، وفي الجنوب، تنتشر الحروب في مختلف بلدان الشرق الأوسط وأفريقيا، ما أدى إلى هجرة غير شرعية على نطاق واسع إلى أوروبا، وإلى التحريض على أعمال إرهابية ارتُكبت في دول التحالف وأماكن أخرى. أما بالنسبة للولايات المتحدة فقد أعربت عن رغبتها في مغادرة الحلف، لأنّها تعدّ المنظمة غير فاعلة ومكلفة.
منذ عدة سنوات، الناتو يُعيد تصميم استراتيجية جديدة للردع والدفاع، بهدف الاستجابة للحالات الأمنية المتغيرة باستمرارٍ، وليكون قادرًا على مواجهة كل أنواع التحديات والتهديدات الحالية والمستقبلية الآتية من أي مكان. لهذه الأسباب وفي سياق يتّسم بانخفاض ميزانيات الدفاع وتغيير الأولويات السياسية، تعهد الناتو بالتزامٍ جديد: التأكيد على القيام بمهمته الأصلية، التكيّف مع التحديات الجديدة على الساحة الدولية، وأكثر من ذلك بكثيرٍ في عالم يزداد تعقيدًا.