La Modernisation de L’Etat au Liban: par ou commencer ?

La Modernisation de L’Etat au Liban: par ou commencer ?
Préparé par: Dr. Georges Labaki
Professeur d’université La Sagesse

Introduction

La modernisation de l’administration publique est désormais associée à une redéfinition des responsabilités de l’État et de ses missions essentielles. Elle vise à améliorer l’accès des usagers au service public, la rationalisation des structures étatiques, la promotion d’un système de recrutement basé sur le mérite et la modernisation de la gestion des ressources humaines[1]. Cette modernisation de l’administration publique exige la présence de structure institutionnelle spécifique comme par exemple un ministère spécifique ou un Secrétariat d’état comme en France[2], La modernisation de l’administration publique au Liban constitue un problème majeur qui influence la situation économique, financière et sociale du pays. Elle exige l’adoption d’un certain nombre de mesure comme la définition du rôle de l’état, la relation entre le pouvoir politique et l’administration publique, l’adoption des principes du management public, l’analyse des politiques publiques et de la transformation numérique et surtout un changement d’état d’esprit.

 

I- La problématique de la modernisation de l’état au Liban

Le Qaimacamat et la Moutassarifia du Mont-Liban marque les débuts de l’Administration moderne au Liban. Mais les fondements véritables de l’administration moderne au Liban remonte indéniablement au Mandat français qui a modernisé les structures étatiques du pays en adoptant une nouvelle Constitution-la première dans le monde Arabe- les structures administratives d’un état moderne, le cadastre, des législations modern et le développement de l’enseignement publique. La période de l’indépendance est de façon générale marquée par une croissance du clientélisme politique et une érosion continue de l’état de droit à quelques exceptions prés. Sous la présidence de Camille Chamoun (1952-1958), le Liban a enregistré une grande croissance économique. Toutefois, les tentatives de réformes administratives échouèrent en l’absence d’une structure spécialisée chargée de les mettre en œuvre et de les appliquer.

Les véritables réformes administratives auront lieu sous la présidence du Général Fouad Chéhab (1958-1964) par des voies d’exceptions au moyen des décrets législatifs qui permettent d’adopter les projets de lois après une période de 40 jours si le Parlement ne les examine pas ou n’entame pas leur examen, Ainsi, durant la période allant du 12 décembre 1958 au 12 juin 1959 -dernier jour des pleins pouvoirs du gouvernement de l’époque- 162 décrets législatifs ont été promulgués dont 60 concernent spécifiquement la réforme administrative. Ils prévoient notamment la création d’un Conseil de la fonction publique, d’une Inspection centrale, une réorganisation administrative du pays, une Direction générale de la statistique, une Ecole nationale d’administration et de développement et d’autres institutions modernes. La technique du décret législatif sera utilisée à très grande échelle jusqu’aux amendements constitutionnels de 1990 date à laquelle elle deviendra plus restrictive. Il faut également mentionner également la présidence d”Elias Sarkis (1976-1982) qui accomplira la lourde tâche de relèvement de l’administration publique après son effondrement total en raison de la guerre.  Personnage hautement intègre le Président Sarkis constituera d’énormes réserves en devises et en or auprès de la Banque centrale. De nos jours, les réserves en or constituent un atout important dans la stabilité financière du pays.

 

1- Le modèle wébérien est-il adapté à la situation libanaise ?

Les échecs des réformes de l’administration publique au Liban et sa faible performance soulèvent une profonde problématique. La question fondamentale est relative à la possibilité de l’application du modèle bureaucratique Wébérien dans les pays en voie de développement dont le Liban fait partie. Il faut souligner à cet égard que le fonctionnement du modèle Wébérien repose sur les principes suivants : les règles de droit, l’impersonnalité des fonctions, la neutralité des fonctionnaires, la description des tâches à accomplir[3], le recrutement du personnel sur la base de ses compétences, le respect de procédures et l’importance du contrôle hiérarchique et la rationalité.

Dans le modèle Wébérien, les fonctionnaires sont soumises à une autorité uniquement dans le cadre de leurs obligations et fonctions officielles et obéissent à une autorité hiérarchique stricte qui opère de haut en bas. En outre, chaque emploi a une sphère de compétences clairement définie l’emploi étant occupé sur la base d’un contrat clair. Ils doivent opérer leur tâche avec un neutralité absolue[4], Pour Max Weber, l’évolution des sociétés et la modernité se définissent par deux traits majeurs : la rationalisation et l’intellectualisation de la vie sociale dont l’excès de procédures conduit à une forme bureaucratie et à un désenchantement de la société car les actions des individus ne sont plus conduites sous l’impulsion des passions mais sous celle de la rationalité. Or, cette rationalisation s’applique-t-elle aux pays soumis à un régime patriarcal, et à des allégeances communautaires, avec une faible conscience citoyenne?

Selon Fred Riggs, le fondateur des études en administration publique comparée, le modèle Wébérien n’est pas applicable aux pays en voie de développement qui ont vu le jour après la deuxième guerre mondiale, car selon lui, les structures administratives de ces pays ne possèdent pas l’autonomie assumée ou requise dans le modèle Wébérien pour en assurer le succès. Riggs ajoute que le modèle Wébérien n’est applicable que dans un environnement idéal sous contrôle[5].

Il ajoute que les sociétés traditionnelles utilisent moins de structures pour accomplir les tâches de l’administration publique car ces sociétés sont moins structurées que les sociétés industrielles dotés d’organisations spécifiques accomplissant des taches précises et détaillées. 

Poussant plus loin son analyse, Riggs parle de formalisme. Selon cette théorie, les chefs des pays en transition ont adopté les structures administratives et les modèles des institutions et des entreprises publiques des pays industrialisés. Parallèlement, les pays en transition ou en développement interdirent les anciennes pratiques administratives traditionnelles. Riggs ajoute que ces pratiques sont demeurées vivantes sous une façade de pratiques importées des pays industrialisés. Par conséquent, Riggs conclut  qu’il n’existe pas une administration publique universelle mais plutôt une administration publique influencée par les normes culturelles et les traditions des pays où elle est pratiquée.

Le sociologue Warens Bennis va dans ce sens. Il précise que chaque génération possède sa propre bureaucratie et ses structures administratives en accord avec ses besoins, ses coutumes, et ses traditions. Toutes ces dernières seront remplacées et réaménagées quand un nouvel âge ou une nouvelle période arrive. [6] Au-delà de l’avis de Riggs et de Warens la question de la relation entre modernité et de la tradition reste ouverte. En effet, toute modernisation doit tenir compte du moule culturel prévalent surtout dans les sociétés traditionnelles.

Dans le même ordre d’idée, les changements technologiques modernes comme l’avènement de l’internet ont réduit les barrières bureaucratiques, introduit plus de transparence, séparé entre usage du service public e les fonctionnaires de ces services et introduit de nouvelles formes d’organisation de l’administration publique la rendant plus efficace, plus flexible et démocratique et performante. On passe du centralisme prôné par Weber à des connexions par réseau dans un cadre de mondialisation qui est robuste et non rigide. L’institution publique devient plus flexible et connectée sur le secteur privé et sur la société civile

 

2- L’Administration publique et la politique

A l’origine, l’administration publique était une sous- spécialité des sciences politiques. Elle est devenue une branche indépendante en 1887. Toutefois, il existe une corrélation étroite entre science politique et administration publique au niveau de l’élaboration des politiques publiques (policy process). Au niveau de l’état, le pouvoir politique domine les trois premières étapes des politiques publiques à savoir: la préparation de l’agenda, la formulation et l’adoption. En principe, l’administration publique domine les deux étapes suivantes : la mise en œuvre et l’évaluation.

En principe, le rôle du pouvoir politique devrait se terminer avec l’adoption des politiques publiques pour laisser la place à l’administration publique. Or, le vote des crédits budgétaires qui conditionne l’exécution des politiques publiques est éminemment politique. La retenue des fonds public rend impossible l’accomplissement du service public. Il est donc clair que la politique précède et commande le service public car elle possède un levier puissant sur le service public. 

D’autre part, les relations entre le personnel politique –le ministre- et l’administration s’est basée sur la conception de Weber et de Wolbrom Wilson selon laquelle le ministre décide, l’administration exécute. Selon cette conception, l’administration devient subordonnée au pouvoir publique qui décide seul les politiques publiques et confie l’exécution à l’administration publique qui doit rester neutre. Toutefois, cette structure ne résiste pas à la réalité une fois mise en œuvre car d’un côté les administrateurs au vu de leur expérience managériale se doivent parfois d’intervenir dans l’élaboration des politiques et des prises de décisions alors que les politiques s’acharnent à défendre leurs prérogatives. Une des solutions envisageables serait de créer des agences exécutives autonomes qui dissocient au plan organisationnel entre les tâches de conception confiées aux ministres et les taches d’exécutions confiées à des fonctionnaires plus autonomes mais responsables dès leur gestion et de leur performance. Cette conception substitute aux liens hiérarchiques, un accord basé sur un contrat.de management signé entre le ministre et l’agence autonome qui définit les modalités et les critères selon laquelle la performance de l’agence sera évaluée.

Ainsi, les acteurs politiques se concentreraient sur les grandes orientations stratégiques et politiques alors que les fonctionnaires seront responsables de leurs actions. Un tel système à l’avantage de réduire l’intervention direct du pouvoir politique dans la gestion quotidienne des services publics même s’il ne résout pas totalement les problèmes car les hauts fonctionnaires sont nommés à leur poste par le pouvoir politique sans oublier l’intervention des cabinets ministérielles dans le management des services publics.

 

3- Une loi de transformation de l’administration publique

Les grands axes de la modernisation de l’administration publique sont :

-L’amélioration du fonctionnement de l’administration pour assurer l’efficacité de l’action administrative et la qualité de la gestion publique. Il est urgent d’améliorer les performances de l’administration à travers le meilleur emploi des fonds publics. Il s’agit de répondre aux critiques récurrentes sur l’inefficacité supposée des rouages administratifs, les lenteurs de l’administration et son coût

L’amélioration des relations entre l’administration et les administrés et des services rendus aux citoyens. Cela exige un meilleur accueil des usagers, la simplification des formalités et des procédures administratives comme par exemple l’adoption du guichet unique, le développement de l’administration électronique et de la transformation digitale et digitale, le renforcement des droits des citoyens face à l’administration (ex: droit d’accès aux documents administratifs) et l’adoption d’une politique de transparence et la modernisation des lois sur les achats publics.

-La restructuration de l’administration publique à travers la refonte des institutions et des agences publiques et le dégraissage des effectifs non nécessaire à leur fonctionnement.

Il est important d’adopter une loi cadre sur la transformation de l’administration publique Cette loi devra fixer les grands axes de la réforme administrative, les moyens de sa mise en œuvre et la création d’institution chargée d’opérer cette transformation. Les principaux aménagements à apporter sont :

-L’analyse de politiques publiques

-La planification stratégique

-Le formation des décideurs publics

-Le renforcement du rôle du Parlement

-La promotion de l’esprit citoyen

-La décentralisation

-La transformation numérique

-Le leadership

Dans le but d’exécuter ses tâches, un nouvel état d’esprit est nécessaire dans le secteur public surtout au niveau du leadership. Les changements nécessaires à ce niveau sont :

-La créativité qui exige une grande capacité de travailler avec le secteur privé, la société civile et les différentes couches de la société. Les managers publics doivent être talentueux, et capables non seulement d’organiser mais doivent pouvoir travailler à la fois avec le secteur public et le secteur privé.

-La résilience qui exige une grande volonté et une détermination face aux enjeux de plus en plus cruciaux qui caractérisent la société moderne comme les pandémies et les retombées de la mondialisation et les exigences des citoyens.

-La vision qui doit inclure non seulement une grande capacité organisationnelle mais également le pouvoir de travailler et d’établir des réseaux (networking), -Ils doivent être expert dans la gestion du pays

-La capacité de contrôler les couts car les déficits publics s’accroissent face à des exigences financières de plus en plus importantes pour opèrera le service public.

-La capacité d’utilisation des technologies modernes comme l’Internet et les réseaux sociaux qui établissent un contact direct avec les citoyens et les usages du service public. Le manager doit rester au courant des nouvelles technologies et de leurs possibilités techniques de plus en développées. Il doit assumer la responsabilité de comprendre ce que la technologie peut faire dans la poursuite de ses objectifs managériaux et de les intégrer dans la structure organisationnelle de l’administration en étant prêt à réinventer l’organisation en travaillant de concert avec les citoyens,

En effet, la technologie modifiera également la taille, la forme et la composition de l’emploi des organisations du secteur public. À mesure que les technologies numériques et de la quatrième révolution industrielle se généraliseront, le nombre de personnes engagées dans des tâches administratives telles que la saisie de données diminuera considérablement, tandis que le nombre d’experts qualifiés en numérique et en intelligence artificielle augmentera. La perte d’emplois administratifs au profit de l’automatisation se fera au moyen d’un processus progressif et croissant au cours duquel le personnel administratif devra être en mesure de développer ses compétences dans ce domaine. Cela dit, la gestion du déploiement de l’intelligence artificielle obligera de nombreux dirigeants du secteur public à entreprendre d’importantes restructuration, avec toutes les difficultés et les choix difficiles que cela implique.

-La possession du sens de l’inclusion. En effet, les dirigeants ou les managers doivent donnent leur cachet à l’organisation et encourager les personnes les plus performantes. En d’autres termes, il s’agit de cultiver une culture qui embrasse les différentes façons de travailler, des objectifs derrière lesquels les fonctionnaires peuvent se rallier et un engagement à fournir un environnement qui accueille tout le monde. En effet, les managers ou les décideurs ont besoin de personnes autour d’eux en qui ils peuvent avoir confiance. Ils doivent entretenir des relations avec des personnes honnêtes et qualifiées. Les managers doivent investir du temps et de l’énergie pour les construire.

-Développer un réseau d’influence car au fur et à mesure que le secteur public devient plus collaboratif, les meilleurs leaders seront en mesure d’exercer une influence au-delà des limites de leur propre hiérarchie. Les leaders les plus efficaces seront fortement connectés car les effectifs gouvernementaux travaillent de plus en plus de manière flexible, à distance et au-delà des frontières organisationnelles, les dirigeants devront maintenir leur visibilité dans l’organisation en l’adaptant à cette réalité.

 

II- L’évaluation des politiques publiques 

L’évaluation des politiques publiques a vu le jour aux Etats-Unis dans les années soixante du XXème siècle. Elle constitue un des instruments majeurs pour la réforme de l’état. Elle consiste à mesurer les effets des activités menées par les institutions politiques afin de mener rationaliser l’action publique et de moderniser l’état et les agences publiques. Il s’agit de vérifier que la mise en œuvre des objectifs des institutions publiques ont été bien réalisé. Cette analyse exige la mise en œuvre d\indicateurs parfois chiffrés d’analyses de la performance,

L’évaluation fait intervenir le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif comme par exemple la Cour des comptes, le Parlement, l’inspection centrale et les agences d’évaluation des politiques publiques. Les principaux critères de l’évaluation sont : l’atteinte des objectifs, la pertinence, la cohérence, l’efficacité, l’efficience, la performance et l’impact des politiques publiques.

Pour être efficace cette évaluation exige un certain nombre de conditions comme le développement d’une culture de l’évaluation, une formation des parlementaires et du personnel chargé de l’évaluation dans le pouvoir exécutif et un suivi pour la mise en œuvre des résultats de l’évaluation.

 L’importance prise par l’évaluation des politiques publiques en fait aujourd’hui un enjeu démocratique, économique et social. Mais la technicité des outils et du langage requis pour mener à bien ces expertises est un obstacle important à l’appropriation de leurs conclusions

Il est impérieux d’adopter une évaluation des politiques publiques au Liban car on dénote souvent l’existence d’agences et d’administrations publiques qui n’ont plus une raison d’être et qui enregistrent d’énormes déficits financiers. L’évaluation des politiques publiques contribue à pousser vers des reformes spécialement en présence d’une opinion publique exigeante. Le role du Parlement est crucial dans ce processus.

 

1-Le rôle du Parlement

Le Parlement est appelé à mieux surveiller et contrôle le pouvoir exécutif. Or, il s’avère en règle générale que le Parlement peine à surveiller l’administration publique rattaché au pouvoir exécutif. Il est donc important de développer le rôle du Parlement surtout dans les questions techniques, budgétaires et au niveau de l’administrative publique. Ainsi, au Etats-Unis la Cours de comptes (The General Accounting Office) surveille les comptes publics et constitue un acteur central dans l’évaluation des politiques publiques au niveaux qualitatif et quantitatif. En outre, le Sénat américain confirme les hauts responsables nommés par le pouvoir exécutif dans leurs fonctions et possède le pouvoir de les questionner selon la technique du hearing sur leurs actions professionnelles. Il est donc vital de prévoir des structures qui renforcent le rôle de surveillance de l’administration publique par le pouvoir législatif. Beaucoup de pays comme la France et l’Angleterre ont adopté des structures qui renforcent le pouvoir de contrôle du Parlement en fournissant une assistance technique et un suivi continu dans ce domaine.

Parallèlement, cette assistance technique donne au Parlement les moyens techniques de poursuite de l’application réelle de lois votées et d’exiger des rapports continus et permanents du pouvoir exécutif à ce propos.

D’autre part, l’application de beaucoup de lois est lié à l’adoption de décrets d’application et à la nomination des conseils exécutifs prévus dans ces lois. Le rôle de surveillance du Parlement doit être renforcé dans ce domaine.

 

2-La planification stratégique

La planification stratégique comme outil de développement des organisations s’est développé à partir des années cinquante du XXème siècle. Elle transpose l’administration publique d’une administration bâtie entièrement sur une base juridique à savoir les lois et les règlements à une administration comme outil de développement et de performance. En effet, la planification stratégique est le processus qui permet aux institutions publiques d’élaborer et de mettre en œuvre des stratégies pour accomplir des visions, des missions et des objectifs. La planification stratégique comporte quatre éléments fondamentaux : l’étude de l’environnement de l’organisation et des défis à laquelle l’administration doit faire face, l’élaboration d’une stratégie basée sur une vision et une mission claire, l’exécution de la stratégie et son évaluation continue intérieurement et extérieurement. La planification stratégique est un processus continu par lequel l’administration en question analyse son état présent, prépare des stratégies, travaille à assurer leur mise en œuvre. Pour accomplir ces taches, les institutions publiques doivent : développer une vision claire en prenant en compte la culture et les valeurs l’organisation, décliner cette vision en objectifs clairs à accomplir sur le cours, moyen et long termes, impliquer tous les membres de l’organisation en commençant du haut de la hiérarchie pour développer une vision unifiée de la stratégie pour gagner l’engagement de tous ses membres à partir du sommet.

L’introduction de la planification stratégique est vitale pour améliorer la performance du secteur publique libanais qui se trouve actuellement confiné à l’exécution de tâches routinières dont on ne peut pas toujours mesurer la pertinence et l’utilité. Chaque département se doit d’avoir un plan stratégique qui doit s’inscrire dans celle de toute l’institution. 

L’OMSAR (le Bureau du Ministre de la réforme de l’administration publique) est le premier ministère qui a établi un guide pour la préparation des plans stratégiques et a fourni une assistance pour les ministères et les administrations publiques qui le désirent. Le plan stratégique proposé par l’OMSAR se compose des parties suivantes : la mission, la vision, les valeurs, l’analyse SWOT, l’environnement (PESTEL), les acteurs, les objectifs stratégiques et secondaires, les indicateurs de performance, la cohérence, les initiatives et les projets, le suivi et l’évaluation, les alternatives et les plans d’urgence.

Il faut indiquer également l’importance de la culture dans la planification stratégique. En effet, la culture doit être intégrée au sein de la vision de l’administration réside également dans sa capacité à améliorer son efficacité et son efficience. Compte tenu de l’impact et l’importance de la culture organisationnelle dans la planification stratégique, il faut faire évoluer la culture de l’administration tout en développant et en appliquant une stratégie mise à jour ou améliorée continuellement. Cela exige un changement de cap au niveau politique ou administratif.

 

3-La décentralisation

La décentralisation administrative au niveau du Qadda (sous-département) a été adoptée dans les accords de Taef et les amendements constitutionnels de 1990. Toutefois, elle peine à se mettre en place. Or, la décentralisation offre de nombreux atouts pour le pays et pour ses citoyens. Il faut mentionner que tous les pays modernes ont adopté la décentralisation même ceux à tradition centralisatrice comme la France.

La décentralisation offre des avantages encore plus important au niveau institutionnel libanais car elle permet d’éviter les goulots d’étranglement qui renvoient souvent aux calanques grecques la prise de décisions administratives. Il vaudrait mieux résoudre des problèmes administratifs au bas de la hiérarchie plutôt que de les transposer au sommet de l’état et de paralyser ou au mieux de prolonger la prise de décision.

Cette situation est d’autant plus difficile que les réformes Chehabiennes toujours en vigueur après leur adoption au siècle dernier sont bâtis sur des normes juridiques rigides centralisées qui laissent peu de place aux initiatives personnelles et qui favorisent un contrôle de légalité plutôt qu’un contrôle d’opportunité. En outre, ces législations empêchent la mobilité dans le secteur public ou au mieux la rende difficile.

La modernisation de l’administration publique devra inclure au niveau organisationnel et juridique:

-La simplification administrative qui profiterait beaucoup au citoyens

- la restructuration des administrations publiques et spécialement de la loi de la fonction publique et de ses diverses catégories au nombre de cinq et leur réduction à trois catégories.

-Une refonte du budget et sa transformation en un budget de programme qui comporterait également une obligation de réduction de la dette publique et une analyse permanent des dépenses fiscales et de leur pertinence.

-Un retour à une politique budgétaire qui investit dans les projets d’investissement (developmental state) qui développent l’économie et assure des recettes fiscales à l’Etat.

 

III -La transformation numérique

La grande révolution de la technologie numérique s’est étendue à tous les secteurs de la vie économique et sociale. Cette intégration de la technologie haut de gamme dans tous les aspects de leur vie quotidienne a poussé les citoyens à exiger de leur gouvernement à faire de même en rejoignant le vaste monde numérique. En effet, le concept de gouvernement numérique est très pratique et efficace. Il facilite la vie des usagers en leur évitent de longs déplacements et en diminuant les chances de corruption des agents publics car il sépare physiquement les usagers des fonctionnaires. A ce propos, le gouvernement digital prend de l’ampleur tous les jours et commence rapidement à gagner les pays. Développés ou en voie de développement. D’ailleurs, une stratégie du numérique vient d’être publié au Liban.

 

a-L’Adoption d’une politique publique du numérique

Un gouvernement numérique peut être défini comme la fourniture d’informations et de services au sein du secteur public et entre le gouvernement et le public par le biais des technologies de l’information et de la communication. Au départ, les gouvernements doivent définir leurs priorités en la matière à la lumière de leurs capacité financières et techniques. Il est conseillé de créer une agence en charge du programme numérique et dans la même perspective un portail unique pour le gouvernement numérique. La prise de conscience de l’importance du numérique est cruciale. Les fonctionnaires devraient être informés des progrès technologiques et poussés à saisir les opportunités qu’ils offrent.

Afin d’obtenir un gouvernement numérique efficace, il est important de veiller 4 l’unification des informations et la synchronisation des d’équipements des administrations publiques ce qui est un avantage de taille. C’est pourquoi l’agence en charge du numérique devra s’assurer que les opérations sont harmonisées et fonctionnelles. Il est important de former des équipes pour s’assurer que les objectifs du projet numérique sont atteints.

 

b-Modèles de prestation

Les principaux modèles de prestation du gouvernement numérique peuvent être divisés en quatre. Il s’agit de : la relation du gouvernement au citoyen, de la relation du gouvernement avec le monde des affaires, de la relation entre les différents services du gouvernement de gouvernement à gouvernement et de la relation entre les fonctionnaires du gouvernement et le gouvernement. Le modèle relation gouvernent /citoyen consiste à mettre en place des sites sur Web où les citoyens peuvent télécharger formulaires et information. Afin de réaliser le modèle de gouvernance numérique, l’État doit passer par un processus divisé en quatre étapes : (1) le stade de panneaux d’affichage, (2) une prestation de services partielle (3) un portail services intégrés et enfin (4) la partie interactive qui permet l’interaction entre l’usager et le service public.

Ce concept novateur permet aux citoyens d’accéder aux services du gouvernement sur leurs appareils mobiles et de faire des transactions en ligne. Le gouvernement numérique permet la production et la diffusion de l’information et des services à l’intérieur du gouvernement. Il représente une chance pour la modernisation de l’administration publique libanaise.

 

c-Les défis de l’introduction du gouvernement numérique

Dans le processus de passage vers un gouvernement numérique réussi, l’État rencontre plusieurs défis. Ces défis sont d’ordre techniques, culturels, juridiques et politiques.

Au niveau technique, il faudrait connecter tout le pays surtout les régions éloignées. De même, il s’agit de former les citoyens à l’emploi du numérique sans oublier le défi des personnes âgées, qui n’ont pas la compétence technique de base (ou alphabétisation de base) pour l’utilisation du numérique.

Au plan technique, l’infrastructure informatique est la partie initiale et la plus essentielle dans l’élaboration d’un gouvernement numérique. La question de l’exécution des différents programmes sur différentes plates-formes est l’un des problèmes plus cruciaux à aborder.

Au plan politique, les questions importantes à prendre en considération sont : l’adoption d’une politique publique du numérique et sa mise en œuvre, la formulation et la prise en compte des questions de sécurité, la fourniture des services, la nomination de l’autorité compétente et sa responsabilité et la protection des données et des droits des utilisateurs.

Enfin, sur le plan culturel, les citoyens pourraient rejeter la notion de gestion numérique pour de multiples raisons. Dans ce sens, la psychologie met un rôle majeur dans ce type de défi car les gens ont tendance à résister au changement et à rejeter un concept, qu’ils ne sont pas certains de pouvoir l’utiliser. En outre, certaines personnes pourraient se sentir que plus en sécurité si elles pouvaient être en contact direct avec la personne plutôt que de recevoir leurs services en ligne.

Enfin, les menaces sécuritaires doivent être sérieusement prise en compte. Comme la protection des renseignements personnels et les paiements en ligne qui sont une préoccupation majeure pour tous les citoyens.

 

d-Les avantages du gouvernement numérique

Malgré les défis précités, il y a des avantages majeurs à l’adoption d’un gouvernement numérique. Les trois principaux avantages de cette adoption sont: le passage de moins de temps pour effectuer les formalités officielles, le faible coût et surtout l’absence de corruption car le citoyen n’est pas en contact direct avec le fonctionnaire. Dans un premier temps, les citoyens seraient en mesure de bénéficier d’un accès simple et facile à l’information nécessaire de base de données en ligne. Cela pourrait facilement se faire à tout moment partout où ils pourraient se trouvent. Cette rapidité efficacité du gouvernement numérique le gouvernement numérique contribue à réaliser d’importantes économies budgétaires. Plutôt que d’investir de l’argent sur les annonces, ces dernières peuvent être publiés sur les plateformes officielles du gouvernement. Les économies pourraient englober également les dépenses pour la location d’immeubles, l’équipement et l’entretien des bureaux surtout que le travail à distance s’est énormément développé depuis la Covid 19. En effet, on estime de nos jours qu’une personne sur cinq dans le monde travail à domicile. Cette nouvelle réalité va survivre à la Covid 19 et va continuer à prendre de l’ampleur surtout dans l’éducation, le domaine de services et dans tous les secteurs économiques et sociaux. La transparence est également une fonction supplémentaire en matière de gouvernance numérique car les données et les informations sont tous affichés en ligne.

Un autre avantage est que les données peuvent être réutilisées pour d’autres applications, en réduisant la quantité d’effort requise par un utilisateur pour y accéder. Un autre avantage pour les organisations publiques consiste à pouvoir utiliser une quantité incroyable d’informations pour des choix plus perspicaces[7].

 

Conclusion

L’administration publique n’est que le reflet n’est que le reflet de l’Etat et du peuple. Elle sera saine quand l’Etat sera sain et quand l’individu deviendra citoyen à part entière. Dans toute approche de modernisation de l’administration publique, il faut tenir compte des facteurs sociologiques, psychologiques, culturels et politique de la société. Une des graves erreurs des institutions internationales et des donateurs internationaux est d’avoir balancé des modelés de reformes sur des bases purement économiques d’efficience et de résultats. Le recours aux associations non gouvernementales n’a pas permis de régler les vrais problèmes de fonds. 

En effet, une grande partie de ces modernisations du secteur public cessent une fois les donateurs partis pour des raisons économiques, sociales et techniques. Les contraintes de toutes sortes n’aident aucunement. En effet, certains administrateurs publics trouveront toujours les moyens de créer des obstructions de toutes sortes pour empêcher la mise en œuvre des reformes[8]. Bien entendu, il faut introduire des législations modernes visant à combattre la corruption, à reformer le système des achats publics, le management par objectifs et non seulement par la simple application des lois et des règlements. Il est impératif d’adopter les principes du management public moderne y compris la prise de décision, la gestion des ressources humaines, la performance et l’évaluation des fonctionnaires, la motivation, la planification stratégique et la formation et le recrutement des fonctionnaires sur la base des compétences et non de la mémorisation.

Ces mesures exigent une volonté nationale de les introduire et de les appliquer. Il s’agit de rétablir l’image du fonctionnaire public et de l’état à travers une politique de transparence et de rendre compte des fonctionnaires publics. Cela est non seulement faisable mais nécessaire.

Dans cette approche, les principes d’analyse des politiques publiques et de leurs pertinences et la planification stratégique conditionnent la réforme de l’administration publique. Enfin, il faut signaler l’importance de la coopération entre le secteur publie et le secteur privé. En effet, il existe une complémentarité entre les deux secteurs car la prospérité du secteur public se décline par des rentrées fiscales substantielles pour l’Etat qui les dépenses sur les investissements utiles et sur la protection sociale et le bienêtre des citoyens. Il faut tout de mettre être conscient du fait que les secteurs publics et privés ont des motivations différentes et même opposées (service public alias profit). Mais les observations empiriques ont démontré que ce partenariat s’il est conclu sur des bases justes et équitables contribuent à promouvoir l’intérêt des deux parties. Il ne s’agit en aucune façon de brader à vil prix le domaine public.

D’autre part, il est important de renouer avec un budget d’investissement et non seulement de fonctionnement. Ainsi, l’Allemagne et le Japon qui ont connu les affres de la seconde guerre mondiale ont adopté des politiques de reconstruction et d’investissements qui leurs ont permis de retrouver la croissance et le surplus.

 

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• Weber M., Le savant et le politique, 1919 (éd. fr. : Paris, Plon, 1959).

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• Peters B.G., “Politicians and Bureaucrats in the Politics of Policy-Making”, in Lane J.E., (ed.), Bureaucracy and Public Choice, London, Sage Publications, 1987 ; SVA.

 


[1]-   Depuis les années 2000, l’expression «modernisation de l’Etat” désigne les actions menées afin d’améliorer le fonctionnement de l’administration publique. Elle existait déjà dans les années 1930 pour désigner les réformes institutionnelles. La notion de modernisation de l’administration publique s’élargit car elle est dotée de structures institutionnelles : un ministre ou un secrétaire d’État et des structures à vocation interministérielle.

[2]-   En France, un décret du 30 octobre 2012 a créé le Secrétariat général pour la modernisation de l’action publique. Deux autres décrets du 20 novembre 2017 ont mis en place une nouvelle organisation pour la transformation publique et numérique de l’État. Le Secrétariat général pour la modernisation de l’action publique a été remplacé par la Direction interministérielle de la transformation publique, qui coordonne le programme «Action publique 2022», et par la  Direction interministérielle du numérique et du système d’information et de communication de l’État.

[3]-   Job description.

[4]-   Dans son ouvrage « économie et société Max Weber définit la sociologie comme une science qui se propose de comprendre par interprétation l’activité sociale et par là d’expliquer causalement son déroulement et ses effets. La sociologie de Weber est centrée sur l’explication, la compréhension et l’interprétation. Quant à l’administration publique, elle fait partie des sciences sociales mais constitue une sous-spécialité de la sociologie et s’occupe de l’étude de l’administration des sociétés.

[5]-   Fred Riggs, Administration in Developing Countries, The Ecology of Public Administration, Creative Media Partners, 2021. Le livre a été publié dans sa version originale en 1961.

[6]-   Warens Bennis, Reinventing Leadership Strategies to Empower the Organization, Harper Business, 2005.

[7]-   Les plateformes numériques décloisonnent les données détenues par l’administration, avec l’accord de l’usager, afin de lui proposer des services publics numériques quasi prêts à l’emploi.:
L’accès aux données se fera par le biais d’interfaces ouvertes.

[8]-   Durant le travail d’automatisation du secteur public libanais dans les années 1990 du siècle dernier il y a eu plusieurs barrières culturelles à l’introduction de ses reformes.

تحديث الدولة في لبنان: من أين البداية؟

د. جورج لبكي

 

إن تطوير الإدارة العامة أصبح مرتبطًا باعادة تحديد وتعريف المسؤوليات التي تقع على عاتق الدولة كما ومهمتها الأصلية.

هناك حاجة ملحة بالنسبة إلى لبنان لتطوير الإدارة العامة وجعلها تساهم في إيجاد حلول للمشاكل الاقتصادية والمالية التي تواجهها الدولة. إن عملية التطوير هذه للإدارة العامة تتطلب وجود هيكلية مؤسساتية خاصة.

فهي تقضي باعتماد عدد لا يستهان به من الإجراءات ومنها تحديد دور الدولة، العلاقة بين السلطة السياسية والإدارة العامة، تحليل ودراسة السياسات العامة كما والتغيير باتجاه المكننة وخصوصًا التطوير في الذهنيات.