La Chine, usine du monde?

La Chine, usine du monde?
Préparé par: Dr. Valérie Azhari
Dr. en sciences politiques

Introduction

La Chine est un immense territoire et sa civilisation est l’une des quatre plus anciennes du monde. Son histoire a été marquée par plusieurs dynasties impériales, suivies de soulèvements populaires et d’invasions. Cet Empire du milieu[1], a longtemps été vu comme un «État du milieu» en Asie. De l’Empire des Mandchous[2] à son étouffement par de multiples révolutions, la Chine communiste est devenue un géant industriel.

Du point de vue historique, ce n’est qu’après la création de la République Populaire de Chine en 1949 que le pays entre dans une ère de stabilité, mais, en restant à l’écart du monde. Grâce à l’établissement «de relations diplomatiques avec d’abord la Grande-Bretagne en 1950, la France en 1964, et surtout les États-Unis en 1972 […]»[3] la Chine commence à sortir de son isolement. Du point de vue interne, le pays affronte une crise politique profonde. Le réel changement s’opère en 1978 avec la politique de réforme et d’ouverture lancée par Deng Xiaoping[4] entrainant le pays dans une spectaculaire croissance économique. Avec cette politique la Chine fait le choix de la mondialisation. Aujourd’hui, la Chine «occupe un double positionnement, celui de la puissance conservatrice arc-boutée sur le principe de non-ingérence et celui de puissance dénonçant un ordre international perçu comme «injuste». Pour l’heure, elle s’emploie à contrôler son environnement régional en cherchant à réduire l’influence américaine en Asie»[5].

Selon un classement des pays les plus puissants en 2019, la Chine se classe en troisième position après la Russie (deuxième) et les États-Unis (première): «La Chine a la plus grande population du monde et la deuxième plus grande économie du monde. Elle a connu un développement économique rapide, mais des millions de personnes vivent encore en dessous du seuil de pauvreté du pays, rappelle la Banque mondiale»[6].

La Chine est un paradoxe dans ce sens où ce pays est à la fois une puissance politique conservatrice (avec son régime communiste) et une puissance économique de marché (ouvert sur le monde). Certains considèrent qu’elle est devenue en à peine deux ou trois décennies «l’usine du monde». La pandémie actuelle liée au Covid-19 a montré que l’économie mondiale est devenu hyper-dépendante de la Chine.     

Dès lors, l’on peut se demander comment une Chine communiste hermétiquement fermée sur elle-même a-t-elle pu s’affirmer en tant que puissance régionale et internationale? Quels sont les facteurs qui expliquent cet antinomisme? Enfin, peut-on parler de «sinisation du monde»?

 

Le système politique de la Chine populaire

De par son histoire, la Chine a hérité des dynasties impériales plusieurs traditions. Une société hiérarchique et la pratique du tribut ont été au centre de la géopolitique des dynasties régnantes en Chine surtout depuis la dynastie Ming au XVIIe siècle. L’unité nationale est aussi un héritage historique et occupe une place centrale dans la géopolitique chinoise. De l’Empire des Mandchous (XVIIe siècle) jusqu’au XIXe siècle, «siècle des humiliations» les menaces sécuritaires posées par les peuples conquérants «fixent le centre de gravité de sa géopolitique sur ses périphéries septentrionales et occidentales. Ce n’est qu’au XIXe siècle que la géopolitique de la mer s’impose vraiment à la Chine»[7], qui fait face, aux dangers de l’impérialisme japonais et européen. Au début du XXe siècle la Chine passe par une période de prospérité qui sera surnommée l’âge d’or. Mais, le pays va subir pendant deux décennies une guerre civile à peine interrompue par une agression japonaise débouchant sur huit ans de combat meurtrier. Les années «Mao» représentent-elles une révolution libératrice d’un peuple humilié?

 

1- Le régime de Mao Zedong (Tsé-toung)

En 1949, la Chine est en retard de développement: la production agricole est déficitaire, l’industrie a disparu, la flotte marchande est partie et la monnaie est sans valeur. Le parti communiste compte 4 500 000 adhérents en octobre: «Soumis à une discipline quasi militaire sur le modèle du centralisme démocratique bolchevik, il était dirigé par un comité permanent du bureau politique formé alors de cinq hommes»[8]. Parmi eux la personnalité de Mao Zedong qui disposait d’un immense pouvoir depuis qu’il a unifié le parti. La «pensée de Mao» va devenir le socle du régime. Mao Zedong, l’investigateur d’une nouvelle ère communiste va profondément imprégner une Chine déstabilisée. Cette réforme passe par la glorification de la «pensée de Mao» comme la seule pensée révolutionnaire pleinement adéquate à l’époque. Le marxisme est nationalisé voir «sinisé» par Mao Zedong: cette «pensée» devait apporter aux Chinois des bienfaits qui devaient perdurer sur plusieurs générations. L’étude de cette pensée a une double valeur: intérioriser les buts politiques du régime chez chaque citoyen et répandre les connaissances indispensables au progrès économique et technique. Or pour se faire, il faut transformer l’univers mental non seulement des intellectuels et des cadres, mais de la paysannerie qui constitue la masse écrasante de la population chinoise. À côté des méthodes de «réforme de la pensée», vient s’ajouter le «romantisme militaire»[9] et le «romantisme révolutionnaire»[10].

Mao Zedong proclame la république de Chine le 1er octobre 1949 et sera le premier à occuper la fonction de président de 1954 à 1959. Il impose à la population le collectivisme communiste et le Parti unique. Allié au départ à Moscou, il suit de très près le modèle soviétique.

 

2- Les premières mutations

En Janvier 1953, les autorités lancent le premier plan quinquennal, qui sera effectif à partir du 30 Juillet 1955. Pour atteindre le développement attendu l’objectif est d’imiter les Soviétiques. Une politique de collectivisme est fixée et en décembre 1955, 67% des foyers paysans se retrouvent dans des coopératives, le reste dans des équipes d’entraides.

En 1955, parallèlement à l’accélération de la collectivisation agraire, la plus grande partie des entreprises industrielles et commerciales sont nationalisées. Dans le même temps, les intellectuels sont mis au pas. Pour Mao Zedong, le marxisme étant la seule forme de pensée entièrement juste, elle finirait par triompher de toutes les autres si, dans certaines limites, on encourageait un débat entre les partisans de diverses théories. Ce processus devait sur le long terme éduquer les intellectuels, écrivains et cadres pour les convertir au socialisme, ce qui n’empêchera pas les critiques de remettre en question tout le système.

Le choix du modèle soviétique pour construire une Chine enfin modernisée se révèle peu à peu fragile, très vite des contradictions et des impasses apparaissent. Dès 1957, il semble nécessaire d’explorer une voie chinoise. Mao Zedong est au sommet de son pouvoir quand il tente une politique fondée sur sa vision utopique du monde. L’archaïsme du pays devient un atout. En 1957, il tente une politique du «Grand Bond en avant». Il adopte la généralisation des communes populaires. Celles-ci sont des unités de production agricole, entièrement collectivisées mais aussi des unités de production industrielle, avec de petites usines travaillant pour l’agriculture et conditionnant les productions agricoles. La commune est aussi un centre politique, où tout est placé sous l’autorité du comité du parti. De plus, c’est un centre médical, un centre d’enseignement, un centre militaire avec un bataillon de milice, dont le noyau permanent, formé de militaires démobilisés, fonctionne comme une brigade de gendarmerie. Cette première tentative de dépassement systématique des contradictions débouche rapidement sur la plus grande famine de l’histoire de la Chine. Après les désastres du «Grand Bond en avant» Mao Zedong démissionne de la présidence de la République et se replie en seconde ligne. Liu Shaoqi est élu à ce poste en 1959. Malgré le fait que Mao Zedong laisse Liu Shaoqi et Deng Xiaoping appliquer une politique plus modérée, il ne sort pas pour autant du jeu politique. Il soulève les étudiants chinois contre la direction du Parti – pour en reprendre la tête – en s’appuyant en particulier sur l’Armée. Il lance un certain nombre de campagnes politiques (dont le mouvement d’éducation socialiste) qui préfigurent déjà le déclenchement de la Révolution culturelle. Au cours de cette Révolution il réussit à éliminer ses rivaux et rétablit l’ordre à son profit. Il fait l’objet d’un culte de la personnalité.

 

3- La rupture sino-soviétique

Suite à l’échec du «Grand Bond en avant» Mao Zedong réalise que la Chine doit moins axer sa politique sur l’industrie mais se consacrer aux campagnes. L’affaiblissement économique et politique de l’URSS motive Mao Zedong à progressivement s’éloigner de Moscou. De ce fait, la Russie de Nikita Khrouchtchev[11] apparaît à Mao comme embourgeoisée et «révisionniste», tandis que la Chine de Mao apparaît à Khrouchtchev comme fanatique et primaire. L’URSS prend de plus en plus ses distances vis à vis de la politique chinoise. Déjà en Juin 1959, elle avait abrogé unilatéralement son traité de coopération nucléaire avec la Chine. En avril 1960, la Chine publie une brochure «Vive le léninisme!» qui étale au grand jour les divergences sino-soviétiques sur la stratégie de la révolution mondiale. De son côté, l’URSS rappelle ses 1300 experts de Chine dès juillet 1960: «Lorsque Khrouchtchev rappelle tous les experts soviétiques en juillet 1960, Mao Zedong peut rejeter sur les Russes la responsabilité de sa politique, qui se compte en millions de victimes de la famine. […] »[12]. Pour Mao, la Russie de Khrouchtchev est de plus en plus difficile à distinguer des pays capitalistes. La conséquence immédiate a été de rendre la politique de Mao à la fois plus révolutionnaire et plus nationaliste. A terme, elle a entraîné une identification de l’activité purement diplomatique, surtout à partir de la rupture ouverte avec Moscou en 1963. La Chine libérée de la tutelle soviétique, crée son propre modèle communiste. Le pays commence à s’émanciper et réalise en 1964 son premier essai nucléaire. Par la suite, elle tente de rallier d’autres pays à son modèle.

 

4- La réforme de 1978

Les années soixante-dix marquent un changement. La Chine est réintégrée à l’ONU en 1971. Lorsque Mao Zedong meurt en 1976, «la société chinoise correspondait à la vision qu’en avait le fondateur de la République populaire: égalitaire, collectiviste, avec un rôle central du Parti et de l’État dans toutes les sphères de la vie, y compris privée»[13]. En l’espace de trois ans, on assiste: à une crise politique, à la révolution silencieuse de la paysannerie, à un marasme dans le parti et à un mouvement d’opinion à la ville.

Ces événements vont permettre le retour au pouvoir de Deng Xiaoping, prudemment réfugié depuis avril 1976 dans le Sud du pays, sous la protection de puissants chefs militaires amis.

Sous l’impulsion de Deng Xiaoping qui s’appuie sur la dynamique sociale née des premières réformes on assiste à un démantèlement progressif mais incomplet du système maoïste. Une Chine nouvelle se construit dont les lignes de forces se précisent peu à peu.

À partir du 10 novembre 1978 un mouvement démocratique prend place sur la scène politique, des manifestations à Place Tiananmen pour revendiquer la démocratie. Dieng Xiaoping utilisant le mouvement démocratique en cours, l’emporte. L’ère Deng Xiaoping commence, sa réforme touchera principalement le domaine de l’économie.

 

La Chine à la conquête de la première place mondiale

Sous Deng Xiaoping la Chine connaît des réformes économiques sans précédent et qui perdurent encore de nos jours. On assiste peu à peu à un démantèlement économique du système maoïste à la campagne et à la ville. Le Parti opte pour un libéralisme économique tout en gardant l’autorité politique sur le pays.

 

1- La percée de la réforme malgré un immobilisme politique

La Chine passe peu à peu du socialisme féodal et tyrannique de Mao Zedong à un socialisme autoritaire qui paraît plus moderne, car il fait écho au néo-autoritarisme très à la mode en Asie orientale, avec le succès économique de la Corée du Sud, de Taiwan, de Singapour et de la Malaisie, sous des régimes alors dictatoriaux. Les campagnes se développent en même temps que le pays se modernise. La fin du collectivisme et la généralisation du forfait intégral ont pour conséquence la croissance de production (11% en moyenne entre 1981 et 1984 contre 3,7% de 1953 à 1982).

Forte de ces succès parmi les paysans, les autorités veulent étendre la réforme à la ville. Le secteur industriel, décisif par son poids est difficile à réformer. Il y a le problème des salariés. De plus, les prix de base des produits industriels demeurent fixés par les ministères et se situent parfois au-dessus du prix de revient. Mais la Chine industrielle reste un espace clos de confrontation (confrontation entre le passé et le présent). Divers intellectuels se demandent comment faire participer les gens à la vie politique, comment éviter les taxes du socialisme féodal des années récentes, certains parlent d’une aliénation sous le socialisme du peuple, qui n’aurait donc pas été libéré par la révolution. C’est dans ce climat que la réforme commence à s’essouffler. La crise du maoïsme en passe d’être surmontée grâce à la réforme fait place à la crise de la réforme elle-même. Les paysans manquent de capitaux et le système irrationnel des prix favorise le développement de réseaux de trafics illicites et de corruption. Les étudiants traduisent en clair ce malaise social diffus en lui donnant une formulation politique. Les manifestations de la Place Tiananmen seront durement réprimées en juin 1989.

Au début des années quatre-vingt-dix, Deng Xiaoping conçoit «[…] une montée en puissance fondée sur l’évitement du risque […] »[14] et théorise «[…] l’utilité de faire profil bas dans les relations internationales»[15].

À partir de 1992 la réforme se poursuit. Deng Xiaoping entreprend une tournée d’inspection dans le Sud à Wuhan, Shenzhen, Zhuhai et Shanghai. Il décrit ce que deviendra bientôt l’économie socialiste du marché et formule le slogan de base de la nouvelle étape de la réforme: il demande de l’audace pour que la Chine cesse d’avancer comme «une femme aux pieds bandés». Par la suite de nombreux scandales financiers seront dénoncés. Quand Deng Xiaoping meurt à 92 ans le 19 février 1997, sa succession se fait sans difficulté. Le retour de Hong Kong à la mère patrie donne à l’équipe en place un surcroît de prestige. Ce régime a perdu à peu près tous ses traits d’un léninisme dépourvu de base économique et sociale. La Chine est entrée dans le post maoïsme; une nouvelle construction doit remplacer un système effondré en mutation.

La formule de Deng Xiaoping a longtemps été la référence en matière de stratégie internationale mais avec l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping (2012) la Chine entre dans une nouvelle ère. Il n’empêche que Mao Zedong et Deng Xiaoping ont permis à la Chine de garder une autonomie, une indépendance et une sécurité nationale… Ces fondateurs se sont opposés à l’hégémonie des grandes puissances puis à l’unilatéralisme américain. Leurs successeurs s’inscrivent dans la continuité. Après Tiananmen, le pays «[…] connait une croissance annuelle à deux chiffres, la problématique géopolitique centrale devient la protection de cette progression, qu’il s’agit de pérenniser»[16].

 

2- Une montée en puissance

Depuis les réformes des années quatre-vingts, force est de constater que les gouvernements qui se sont succédés «[…] ont travaillé pour améliorer l’efficacité des réformes économiques pouvant être mis au service de la politique étrangère. Ils ont cimenté l’action des acteurs autour d’un nationalisme fondé sur l’idée d’une Chine forte et pacifique, souhaitant récupérer son «statut» de grande puissance internationale perdue dans la seconde moitié du XIXe siècle»[17]. Tous les moyens financiers, humains et technologiques ont été mis en œuvre pour atteindre les objectifs du développement économique. Ce secteur a été ainsi utilisé pour servir la politique étrangère du pays, ce qui a permis de renforcer sa position économique:

«[…] Cela a été particulièrement le cas sur la question de l’approvisionnement en matières premières qui figure désormais en tête de la liste des intérêts géostratégiques de la Chine. La Chine est devenue en l’espace de quelques années experte pour proposer des «accords intégrés» (issus de l’anglais package deals), notamment en Afrique, qui mêlent aide au développement, crédits liés pour les entreprises du pays ainsi que pour les entreprises chinoises, constructions d’infrastructures et d’autres bâtiments à utilisation publique, accès privilégié aux matières premières pour les entreprises chinoises. Ces accords sont emballés dans la rhétorique de la coopération économique «Sud-Sud» et de la non-intervention dans les affaires intérieures des États destinataires, mais ils sont aussi des instruments d’influence pour la diplomatie chinoise qui en fait sa marque de fabrique en Afrique [Hellendorff, 2010].»[18].

À partir des années quatre-vingt-dix, l’économie s’accélère et le marché chinois devient une réalité: accroissement du niveau de vie, diffusions de produits étrangers, développement des technologies etc.

À l’aube du XXIe siècle, la Chine a amorcé sa transition économique (taux de croissance au tour de 10% entre 1980 et 2000). Sur le plan démographique, la politique de l’enfant unique – qui a marqué la société – commence à montrer ses effets, puisque la croissance de la population représente 1,4% des naissances. En 2000, le pays compte 1,2 milliard d’habitants – cette politique va quand même révéler ses limites à cause du vieillissement de la population – et en 2015, Pékin autorise les couples à avoir deux enfants. Aujourd’hui la Chine compte 1,380 milliard d’habitants.

Grâce à sa force ouvrière, la Chine devient une puissance industrielle. L’agriculture se porte plus ou moins bien, les voies de communications se modernisent. La croissance du commerce international et régional témoigne d’un vrai dynamisme.

Pékin ménage ses relations diplomatiques avec les États-Unis, renonce à son isolement, signe des accords internationaux, frappe à la porte de l’OMC et participe à différents forums de coopération (APEC[19]). Elle devient une puissance régionale (participation au sommet de l’ASEAN[20] en 2005). «Malgré une libéralisation de son commerce extérieur, les importations chinoises sont également restées en grande partie contrôlées par des grandes sociétés étatiques d’import-export. Ceci a permis à l’État de continuer d’exercer un contrôle plus ou moins direct et centralisé sur les importations de produits étrangers.»[21]

Par ailleurs son droit de veto à l’ONU lui confère une puissance politique internationale. De plus, elle est une puissance militaire puisqu’elle détient l’arme nucléaire. En 2005, c’est la conquête de l’espace!

Cette montée en puissance ne se fera pas sans mal et est à concevoir sur une longue période. Amorcée à partir de 1978 sous Deng Xiaoping, elle ne montrera ses effets qu’une trentaine d’années après. Elle met en avant l’extraordinaire dynamisme de son industrie et va donner à la Chine en quelques années un pouvoir d’influence et de négociations au-delà de la sphère économique. Son modèle de développement reposant sur la séparation absolue entre liberté économique et liberté politique a permis à la Chine de rattraper son retard de développement et de rapidement devenir un Grand pays.

 

3 Un géant industriel

Le libéralisme économique a donc permis à la Chine de connaitre une croissance économique en moyenne de 9% par an jusqu’en 2017.

Alors qu’au départ le pays fabriquait des produits de consommations «bon marché» et copiés, son économie s’est diversifiée; désormais les Chinois créent des produits de hautes technologies, innovent en matière de téléphonie, de réseaux internet, satellites, automobiles, médicaments, etc. Des marques comme Haier, Huawei, Lenovo… sont devenues mondiales. En ce qui concerne internet, on aurait pu penser que le système politique en place en aurait freiné son développement, au contraire, il a été encouragé. Le pouvoir chinois a fait un double choix: «développer et maitriser les technologies numériques pour des raisons économiques, mais dans le même temps encadrer, surveiller et garder le contrôle sur les utilisateurs»[22].

Pour mettre en place ce développement un vaste programme avait été mis en place: développement des infrastructures, équipements des transports, création de ZES (Zones Économiques Spéciales), formation de personnes qualifiées (ingénieurs, chercheurs, scientifiques…). Sans oublier Hong Kong qui occupe une grande place bancaire et boursière. Des «villes ateliers» occupent le terrain de l’industrie: «En raison de la large disponibilité de main d’œuvre à bon marché, la Chine est train de devenir l’atelier du monde. […] elle est devenue le point de passage obligé des exportations asiatiques vers les pays de la Triade (Japon, États-Unis, Union européenne). Non seulement les étapes d’assemblage se font de plus en plus en Chine, […], mais également une certaine remontée des filières a eu lieu, qui se traduit par un gain de parts de marché chinoises sur les pays voisins et même sur les pays d’Europe»[23].

Par ailleurs, la Chine détient une façade maritime très importante. En 2005, Shanghai est devenu le premier port du monde.

Resté prudent sur l’utilisation de ses réserves, au tournant des années 2000, le pays s’engage à faire fructifier ses placements en les diversifiant: «à côté des traditionnels bons du Trésor américain et autres placements souverains des pays riches de la planète, la Chine a multiplié les investissements à l’étranger (soit de portefeuille, soit par des prises de contrôle d’entreprises étrangères), les prêts en devises aux entreprises chinoises investissant à l’étranger, des prêts en devises à des entreprises étrangères de pays en développement avec lesquels la Chine a passé des accords d’achat de matières premières, des lignes de crédits en dollars aux banques centrales en cas de crise financière, ainsi que des lignes de crédit en yuans aux banques centrales dans le cadre d’accords bilatéraux afin de faciliter le commerce avec ces pays»[24].

Il est certain que son nouveau statut ne lui confère pas encore un statut de superpuissance mais a révélé le poids grandissant de la Chine. Lors de la crise en Europe entre 2009 et 2011, «(…) elle est tout de même intervenue dans des opérations d’achats supplémentaires de dettes publiques au Portugal et en Grèce au plus fort de la crise. Cette nouvelle posture dans laquelle se place la Chine lui confère progressivement une position beaucoup plus influente dans ses rapports avec les pays concernés, même si elle rappelle toujours son principe de non-intervention dans les affaires intérieures des États étrangers»[25].

L’ère Xi Jinping renforce la montée en puissance de Pékin. Dès son arrivée au pouvoir il fixe un cap pour 2049: «Je suis convaincu que lors du centenaire de l’avènement du Parti communiste chinois, nous aurons réussi à bâtir une société de moyenne aisance dans tous les domaines, et que lors du centenaire de notre République populaire, celle-ci sera devenue un État socialiste moderne, prospère, puissant, démocratique et harmonieux»[26]. Serait-ce là un défi lancé à la première puissance du monde? Pékin met tout en œuvre pour dépasser les États-Unis à l’horizon 2049. Dans cette perspective, le pays a fixé dix secteurs industriels prioritaires dans le plan «Made in China 2025», concurrençant directement la «Silicon Valley».

Xi Jinping continue donc la politique mise en place par ses prédécesseurs mais cherche à tenir son rang de puissance, voire dépasser les «Grands» de ce monde. En 2014, la Banque asiatique d’investissements est créée afin de concurrencer la Banque mondiale et la Banque asiatique de développement. Par ailleurs, la Chine veut étendre son influence et de nouveaux projets sont conçus: «Désormais labellisé Belt and Road Initiative (BRI) le projet de la nouvelle route de la soie a été lancé en 2013 par XI Jinping lors d’un discours à l’université Nazarbaëv d’Astana au Kazakhstan. Il marque le passage d’une politique étrangère prudente, progressive et à finalité globale. L’objectif affiché consiste à connecter la Chine à l’Europe et au Moyen-Orient, mais aussi à l’Afrique et à l’Amérique latine par de multiples canaux»[27].

Pour se démarquer des États-Unis, le pays tente une nouvelle approche en s’impliquant dans des dossiers sur le changement climatique ou l’aide au développement: «Pékin exploite habilement la perte de crédibilité internationale des États-Unis, ainsi que les incertitudes de la construction européenne. Progressivement, la Chine construit une Multipolarité asymétrique. Multipolarité pour signifier que le temps de la domination occidentale est révolu. Asymétrique pour indiquer que les rapports de force évoluent en sa faveur»[28].

Dès son arrivée au pouvoir le président des États-Unis, Donald Trump démarre une guerre commerciale contre Pékin. Washington cherche à empêcher la Chine de devenir une superpuissance.

Cependant, à l’ombre du tableau, il reste des dossiers vitaux (Tibet, Xinjiang, Taïwan) que Pékin tente de gérer, le but est de réduire l’influence américaine en Asie. Sans oublier les relations historiques difficiles avec le Japon, et la montée en puissance de l’Inde. Malgré les efforts entrepris en matière de droits de l’homme, il reste encore un écart par rapport aux grandes puissances. Sans oublier les grandes disparités existantes entre les régions pauvres enclavées et le reste du pays.

En 2018, le géant chinois commence à montrer des signes d’essoufflement puisque son PIB n’a progressé que de 6,8% soit son taux le plus bas depuis 28 ans. Pékin est menacé par la guerre commerciale lancée par Washington. Les observateurs s’accordent à dire que le géant chinois est devenu en quelques décennies un moteur de croissance mondiale: «Toutefois, si les économies les plus puissantes, comme la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne ou les États-Unis, disposent d’un matelas de sécurité et d’une économie diversifiée les rendant moins dépendantes de la Chine, d’autres, comme les pays émergents, sont bien plus inquiètes, et craignent de perdre un allié économique essentiel[29]. Une difficulté qui s’ajouterait à la liste des défis actuels, comme le ralentissement économique mondial, la hausse des taux d’intérêts américains ou encore la baisse des échanges commerciaux ces derniers mois»[30].

Pour autant, Pékin a peut-être réussi son pari: concilier développement économique, relations diplomatiques et contrôle politique. Champion de la mondialisation, produisant à bas prix, fournissant des «package deals», rachetant les dettes des pays etc., l’«usine du monde» a su se rendre indispensable.

La crise sanitaire mondiale liée à l’apparition du Coronavirus Covid-19 montre que l’Empire du milieu n’a jamais aussi bien porté son nom! Serait-il possible que la Chine soit devenue le centre du monde?

 

La Chine, centre du monde?

Lorsqu’en novembre 2002 l’épidémie de SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) est apparue en Chine, le pays est une puissance émergente et son PIB ne représente que 5% du PIB mondial. En moins de vingt ans le pays a multiplié par quatre son PIB, il détient: 20% de la richesse mondiale, un tiers de la croissance mondiale, 30% du commerce international, un tiers de la production manufacturière, domine la production textile et des composants électroniques, 70% des smartphones et 80% des jouets sont produits en Chine… «Quant aux produits pharmaceutiques, même si l’Europe produit encore des médicaments, les principes actifs, eux, sont largement importés de Chine. Le pays produit 90% de la pénicilline, 60% du Doliprane, 50% de l’Ibuprofène»[31].

C’est dire la place prépondérante qu’occupe la Chine aujourd’hui dans le monde!

 

1- Le Covid-19 un virus apparu en Chine

En décembre 2019, des pneumonies mortelles apparaissent à Wuhan, chef-lieu de la province de Hubei. Cette épidémie ne sera relayée au monde que le 20 janvier 2020. Le virus est identifié comme un nouveau coronavirus et prendra le nom de Covid-19: Il est très contagieux et se répand très vite.

Dès l’annonce, Pékin se veut transparente dans cette crise, le monde découvre ce qui se passe en Chine, sans se douter qu’il viendra frapper à sa porte. Le 25 janvier, 59 millions d’habitants sont confinés à Hubei: les aéroports sont fermés, les gares, les routes, les voies fluviales, autoroutes… Toute la province est coupée du monde. En février, les autorités renforcent le confinement qui se traduit par un contrôle total de la population: transports suspendus, températures vérifiées, dépistage du virus en masse… Mais, le secteur médical apparait très vite débordé. Afin de palier à cette difficulté, Pékin envoi des milliers de médecins à Wuhan et entame la construction en quelques semaines de plus d’une dizaine d’hôpitaux spécialisés dans l’accueil des malades du Covid-19. Tout est relayé par les médias, les guérisons, les efforts, les moyens mis en œuvre… une communication ficelée et le monde est stupéfait face à l’efficacité dont le pays fait preuve. Le 8 avril 2020, la Chine lève enfin le confinement. Entre temps, le Covid-19 s’est répandu partout dans le monde et est devenu une pandémie.

La Chine a réussi à montrer au monde sa puissance: un pays capable de contenir une épidémie mortelle grâce à son infrastructure économique et un système autoritaire qui a permis de contrôler les déplacements des populations. Une politique qui a donc permis de ralentir la propagation de cette maladie et de limiter les décès. Dès le début, Pékin démontre une réaction exemplaire face au virus, exigeant peut-être une reconnaissance internationale pour ses efforts visant à ralentir la progression du virus. La communication est axée sur l’efficacité et la réactivité du Gouvernement. Tout est mis en avant pour se dédouaner de toute responsabilité vis-à-vis de cette pandémie, accusant même le 12 mars l’armée américaine d’être responsable de la contamination en Chine. Dans cette continuité, l’occident est critiqué en février après avoir imposé des restrictions aux voyageurs chinois. En mars, le virus s’est propagé dans la plupart des pays du monde. Certains d’entre eux sont vite débordés par une crise sanitaire sans précédent avec des morts qui se comptent par milliers. Dès la mi-mars, Pékin décide de coopérer avec les autorités sanitaires de plusieurs pays touchés par le Covid-19, le tout relayé par leurs médias. Alors que la Chine sort de cette crise, le monde subit – selon les États – de plein fouet cette pandémie. Des pays comme, l’Italie, l’Espagne, la France, la Grande-Bretagne, les États-Unis etc. sont en pleine crise sanitaire: décès par milliers, manque de matériels (masques, respirateurs, gels hydro alcooliques, tests de dépistage etc.), hôpitaux débordés… Une crise sanitaire qui révèle des failles et une dépendance vis-à-vis de la Chine, «usine du monde».

 

2- La pandémie du Covid-19 un révélateur de l’hyper-dépendance du marché-monde chinois

Force est de constater que l’épidémie de Covid-19 a relégué les puissances occidentales au rang de simples consommateurs. Cette crise a surtout démontré l’hyper-dépendance de certains pays vis-à-vis de Pékin et ce, pratiquement, dans tous les secteurs. Produisant à bas prix, les puissances occidentales se sont désindustrialisées au point que la Chine soit devenue non seulement l’«usine du monde» mais peut-être la «pharmacie du monde»[32]? Si Pékin se mettait longtemps à l’arrêt ou décidait de couper l’approvisionnement en produits vers les pays qui n’en produisent pas, que se passerait-il? Pis encore les pays touchés seraient des pays comme la France, des puissances qui pourraient être désarmées économiquement et craindre pour leur souveraineté. La crise sanitaire de Covid-19 est donc un révélateur de cette dépendance: par exemple la France ou les États-Unis en pénurie de masques (et autres) doivent attendre que les Chinois envoient les commandes. C’est là un parfait exemple du poids de la Chine et de son influence.

L’épidémie de Covid-19 a changé la donne et a peut-être mis à jour la «sinisation» du monde. Cette crise met donc en lumière le fait que la mondialisation a accrue la dépendance des pays à la Chine. Il est indéniable que cette pandémie a fragilisé les pays développés qui se croyaient à l’abri de toute crise sanitaire, mais a surtout révélé les failles de leur propre système.

Il reste que la Chine a une grande carte à jouer afin de tenir son rang d’«usine du monde» et son «cap 2049» car si les pays occidentaux décident de relocaliser leur productions sur leur territoire, la Chine perdrait de son poids, surtout en Europe. Pour Pékin, l’enjeu est double: conquérir de nouveaux marchés et répondre à la demande européenne sans les irriter. Du point de vue diplomatique, elle doit maintenir sa politique de «soft power».

Enfin, Washington accuse désormais Pékin d’avoir propagé le virus involontairement et d’avoir caché la vérité sur le Covid-19. De fait, dès la mi-avril les services de renseignements américains pensent que le virus a pu s’échapper d’un laboratoire à Wuhan et demandent aux Chinois de «s’expliquer sur l’origine du virus».

 

Conclusion: Perspectives?

La Chine est sans aucun doute un paradoxe. Son évolution depuis Mao Zedong est incontestable et les réformes entreprises depuis 1949 ont profondément modifié les structures politiques, économiques et sociales du pays mais aussi son statut dans la géopolitique des grandes puissances. Si Mao Zedong est le père spirituel de la nation chinoise, Deng Xiaoping est sans conteste le père économique de cette nation. Tout en préservant les mécanismes établis par le Parti communiste chinois en 1949 il a libéralisé l’économie. Cette audacieuse réforme, en contradiction avec la pensée communiste, est antinomique, et c’est cet équilibre entre les deux qui fait de la Chine un mystère. La Chine se hisse désormais au rang des grandes puissances et occupe la deuxième place du point de vue économique. Grâce à cela le pays a réussi à conforter son rôle politique régional et international. L’ère Xi Jinping s’inscrit dans une continuité: tout en accélérant la politique économique du pays le système politique autoritaire s’est renforcé.

Alors que l’influence économique chinoise semblait atteindre ses limites depuis 2017-2018 et que l’image de son régime politique apparaissait problématique aux yeux des occidentaux, la pandémie pourrait changer la donne. Malgré toutes les suspicions que son régime procure aux Occidentaux, force est de constater que ce pays a réussi à ralentir la propagation du virus. Désormais centre névralgique du monde, le pays apparait plus fort que jamais.

Par ailleurs, selon le spécialiste de la Chine, Antoine Bondaz, «[…] cette crise est intéressante, car elle voit la Chine utiliser habilement les outils mis en place ces dernières années: le rôle des médias d’État à l’étranger, l’intervention des diplomates sur Twitter, etc. Rappelons qu’en août 2013, Xi Jinping déclarait déjà: «Nous devons mener le travail de propagande externe afin de mieux raconter l’histoire de la Chine et de faire entendre la voix de la Chine». Cette expression répond à une stratégie structurée pour permettre à Pékin de contrôler le narratif international.».

Bien que la Chine semble être sortie de cette crise, une deuxième vague de l’épidémie touche le nord du pays. À l’international, elle est soupçonnée d’avoir dissimuler l’apparition du virus fin 2109 et accusée d’avoir provoqué l’épidémie involontairement. Le président français a même déclaré en avril que «[…]des choses se sont produites que nous ne savons pas». Le comble pour Pékin est la réussite de la gestion de la crise du coronavirus par la petite protégée des États-Unis, Taïwan.

Enfin, la guerre commerciale entre Washington et Pékin est loin de s’éteindre mais pour l’heure le président Trump subit une double crise: sanitaire et économique.      

Ce qui est certain c’est qu’avec une Chine suspecte, une Europe mitigée et une Amérique en crise, les cartes sont redistribuées.

 

Bibliographie

Webographie

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Bibliographie

- Cabestan Jean-Pierre, Demain la Chine: Démocratie ou dictature, Gallimard, 2018.

- Cabestan Jean-Pierre, Le système politique chinois. Un nouvel équilibre autoritaire, Presses de Sciences Po, 2014.

- Cabestan Jean-Pierre – Vermander Benoît, La Chine en quête de ses frontières, SciencesPo Les Presses, 2005.

- Cabestan Jean-Pierre, Le système politique de la Chine populaire, PUF, 1994.

- Duchâtel Mathieu, Géopolitique de la Chine, Que sais-je?, 2019.

- Gobart Thomas, L’affolement du monde, 10 enjeux géopolitiques, Tallandier, 2019.

- Godement François, Que veut la Chine? De Mao au capitalisme, Odile Jacob, 2012.

- Haski Pierre, Géopolitique de la Chine, Eyrolles, 2018.

- Ming Fei Gu, La diplomatie de la Chine, L’Harmatan, 2019.

- Paulès Xavier, La République de Chine (1911-1949), Les Belles lettres, 2019.

- Raffarin Jean-Pierre – Leblanc Claude, Chine le grand paradoxe, 2019.

- Roux Alain – Xiao-Planes XiaoHong, Histoire de la République de Chine, Armand Colin, collection U, 2018.

- Roux Alain, La Chine au XXe siècle, Armand Colin Campus, 2001.

 

Articles

- Huchet Jean-François, Forces et limites de l’influence économique de la Chine, In La Découverte «Hérodote» 2013/4 n° 151 | pages 164 à 185.

- Huchet Jean-François, La politique étrangère de la Chine sous Xi Jinping, In La Découverte «Hérodote» 2013/4 n° 150 | pages 172 à 190.

 

 

 

[1]-   «Zhong Guo», littéralement veut dire «pays du milieu», c’est le nom chinois de la Chine. Avant la formation de la Chine impériale au IIIe siècle avant J.-C., les plus anciens se désignèrent sous l’appellation «États du milieu». cf Pierre Haski, Geopolitique de la Chine, Eyrolles, 2018.

 

[2]-   Voir:https://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/les_mandchous_des_nomades_devenus_maitres_de_la_chine.asp: «(…) illustré par la prise de Pékin en 1644, aboutit à la proclamation de la dernière des dynasties impériales, celle des Qing, connue également sous le nom de dynastie mandchoue (1636-1911)».

 

[3]-   Jean-Pierre Raffarin – Claude Leblanc, Chine le grand paradoxe, Michel Laffon, 2019, p.15.

 

[4]-   Deng Xiaoping, militant communiste de la première heure, va prendre le pouvoir en 1978, il va faire entrer la République populaire de Chine dans l’économie socialiste de marché...

 

[5]-   Thomas Gobart, L’affolement du monde, 10 enjeux géopolitiques, Tallandier, 2019, p.36.

 

[6]-   https://www.businessinsider.fr/voici-les-25-pays-les-plus-puissants-du-monde/#25-belgique.

 

[7]-   Mathieu Duchâtel, Géopolitique de la Chine, Que sais-je?, 2019, p.13.

 

[8]-   Alain Roux – Xiaohong Xiao-Planes, Histoire de la République de Chine, Armand Colin, Collection U, 2018, p.15.

 

[9]-   «Enrichir le pays et le rendre militairement puissant» est la devise de Mao Zedong. Pour lui, le salut national ne peut être atteint que par une transformation radicale de la société. Sa conception de la guerre devait inclure de la volonté, du courage, et de la ruse. Les raisons devaient renforcer ce sentiment.

 

[10]-  Une autre caractéristique de la pensée de Mao est la théorie du «romantisme révolutionnaire» développé en Chine à partir de 1958. Ce romantisme révolutionnaire se définit ainsi: «… s’efforcer de voir dans la vie des choses nouvelles, s’efforcer d’être habile à refléter les choses nouvelles et à les aider à se développer».

 

[11]-  Homme politique soviétique, Nikita Khrouchtchev fut au pouvoir de 1958 à 1964.En 1953, il succède à Staline comme premier secrétaire du Parti communiste d’URSS et mène une politique de “déstalinisation”, dénonçant le culte de la personnalité instauré par son prédécesseur. Khrouchtchev devient Premier ministre en 1958, mais ses réformes agricoles sont un échec, de même que sa politique étrangère, qui mène à la crise des missiles de Cuba. Il est donc démis de ses fonctions en 1964.

 

[12]-  Mathieu Duchâtel, Géopolitique de la Chine, Que sais-je?, 2019, p.8 du chapitre II (version numérique).

 

[13]-  Pierre Haski, Géopolitique de la Chine, Eyrolles, 2018, Fiche 7, p 1 (version numérique).

 

[14]-  Mathieu Duchâtel, Géopolitique de la Chine, Que sais-je?, 2019, p.11 du chapitre I (version numérique).

 

[15]-  Ibid.

 

[16]-  Ibid, p.13 du chapitre I (version numérique).

 

[17]-  Jean-François Huchet, Forces et limites de l’influence économique de la Chine, In La Découverte Hérodote  2013/4 n° 151, pp.164-185, p.167.

 

[18]-  Jean-François Huchet, Forces et limites de l’influence économique de la Chine, In La Découverte Hérodote 2013/4 n° 151, pp.164-185, p.168.

 

[19]-  APEC: Asian Pacific Cooperation.

 

[20]-  ASEAN: L’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE ou ASEAN) est une organisation politique, économique et culturelle regroupant dix pays d’Asie du Sud-Est.

 

[21]-  Jean-François Huchet, Forces et limites de l’influence économique de la Chine, In La Découverte Hérodote 2013/4 n° 151, pp.164-185, p.169.

 

[22]-  Pierre Haski, Géopolitique de la Chine, Eyrolles, 2018, Fiche 14, p 1 (version numérique).

 

[23]-  https://www.cairn.info/apres-la-crise--9782845864573-page-235.html.

 

[24]-  Jean-François Huchet, Forces et limites de l’influence économique de la Chine, In La Découverte Hérodote 2013/4 n° 151, pp.164-185, p.177.

 

[25]-  Ibid, p.179.

 

[26]-  Thomas Gobart, L’affolement du monde, 10 enjeux géopolitiques, Tallandier, 2019, p.27.

 

[27]-  Ibid, p.41.

 

[28]-  Ibid, p.44.

 

[29]-  Voir:https://www.lefigaro.fr/societes/2019/01/14/20005-20190114ARTFIG00240-exportations-en-baisse- ventes -de-voiture-en-recul8230-la-chine-s-essouffle.php.

 

[30]-  https://www.lefigaro.fr/economie/le-scan-eco/dessous-chiffres/2019/03/22/29006-20190322ARTFIG00003--quel-point-sommes-nous-dependants-de-l-economie-chinoise.php.

 

[31]-  https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-mot-de-l-eco/le-mot-de-l-eco-leconomie-mondiale-dependante-de-la-chine_3826615.html.

 

[32]-  Dans les années quatre-vingts, les entreprises de médicaments ont préféré délocaliser leurs usines en Asie et garder les activités de recherches et de développement. Les laboratoires achètent en Chine en vrac une partie de leurs composants: vaccins, anticancéreux, aspirine, ibuprofène etc.

Pour plus de détails voir https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-decryptage-eco/le-decryptage-eco-medicaments-et-crise-du-coronavirus-la-chine-est-la-boite-a-pharmacie-du-monde_3825043.html.

 

الصين: مصنع المستقبل

تحتل الصين بقعة جغرافية هائلة على الكرة الأرضية، وتعد حضارتها بين الحضارات الأربعة الأقدم في العالم.

وقد اتسم تاريخ الصين بالنظام الإمبراطوري كما ببعض الثورات والاحتلالات. وقد عرفت البلاد فترة من عدم الاستقرار في نهاية القرن التاسع عشر وبداية القرن العشرين، إلى أن دخلت في مرحلة الاستقرار بدءًا من العام 1949 مع نشوء جمهورية الصين الشعبية على يد ماوتسي تونغ واعتماد النظام الاشتراكي.

في المرحلة الأولى عرفت البلاد العزلة لغاية العام 1970، وعلى الرغم من كل التحديث سار جو من الجوع بين المواطنين.

وكان لا بد من انتظار العام 1978 مع اعتماد سياسة الانفتاح، والتي دفعت بالبلاد نحو نمو اقتصادي، وقد اختارت الصين منحى العولمة. وقد تخلى دينج شياوبينج عن السياسات الماوسية واعتمد سياسة الانفتاح على التجارة العالمية والاستثمارات الخارجية بالإضافة إلى خلق مناطق اقتصادية خاصة. إنها سياسة الأبواب المفتوحة والتي حدت إلى زيادة مداخيل البلاد وجعلها قوة عظمى.

إن هذا النموذج يستند إلى التوازن بين قوة الهوية الوطنية باعتمادها على سلطة موحدة والسرعة في الصناعة. وبالطبع إن القوة الاقتصادية من الأولويات المطلقة.

تقع الصين اليوم في المرتبة الثالثة عالميًا وبين الدول العظمى والثانية اقتصاديًا. يبلغ عدد السكان فيها 1,393 مليار نسمة وعلى الرغم من انفتاحها الاقتصادي يبقى النظام فيها تقليديًا وهذا ما يدل على التناقض فيها.

تفسر هذا التناقض عدة عوامل, منها وجود نظام سياسي تقليدي مبني على العقيدة الشيوعية وسوق اقتصادي متكيف مع العولمة ، وشعب حيوي. إن التحولات التي دفعت بالبلاد إلى التطور خلال عقدَين من الزمن أدت إلى اعتبار الصين من قبل البعض "مصنع العالم".

إن هذا النمط قد تتابع مع القائد الجديد شي جين بنيغ من حيث التشدد في الاستبداد السياسي والتحرر بالسياسة الاقتصادية، وأصبحت الصين تطمع إلى ولوج المرتبة الأولى في العالم. ولكن من دون شك أن الجائحة الحالية الناجمة عن مرض الكورونا قد تعرّض هذا التوازن إلى إعادة ترتيب جديد.