Les Z et la politique: une génération engagée

Les Z et la politique: une génération engagée
Préparé par: Dr Amine Lebbos
Professeur en sciences politiques à l'université libanaise

Introduction

La politique est régulièrement vue comme un espace pour les gens de certains âges et les professionnels en politique, alors que les jeunes sont pratiquement écartés des cercles étroits de prises de décision politique. Ils sont très peu présents dans les institutions politiques et dans les hautes sphères des partis politiques. Les jeunes sont méthodiquement éloignés par les dirigeants politiques en raison de leur jeune âge, de leurs capacités limitées ainsi que de leur inexpérience. Aujourd’hui, les jeunes de moins de 30 ans représentent 1,9% des députés dans le monde[1]. Alors que la participation politique des jeunes reste au cœur de plusieurs enjeux.

Alexis de Tocqueville disait «Dans les démocraties, chaque génération est un peuple nouveau». Approcher chaque génération est un défi pour les professionnels de la politique et de la communication, mais aborder la jeune génération d’aujourd’hui demande un changement radical dans les techniques de communication et de mobilisation, car elle se distingue de ses aînés par ses espérances, ses attitudes et ses états d’esprit.

A chaque élection législative ou municipale, les mêmes questions et constatations: les jeunes ne s’intéressent pas aux affaires publiques et participent très peu aux élections. Mais, si on regarde de près, la réalité est plus nuancée. Contrairement à ce que l’on entend trop souvent, les jeunes ne sont pas dépolitisés. En quête de légitimité et de transparence, ultra connectés, surinformés et mieux lotis que leurs parents, ces jeunes sont très exigeants et réclament beaucoup plus des candidats aux élections. Globalement plus diplômés que jamais, ils sont très concernés par les débats politiques mais simplement ils se focalisent sur des sujets qui les intéressent particulièrement et qui ont des répercussions sur leur avenir.

Les jeunes d’aujourd’hui sont plus critiques et contestataires, socialisés dans une période en pleine transmutation, n’ont pas les mêmes aspirations et modes de vie de celui de leurs aînés. Ils ont une culture politique propre à eux et ils sont très rarement convaincus par les idéologies, les approches traditionnelles et les discours des partis politiques.

Le monde change très vite, et la nouvelle génération contribue à modeler ce que sera la société de demain. Mais savons-nous vraiment qui sont les individus qui forment cette génération? Quelle est leur vision du monde, de la politique et de la société? Comment ces individus vivent-ils et comment procèdent-ils et réagissent-ils face aux difficultés sociétales ou politiques contemporaines? Est-ce une dépolitisation, ou bien une nouvelle conception de la citoyenneté et de la politique? Sont-ils vraiment désenchantés par la politique ou désintéressés des affaires publiques? Comment canaliser le militantisme des jeunes à travers des institutions politiques formelles?

On répondra à toutes ces interrogations, par tout d’abord, expliquer qui sont les jeunes, leurs aspirations leurs comportements, leurs codes et leurs engagements vis-à-vis du monde politique. Par la suite, on parlera des formes et moyens de l’action politique que les jeunes d’aujourd’hui utilisent pour se faire entendre par la classe dirigeante, les processus et les moyens utilisés par les gouvernements pour favoriser l’intégration des jeunes dans la politique et on donnera l’exemple du mouvement du 17 octobre 2019 comme exemple concret de mobilisation des jeunes avec leurs modes d’opérations.

 

La génération Z, ces jeunes qui créent le monde de demain

Les jeunes du «pourquoi pas» n’ont jamais connu le monde sans internet. Les Z sont caractérisés par la relation avec les technologies modernes de la communication (TMC) qui ne sont pas simplement des outils, c’est leur univers, le lieu de socialisations, des échanges et de leurs initiations, pour eux le monde virtuel, c’est tout. Celui-ci ouvre des occasions d’accès à une série de possibilités que les générations précédentes n’avaient pas.

Ils sont tournés vers l’avenir et ses perspectives, s’intéressent très peu au passé. Ils travaillent, voyagent, apprennent, se cultivent, consomment différemment et sont en train de faire bouger notre monde qui glisse à une vitesse grand V vers le leur.

Quand on pense à la génération Z, ça vient à l’esprit très rapidement l’idée d’une génération paresseuse, traine pour travailler, plantée devant leur ordinateur et collée au portable, ce qui les rend de plus en plus accro. Face à ces idées, les Z répliquent qu’ils bossent différemment que leurs aînés, qu’ils sont nés et grandis avec Internet en opposition à leurs prédécesseurs et qu’ils n’ont pas le même rapport à cet outil. Ils disent qu’ils font partie d’une génération très lucide, conscients des enjeux de leur avenir et de celui des générations futures. Les Z vivent des périodes de stresse ou de dépression en raison de leurs envies à être ambitieux. Au Canada par exemple «37% des Z répondants ont une forte attirance pour l’entrepreneuriat, tandis que 50% de jeunes révèlent le désir de devenir un jour gestionnaire ou encore leur propre patron»[2].

Cette génération est en interférence avec son environnement et progresse à l’intérieur d’un monde formé par des jeunes gens connectés comme eux. Cette interaction est la pierre angulaire de leurs succès dans le monde professionnel et social. Ce grand engagement au sein du réseau démontre que la génération Z pense et raisonne d’une façon collective avant tout et penche pour le travail collaboratif, voire coopératif.

Cette génération essaye de changer le monde de l’entreprise en un lieu plus séduisant, moins hostile, plus amical, actif, un milieu vivant et juste alors que ce monde était perçu par leurs aînées comme injuste, dur, menaçant et ne provoque pas les passions.

Dans sa vie de tous les jours, la génération Z répercute et riposte très vite lorsqu’elle se sente agressée dans sa vie privée, confisquée son avenir et privée de ses libertés par la classe dirigeante. Elle rétorque et rebiffe vite en informant l’opinion publique par tous les moyens (les Z utilisent massivement les réseaux sociaux pour communiquer) sur les problèmes qui les préoccupent et faisant tout pour que leurs réclamations soient satisfaites.

Deux générations ont précédé les Z, la génération X malgré qu’elle était sensible et divaguée, leur monde se résume sur le mariage-travail-argent des Trente Glorieuses. C’est une génération stressée de perdre son emploi et s’adapte moins facilement aux nouvelles situations. Lui succéda la génération Y, les «millennials» qui sont nés entre 1980 et 2000. Cette génération du «pourquoi» a grandi avec les ordinateurs et les jeux vidéo. Ils sont la première génération à être totalement et réellement née, avec le monde d’internet[3]. Tout en étant prudent face au pouvoir politique, les Y sont ouverts et communiquent plus naturellement. C’est une génération qui veut décompresser et cherche une bonne qualité de vie. Cette génération a su s’adapter aux changements et aux crises qui ont secoué le monde dans les années 80 et même tirer profit de ce changement.

 

La génération Z est-elle dépolitisée?

Les générations qui ont précédé les Z avaient l’impression que les jeunes de cette génération sont complètement désintéressés et détachés de la politique et qu’ils étaient même dépolitisés. Mais si on regarde de près on trouve au contraire qu’ils sont toujours prêts et disposés pour descendre dans les rues pour manifester et protester contre les décisions qu’ils considèrent comme injustes et arbitraires qui affectent leurs présents et menacent leurs avenirs. C’est vrai que cette génération se sente loin de la classe politique dirigeante et des enjeux politiques car les Z ne retrouvent pas leurs aspirations et désirs pris en considération par les responsables politiques. Selon les jeunes, les dirigeants politiques qui ont l’âge de leurs parents et même de leurs grands-parents ne sont pas en phase et s’adaptent très lentement avec un monde d’aujourd’hui qui change très rapidement et sont responsables des difficultés et des crises sociétales qu’ils rencontrent et subissent.

Les Z considèrent que les hommes politiques sont responsables en grande partie de leurs situations de précarités qui se matérialisent par des emplois mal rémunérés et précaires et un taux de chômage très élevé «Les jeunes sont en effet trois fois plus susceptibles d’être au chômage que les adultes, tandis que le taux de chômage mondial des jeunes atteignait 13% en 2017»[4]. Les jeunes de cette génération voient que les dirigeants ne s’occupent pas d’eux suffisamment, même se détournent et se désintéressent des sujets qui les angoissent. Ils les critiquent à cause de l’insuffisance d’actions palpables et des changements notables sur le terrain, alors qu’ils font des promesses séduisantes.

Ils ont l’impression que les dirigeants politiques ne les écoutent pas et surtout ne sont que très rarement consultés quand il s’agit d’entreprendre des réformes ou des changements qui les touchent directement. Même les jeunes ont le sentiment que les projets ne progressent pas, en dépit des promesses affichées pendant les périodes électorales et les programmes des partis lors des élections. Egalement une grande partie d’entre eux ne se reconnaissent dans aucun parti politique existant et hésitent à adhérer aux institutions traditionnelles par exemple en Suisse, seuls 26% des 15-25 ans se voient engagés dans un parti politique ou une organisation de jeunesse[5].

Mais malgré le fossé et l’incompréhension existants entre les jeunes, la classe dirigeante et les partis politiques, les Z restent engagés politiquement en s’exprimant et abordant constamment les enjeux politiques qui les concernent et les questions sociétales qui les touchent. Ils participent facilement et spontanément avec leurs aînés à des manifestations, utilisent les médias sociaux, recueillent de fonds pour des associations de la société civile ou travaillent bénévolement dans la communauté[6] pour mettre en avant leurs revendications, car les Z sont conscients qu’ils vont endurer dans l’avenir des décisions prises aujourd’hui par les politiques.

 

Les aspirations politiques des Z

Les Z assistent aujourd’hui à l’effondrement des partis traditionnels et l’émiettement politique. Les jeunes sont méfiants envers les formations politiques traditionnelles, ils ne leur font plus confiance pour gouverner et ils les associent au mensonge[7].

Les jeunes demandent des gens nouveaux qui parlent leurs langages et comprennent leurs codes. Ils votent pour des représentants qui allient tradition et modernité et qui proposent plus d’opportunités et d’ouverture. Ils s’engagent volontairement auprès des candidats qui ont des projets de faire participer la société civile à la vie politique. Les Z insistent sur les engagements des politiques en faveur d’une société moderne où chaque citoyen jouit de ses droits fondamentaux. L’engagement des jeunes se fait pour défendre des valeurs comme par exemple, la liberté, l’égalité, les droits de l’homme, et surtout la défense de la nature. Egalement cette méfiance des hommes et du système politique se traduit dans les urnes en votes contestataires, car une très grande partie des jeunes ont le sentiment d’abandon et de vulnérabilité sociale, par exemple en France la moitié des jeunes ont voté pour l’extrême gauche ou droite, même un parti nouveau est né, le clivage traditionnel gauche-droite a été remis en question[8].

 

Les jeunes font de la politique différemment!

Les jeunes s’intéressent à la politique, ce qui va à l’encontre des idées reçues selon lesquelles les Z sont dépolitisés. En fait, ils ne le sont pas, mais ils sont politisés différemment. Si on examine le degré d’intérêt des jeunes d’aujourd’hui pour la politique il est semblable à ce qu’il était dans les années 60-70. Mais il est vrai que le rapport à la politique a changé, avant, les jeunes étaient beaucoup plus encadrés dans des organisations ou endoctrinés par des partis politiques avec un carcan idéologique, aujourd’hui, les jeunes sont méfiants, votent très peu (la majorité des jeunes ne votent pas) et leurs protestations sont plus vives. Les Z croient très peu au clivage entre les partis politiques (4 sur 10 se sentent ni de droite ni de gauche[9]).

Les réseaux sociaux et les actions directes: les deux outils préférés des jeunes

Traditionnellement, la participation politique se faisait par le vote, essayer de convaincre les indécis de voter pour un parti politique ou de militer dans un parti politique. Ainsi les jeunes auparavant militaient et se mobilisaient pour appuyer et défendre une idéologie et un programme portés par un parti politique en votant pour les candidats des partis politiques, ou bien, en écrivant à leurs représentants pour exposer leurs besoins. Les jeunes aujourd’hui abordent la question de participation par des opérations directes et sans passer par le système traditionnel des partis en menant des actions spontanées, faire des pétitions pour dénoncer la classe dirigeante, écrire des articles pour alerter et informer la population, appuyer des candidats qui sortent de leurs rangs, tenir des blogs qui peuvent être un espace de liberté et de contestation. On trouve aujourd’hui de plus en plus des blogueurs et des influenceurs jeunes qui sont actifs sur les réseaux sociaux qui mobilisent l’opinion publique sur des thèmes spécifiques et qui soutiennent des candidats qui n’appartiennent pas à l’establishment existant.

Les réseaux sociaux deviennent des excellents moyens pour les jeunes pour accéder à l’espace public et pour participer à la vie politique et même ils se transforment en échappatoires dans les pays qui souffrent de manque de démocratie en particulier en Afrique et dans les pays du MENA. Les jeunes utilisent les nouvelles technologies comme solution pour débattre, s’exprimer, recueillir les informations et les diffuser. Les sites Web peuvent alerter, démentir les rumeurs et les fausses informations mises en place par le pouvoir politique. Ils peuvent également informer la population sur les vagues de violences et sur les arrestations et les violations des droits de l’homme exercées par le gouvernement et donc, ils démocratisent l’information. Les plateformes internet peuvent permettre aux jeunes d’exprimer leurs opinions librement et deviennent des moyens pour surmonter les obstacles à l›accès pour tous les jeunes qui veulent participer et faire entendre leur voix. Les citoyens et surtout les jeunes utilisent les réseaux sociaux pour documenter les violences et les exactions exercées par le pouvoir, également, ils permettent de communiquer les résultats en temps réel lors des élections municipales ou nationales ce qui limite les tentatives de fraudes. Le Web est utilisé pour lever les fonds afin d’aider dans la mise en place des projets de développements économiques ou d’intégrations des jeunes dans le marché de travail.

Les réseaux sociaux deviennent donc, des lieux d’expressions et de débats très compliqués à contrôler par les gouvernements et qui boostent le processus de démocratisation dans les pays en déficit de démocratie. Les réseaux sociaux deviennent même une solution à la «crise de la représentation». Ils favorisent les échanges et poussent les jeunes à s’exprimer librement et à se faire connaitre car ils font tomber beaucoup de barrières (par exemple on peut intervenir sur les réseaux au moment qu’on le désir et à n’importe quel endroit).

Les réseaux sociaux deviennent des outils inéluctables de veille, de propagation et de mobilisation (appel au boycott en ligne, signature de pétitions, rassemblements sur Facebook, coups de colère sur YouTube) et jouent évidemment un rôle capital dans le fonctionnement démocratique[10].

Egalement, comme forme d’implication des jeunes dans la politique, les Z recourent de plus en plus à des manifestations et des défilés organisés spontanément par des collectifs ou des ONG sans se référer aux partis traditionnels en utilisant massivement comme moyen de communication les réseaux sociaux pour mobiliser les contestataires et les jeunes en particulier. Les révoltes contre les régimes autoritaires arabes en 2011 ont été rapidement appelées «révolutions Facebook» par la presse, tant l’utilisation politique des réseaux sociaux apparaissait comme une nouveauté (un facteur primordial de mobilisation des citoyens). En 2018, le monde s’embrase à nouveau: du Chili au Liban, de l’Iraq à Hong Kong, des militants verts aux «gilets jaunes», des soulèvements populaires et de manifestations de masse, se propagent sur tous les continents. Les ressemblances entre ses mouvements sont nombreuses. Comme en 2011, ce sont des soulèvements qui se font sans préparation, sans organisation, sans stratégie de prise de pouvoir, organisés hors des partis politiques et des syndicats et sans chef désigné. Ce sont des révoltes compactes et populaires composées des gens qui sont descendus dans la rue et les places pour s’adresser directement à leurs gouvernants et réclamer un changement fondamental en scandant des slogans similaires: «Dégage!», «Vous ne nous représentez pas!», «à bat le régime». Ces manifestants n’ont pas une idéologie, ni de projets politiques clairs qui les réunissent, aucune stratégie pour le lendemain. Le détonateur est toujours relié à une décision prise par le gouvernement avec une logique purement comptable ou des actions qui touchent le mode de vie des citoyens ou qui menacent leurs droits fondamentales[12]. Bien sûr, les conditions politiques changent d’un pays à un autre et les raisons des contestations n’y sont pas pareilles. Mais la forme prise par la revendication, elle, l’a été[13].

Les jeunes qui ont occupé les rues et les places, manifesté et lutté contre le pouvoir politique en place ont réussi dans plusieurs pays d’Afrique et du MENA de faire tomber des régimes autoritaires, renforcer la démocratie et moderniser les institutions et dans d’autres pays comme en France, le gouvernement a reculé face aux manifestants et il a suspendu les mesures fiscales qui sont à la base de la colère des «gilets jaunes»[14] et même le mouvement a poussé le gouvernement d’annoncer une baisse d’impôts pour les classes moyennes et la ré indexation des petites retraites.

 

L’engagement des jeunes dans la défense des causes sociétales: une forme d’exercer la politique:

Des jeunes qui s’engagent également dans des organisations caritatives pour aider les gens en détresse sociale ou économique, aident à récolter des fonds pour défendre des causes qui les touchent directement.

La défense des causes spécifiques et l’enthousiasme que portent les jeunes pour des enjeux mondiaux sont d’autres formes de l’engagement politique des jeunes. Ils choisissent de focaliser leurs actions à défendre des causes qui les touchent et qui engagent leur avenir comme par exemple le réchauffement climatique, la pollution, les droits de l’homme, le recyclage etc. en organisant des forums de discussions au niveau local, national et même international, des manifestations des sit-in. L’engagement des jeunes dans la défense de l’environnement est un exemple type de la mobilisation des jeunes. Chez les jeunes, les inquiétudes environnementales se positionnent en tête des préoccupations. «Pour 32% des jeunes sondés, l’environnement est une préoccupation majeure. Egalement, le réchauffement climatique et la disparition des espèces animales et végétales sont au cœur des préoccupations des jeunes, 60% d’entre eux pensent que celui-ci ne sera pas limité à des niveaux acceptables d’ici la fin du siècle. 75% estiment que les conditions de vie vont considérablement se dégrader dans les temps à venir en raison du réchauffement climatique[15]». Les jeunes se sont organisés dans des forums, se manifestent partout dans le monde, mettent en place des collectifs afin de mobiliser, d’alerter et de sensibiliser les citoyens sur les dangerosités des changements sur l’avenir de l’humanité.

 

Le changement est l’objectif des jeunes partout dans le monde

La défiance et le comportement politique des jeunes changent d’une région à une autre et cette jeunesse est différente aussi bien au niveau des idéologies, des difficultés et des origines sociales. Par exemple, les aspirations des jeunes des pays riches se focalisent sur l’amélioration de leur niveau de vie, des services sociaux, responsabilisation de la vie politique etc. alors que dans les pays du Sud ou dans des pays qui souffrent de peu de démocratie, la jeunesse dans sa majorité, réclament ses droits civiques, économiques et sociaux.

Les jeunes dans les pays du Sud font face à des obstacles de tous ordres et souffrent de nombreuses frustrations. L’obstacle le plus important est d’ordre politique. Les jeunes de plus en plus nombreux dans les pays du Sud se retrouvent face à des régimes archaïques et autoritaires qui confisquent tout l’espace public. La classe politique est souvent formée dans ces pays par des clans, soutenue par des militaires et d’une élite économique et financière qui s’accaparent de toutes les richesses du pays. Egalement la liberté d’expression est étroitement surveillée, avec des partis politiques corrompus.

Cette jeunesse aspire à des changements structurels dans la société et même une refonte complète. Elle veut sortir de la précarité et trouver du travail stable. Elle veut s’exprimer librement sur tous les sujets qui les concernent et qui engagent leurs avenirs. Cette jeunesse va reconquérir l’espace public confisqué par les dirigeants politiques traditionnels depuis des décennies et exige qu’on fasse la politique différemment. Les Z réclament une société plus équitable en réduisant les inégalités, en distribuant les richesses d’une façon plus juste et en débarrassant l’espace économique des monopoles accordés par le pouvoir politique à des privilégiés. Pour eux, il est indispensable de réduire l’influence des magnats de la finance sur l’économie nationale. Ils réclament une classe dirigeante irréprochable, transparente, honnête, proche des citoyens surtout d’eux et qu’elle soit à leurs écoutes. Ils veulent des projets qui se matérialisent et non plus des discours et des promesses qui expirent avec la fin des campagnes électorales. Ils manifestent et protestent pour moderniser le système éducatif afin qu’il soit mieux adapté au marché de travail et qui accompagne les évolutions technologiques.

Les jeunes pressent le pouvoir politique à s’engager plus dans le développement économique des zones les plus défavorisées pour corriger les inégalités géographiques. Enfin, ils insistent sur les transitions démocratiques en s’organisant et en renforçant la société civile pour mieux agir.

 

La jeunesse libanaise: en première ligne pour la reforme

Dans le contexte social et politique actuel très tendu au Liban, il n’est pas évident pour des jeunes d’entrevoir l’avenir positivement. Tous les secteurs se trouvent dans une situation catastrophique et le système s’effondre avec des indices qui virent au rouge. Crises économiques et financières qui étouffent les ménages et les entreprises et qui mettent en péril leurs avenirs, une situation environnementale effrayante qui menace la santé des libanais, une instabilité politique avec des gouvernements ébranlés et qui s’installe dans l’immobilisme et l’inaction. Cette situation creuse les inégalités sociales avec une pauvreté qui avance très vite, génère beaucoup de frustrations et de tensions au sein de la société. Si cela inquiète pratiquement tous les libanais, il avérerait que les Z en souffrent plus que les autres. Les Z se sentent particulièrement angoissés, trop préoccupés par l’exercice du pouvoir par la classe politique.

Les Z accusent spécialement les gouvernements successifs de confisquer leurs avenirs. Avec l’inaction et la complaisance de leurs aînés vis-à-vis de leurs dirigeants, la génération Z se trouve contrainte d’agir aujourd’hui afin de tenter de stopper les erreurs commises par le pouvoir politique et d’essayer d’assurer un avenir meilleur. Cette situation a créé une rupture entre cette génération et la classe dirigeante.

 

Les jeunes libanais poussent vers le changement politique

Les jeunes ont descendu dans les rues le 17 octobre 2019 dans un mouvement de contestation d’une grande ampleur qui a paralysé le Liban pour trois mois et ceci après l’annonce d’une taxe sur les appels effectués via WhatsApp. Quatre ans auparavant les jeunes ont bloqué les rues pour protester contre la politique du gouvernement et son immobilisme concernant la collecte des déchets et la corruption qui touche ce secteur du ramassage.

Les caractéristiques importantes de la révolte du 17 octobre 2019, résident dans son ampleur, dans sa propagation géographique et sa dimension multiconfessionnelle. Des dizaines de milliers de Libanais avec une partie très importante formée des jeunes gens se sont réunis à travers tout le pays pour dénoncer la classe politique accusée de corruption, d’affairisme, d’inconscience, d’obstination et d’immobilisme. Cette mobilisation était spontanée et vient traduire les frustrations et les inquiétudes réelles de la population qui se sente spoliée et sans avenir. Les jeunes qui sont descendus dans les rues sont nés après l’accord de Taëf[16] et donc n’ont pas connu la guerre, ont grandi avec le Facebook et Twitter et sont capable de prendre beaucoup de risques dans un pays aussi fragmenté que le Liban. C’est une génération qui était bombardée par des promesses lancées par leurs dirigeants politiques d’avoir un pays économiquement développé et stable mais ils ont vécu dans un Etat qui fait faillite avec un chômage des jeunes galopant, un avenir de plus en plus incertain et une classe politique qui s’accroche au pouvoir depuis des décennies.  

Les réseaux sociaux, comme dans toutes les révolutions et les contestations récentes, ont été des moyens vitaux dans l’extension de la mobilisation en transmettant les images et les revendications en directe. Ces jeunes sont différents de leurs ainés, leurs revendications sont extrêmes avec des slogans comme «le peuple veut la chute du régime» ou bien «tous c’est à dire tous».

Le gouvernement a essayé de se défendre en premier lieu et répondre à leurs revendications par la suite en annonçant une série de mesures pour mettre fin à la mobilisation. Différentes mesures ont été faites pour embellir l’image du gouvernement et pour contenir ce mouvement comme par exemple la mise en place d’une loi sur le recouvrement de l’argent pillé ou d’affermir l’indépendance des magistrats et leurs donner plus des moyens pour mieux lutter contre la corruption. Mais malgré ces annonces les jeunes ont maintenu leur pression car la rupture est consommée entre une très grande partie des jeunes et la classe dirigeante qui est durement décriée, complètement délégitimée et rejetée.

Les jeunes dans ce mouvement ont été comme une locomotive avec l’adoption d’une très grande partie des libanais de leurs discours et slogans. Ils ont pu unifier les revendications dans toutes les régions et manifester sans s’occuper de leurs appartenances confessionnelles et régionales en portant uniquement le drapeau libanais. C’est un changement radical et du jamais vu au Liban. Les jeunes ont pu mobiliser également tous les milieux socio-professionnels et économiques de tous les âges. «C’est un séisme dans le paysage politique libanais. Une très grande partie des libanais rejettent les legs du système féodal-communautaire. Ils demandent le renouvellement total de la classe politique et la formation d’un État civil et indépendant»[17].

Pour la première fois au Liban la classe politique se sentait harcelée et menacée par des jeunes incontrôlables et incasables. Les jeunes ont réussi à rejeter les discours idéologiques et communautaires de leurs ainés et se libérer des tutelles des partis sur leurs avenirs. Il y a une rupture générationnelle et un rejet de vivre dans un Liban de leurs aînés avec ses structures politiques et discours traditionnels. Les jeunes refusent d’imiter leurs parents dans leurs choix politiques et ne se sentent plus concernés par les lignes de fractures antérieures et bien entendu de toute la structure politique qui les a portés.

Mais un an après le début du mouvement, on a l’impression que cette mobilisation est dans l’impasse. Ces jeunes qui ont exprimé leurs colères dans la rue n’avaient pas de stratégie claire et ont gardé leurs mêmes modes d’actions, n’ont pas pu traduire cette mobilisation en demandes tangibles et en pression politique susceptible de bousculer le pouvoir à changer de comportement politique, voire de l’échanger par un autre.

 

Mettre les jeunes au cœur des politiques publiques

Des facteurs divers permettent d’expliquer les niveaux faibles de participation politique active des jeunes dans les structures politiques traditionnelles existantes et donc il est impératif de travailler davantage pour mieux intégrer les jeunes dans la vie politique. Ces jeunes peuvent agir comme des agents du changement et de stabilisation. 

Une meilleure participation à travers les gouvernements ouverts

Les initiatives du gouvernement ouvert[18] ont pour objectif de mieux promouvoir la démocratie en établissant des relations plus fortes entre le gouvernement et la population qui permettent une meilleure participation des citoyens à la préparation des politiques publiques.

Faire participer les jeunes aux initiatives du gouvernement peut renforcer les liens entre le pouvoir politique et les jeunes et les impliquer sur des questions qui les intéressent. C’est une démarche gagnant-gagnant pour les deux parties. D’une part, cette relation réconforte les jeunes car ils la considèrent comme un processus de consultation avant la mise en place des politiques publiques et d’autre part le gouvernement assure l’adhésion de jeunes en créant un espace commun de communication et d’échange afin d’identifier les solutions durables. Le fait d’informer et de faire impliquer les citoyens et particulièrement les jeunes modifie les comportements civiques et renforce l’engagement politique des jeunes qui peut se traduire par l’accroissement de taux de participation aux élections en tant qu’électeur ou candidat. Egalement, cette relation entre le gouvernement et les citoyens favorise l’engagement des jeunes dans des associations qui peut être un premier pas vers un véritable engagement dans la vie politique[19]. Enfin, cette coopération renforce la confiance dans le pouvoir politique et la transparence et améliore les relations intergénérationnelles.

L’exemple type d’intégration des jeunes dans le processus de prise de décisions c’est les conseils formés par des jeunes qui peuvent être des organes représentatifs pour débattre avec les responsables politiques sur des thèmes qui les intéressent. Ils procèdent généralement au niveau local, ils traitent par exemple les questions relatives à l’éducation, aux affaires municipales particulièrement les programmes à destination des jeunes comme l’aménagement et la réorganisation des espaces de vie. Ces conseils peuvent agir au niveau national et supranational et peuvent participer dans les débats politiques divers. Ils peuvent agir comme les groupes de pressions en mettant en place des campagnes d’information et de sensibilisation afin d’atteindre leurs objectifs. Ces structures peuvent également pousser les jeunes à acquérir des compétences pour mieux se préparer à s’impliquer dans la vie politique et agir comme des éléments actifs dans la société.

 

Communiquer autrement avec les jeunes

Parler aux jeunes et se faire comprendre par les dirigeants politiques, c’est mettre en place une stratégie de communication à destination des jeunes. Discuter avec les jeunes est un exercice très complexe car premièrement les jeunes ne forment pas un groupe homogène, avec des provenances, espérances et besoins différents. Et deuxièmement, il faut connaître les questions et les enjeux qui peuvent les intéresser et les mobiliser.

La Recommandation de l’OCDE appelle les pays membres à «communiquer de manière active au sujet des stratégies et initiatives du gouvernement ouvert, aussi bien que sur leurs produits, résultats et impacts, afin de s’assurer qu’ils sont bien connus au sein du gouvernement et au-delà, pour favoriser leur appropriation et stimuler l’adhésion des acteurs sociaux»[20]. En conséquence, il est préconisé de déployer des efforts en vue d’informer et d’échanger avec les jeunes, afin de faire des jeunes des acteurs actifs et responsables dans la société.

Pour communiquer avec les jeunes et les informer, le pouvoir politique doit intégrer les technologies et tout particulièrement les réseaux sociaux comme par exemple Facebook et twitter. En 2016, plus de 95% de jeunes âgés de 16 à 24 ans des pays de l’OCDE utilisaient l’Internet et 53% des jeunes âgés de 18 à 24 ans utilisent les réseaux sociaux comme un portail vers les actualités. En 2013, 40% des jeunes en Europe interagissent avec l’administration publique et 18% utilisent les réseaux sociaux pour participer à la vie civique et politique[21].

Agir avec les jeunes comme des vecteurs de changement et qui ont le droit de s’exprimer sur toutes les questions reliées aux politiques publiques. Déjà on les retrouve à la tête des manifestations, fondateurs de start-up, des artistes influenceurs etc.  

Les contenus des messages doivent être appropriés, crédibles, simples, concis et clairs. La communication doit permettre d’entrer en contact et de communiquer avec d’autres, déjà les Z sont des champions de l’interaction sur les Web et les réseaux sociaux. Le gouvernement doit éviter de prendre une attitude paternaliste ou autoritaire en communiquant avec les jeunes alors qu’on trouve dans beaucoup de pays dont la démocratie en construction, particulièrement en Afrique, que le discours politique à destination des jeunes reste très paternalisme, moralisateur (exemples, Les jeunes doivent faire ceci…; les jeunes doivent faire attention…; les jeunes d’aujourd’hui ne sont pas suffisamment conscients), et uniforme en plaçant tous les jeunes dans une même catégorie, ceci se traduit par une ignorance des situations diverses que vivent les jeunes.

Les jeunes sont enthousiastes quand la classe politique aborde et communique avec eux sur des sujets comme l’éducation, l’emploi, la santé etc. et reconnaissent le rôle crucial qui peut être joué par la gouvernance publique dont la communication fait partie intégrante de cette bonne gouvernance. Les jeunes entre 16 et 30 ans classent la bonne gouvernance et les institutions efficaces en 4eme position dans l’enquête menée par les Nation Unies[22].

 

Conclusion

Les jeunes ont une conscience politique même si elle ne s’exprime pas dans les lieux traditionnels, à savoir les urnes. Ils s’investissent politiquement dans la vie locale et nationale en utilisant des moyens différents et demandent surtout qu’on écoute leur voix. En effet leurs participations à la vie politique ne se traduisent pas uniquement par le vote, ils sont par exemple à la tête des manifestations, signent des pétitions, utilisent les réseaux sociaux pour mener des campagnes militantes, participent à des grèves et aident dans les associations.

Egalement, peu de jeunes adhèrent à des partis politiques et aux syndicats mais s’engagent dans des actes responsables et citoyens en consommant par exemple éco-responsable ou éthique, etc., aller chercher l’information, tous ces actes sont pour les jeunes des actes politiques.

La participation des jeunes dans la vie politique est très importante, comme l’ont démontrée les révoltes populaires dans les pays arabes et les mouvements de contestations à travers le monde. Les jeunes ont participé aux changements des régimes, à l’apparition de nouveaux leaderships avec des pratiques et des comportements plus démocratiques et à l’écoute des citoyens en particulier les jeunes.

Tous ces mouvements sont nés d’une détermination des jeunes de reprendre la parole et de récupérer leurs places dans la vie politique, car ils ont la sensation d’être dessaisis de leur voix politique, de ne pas avoir de place dans les processus de prise de décisions même sur les questions qui les concernent directement et donc ils attendent du pouvoir politique plus de transparence et d’honnêteté, une rapidité de diffusion de l’information et une meilleure représentativité.

Les jeunes dans les pays occidentaux expriment un nouveau lien à la politique, qui va modifier les formes de l’action politique. De nouveaux partis et mouvements politiques sont apparus de ces mobilisations afin de traduire la voix des jeunes au sein même du système représentatif par exemple en Italie, le Mouvement 5 étoiles, qui se déclare comme un mouvement, sans chef, sans programme, qui s’organise sur un mode transparent via Internet, se positionne comme la deuxième force politique du pays.

Même, la communauté internationale a reconnu l’importance de la participation des jeunes aux systèmes politiques, le programme des Nations Unies pour la jeunesse recommande «une participation accrue des jeunes aux processus décisionnaires à tous les niveaux pour accroître leur contribution au développement national et international[23]». Leur exclusion du processus de prise de décision peut créer chez les jeunes des frustrations, déstabiliser la démocratisation et accélérer la dynamique des conflits.

 

Bibliographie

Ouvrages:

- Gallant Nicole, Garneau, Stephanie (sous la dir.) Les jeunes et l’action politique. Participation, contestation, résistance, éd. Presses de l’Université Laval, 2016, p.274.

- Kherraz Ahmad, Pour une participation des jeunes à la vie publique, ed. L’Harmattan, 2013, p150.

- Laugier Sandra, Ogien, Albert, Le Principe démocratie. Enquête sur les nouvelles formes du politique, éd. La Découverte, 2014, p220.

- Laugier Sandra, Ogien Albert, Pourquoi désobéir en démocratie ?, éd. La Découverte , p.352.

 

Articles:

- Barett Martyn, l’engagement civique des jeunes et la citoyenneté mondiale. https://www.un.org/fr/chronicle/article/lengagement-civique-et-politique-des-jeunes-et-la-citoyennete-mondiale

- Crédit Suisse, le 01-10-019, https://www.credit-suisse.com/about

-us-news/en/articles/news-and-expertise/generation-z-engages-politically-201910.html

- Gomaere Geraldine, Qui sont les profils des générations X, Y et Z?, 10-05-2017, https://www.journalducm.com/generations-x-y-z/

- Florence Haegel, la mobilisation partisane de droite, Revue Française des Sciences Politiques, 2009, vol.59

- Iknow politics, la participation politique des jeunes, juin 2017,

https://iknowpolitics.org/sites/default/files/consolidated_reply_youth_political_participation_fr.pdf

- Joignot Frederic , la fin des partis politiques traditionnels, histoire d’un chamboulement citoyen, Le Monde, 28-04-2017, https://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2017/article/2017/04/27/la-fin-des-partis-traditionnels-histoire-d-un-chamboulementcitoyen_5118919_4854003.html

- Lasalle Martine, la génération Z est-elle différente des autres? le 15-11-019, https://nouvelles.umontreal.ca/article/2019/11/15/la-generation-z-est-elle-vraiment-differente-des-autres/

- Momtaz Rym, manifestations au Liban: les raisons de la colère, le 8-11-2019 https://www.institutmontaigne.org/blog/manifestations-au-liban-les-raisons-de-la-colere

- Muxel Anne, Les jeunes sont politisés autrement le 26-10-2018, https://www.20minutes.fr/politique/2360623-20181025-jeunes-politises-autrement-explique-sociologue-anne-muxel

- Smyrnaios Nikos, les réseaux sociaux, outils de révolte à double tranchant, 6-12-2019, https://larevuedesmedias.ina.fr/les-reseaux-sociaux-outils-de-revolte-double-tranchant

 

Rapports:

- APPA, Rapport des jeunes à l’environnement – étude du Centre de Recherche pour l’Etude et l’Observation des Conditions de vie (CREDOC), 23-01-020,

https://www.appa.asso.fr/rapport-des-jeunes-a-lenvironnement-etude-du-centre-de-recherche-pour-letude-et-lobservation-des-conditions-de-vie-credoc/

- OECD, faire participer les jeunes au gouvernement ouvert, guide de communication, 2019,

https://www.oecd.org/fr/sites/mena/gouvernance/Young-people-in-OG-FR.pdf

- UN, My World, the United Nations global survey for a better world, listening to 1 million voices, September 2013,

https://www.odi.org/sites/odi.org.uk/files/odi-assets/publications-opinion-files/8580.pdf

- UN, les jeunes, Rapport des Nations Unies, les jeunes,

https://www.un.org/fr/sections/issues-depth/youth-0/index.html.

 

[1]-   I know politics, la participation politique des jeunes, juin 2017,

https://iknowpolitics.org/sites/default/files/consolidated_reply_youth_political_participation_fr.pdf.

[2]-   Martine Lasalle, la génération Z est-elle différente des autres ? le 15-11-019,

https://nouvelles.umontreal.ca/article/2019/11/15/la-generation-z-est-elle-vraiment-differente-des-autres/

[3]-   Geraldine Gomaere, Qui sont les profils des générations X, Y et Z ?, 10-05-2017,

https://www.journalducm.com/generations-x-y-z/

[4]-   Rapport des Nations Unies, les jeunes,

https://www.un.org/fr/sections/issues-depth/youth-0/index.html.

[6]-   Martyn Barrett,

https://www.un.org/fr/chronicle/article/lengagement-civique-et-politique-des-jeunes-et-la-citoyennete-mondiale.

[7]-   Frederic Joignot, la fin des partis politiques traditionnels, histoire d’un chamboulement citoyen, Le Monde, 28-04-2017,

https://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2017/article/2017/04/27/la-fin-des-partis-traditionnels-histoire-d-un-chamboulement-citoyen_5118919_4854003.html.

[8]-   Anne Muxel, op.cit. Plus d’un jeune sur deux a exprimé un vote protestataire à la dernière présidentielle, soit à l’extrême gauche, pour Jean-Luc Mélenchon, soit à l’extrême droite pour Marine Le Pen.

[9]-   Anne Muxel , Les jeunes sont politisés autrement le 26-10-2018,

https://www.20minutes.fr/politique/2360623-20181025-jeunes-politises-autrement-explique-sociologue-anne-muxel.

[10]-  Florence Haegel, la mobilisation partisane de droite, Revue Française des Sciences Politiques, 2009, vol.59.

[11]-  Nikos Smyrnaios, les réseaux sociaux, outils de révolte à double tranchant, 6-12-2019,

https://larevuedesmedias.ina.fr/les-reseaux-sociaux-outils-de-revolte-double-tranchant.

[12]-  Par exemple les jeunes ont manifesté pour : la hausse des prix des transports ou du carburant en France, en Équateur, au Chili ou en Iran,  des élections jugées peu démocratiques en Algérie, en Bolivie et en Guinée, une taxe sur le Whatssup communications au Liban.

[13]-  Albert Ogien, Le Principe démocratie. Enquête sur les nouvelles formes du politique, p.33, La Découverte, 2014.

[14]-  Les gilets jaunes, est un mouvement de protestation non structuré et irrégulier apparu en France en octobre 2018. Il appelle à manifester contre l’augmentation du prix des carburants et la hausse des taxes.

[15]-  APPA, Rapport des jeunes à l’environnement – étude du Centre de Recherche pour l’Etude et l’Observation des Conditions de vie (CREDOC), 23-01-020,

https://www.appa.asso.fr/rapport-des-jeunes-a-lenvironnement-etude-du-centre-de-recherche-pour-letude-et-lobservation-des-conditions-de-vie-credoc/

[16]-  L’accord de Taef signé le 22 octobre 1989, a mis fin à la guerre libanaise

[17]-  Rym Momtaz, manifestations au Liban : les raisons de la colère, le 8-11-019

https://www.institutmontaigne.org/blog/manifestations-au-liban-les-raisons-de-la-colere.

[18]-  Le gouvernement ouvert (en anglais open government) est une doctrine de gouvernance qui vise à améliorer l›efficacité et la responsabilité des modes de gouvernance publique en permettant par exemple aux citoyens d’accéder aux documents officiels afin de favoriser la transparence et la participation.

[19]-  Nicole Gallant, Stephanie Garneau (sous la dir.) Les jeunes et l’action politique. Participation, contestation, résistance, éd. Presses de l’Université Laval, 2016, p.123.

[20]-  OECD, faire participer les jeunes au gouvernement ouvert, guide de communication, 2019,

https://www.oecd.org/fr/sites/mena/gouvernance/Young-people-in-OG-FR.pdf.

[21]-  OECD,  faire participer les jeunes au gouvernement ouvert, guide de communication, op.cit.

[22]-  UN, My World, the United Nations global survey for a better world, listening to 1 million voices, September 2013,

https://www.odi.org/sites/odi.org.uk/files/odi-assets/publications-opinion-files/8580.pdf.

[23]-  Programme des Nations Unies pour la jeunesse, grandir ensemble, les jeunes et l’action des Nations Unies, 

https://www.un.org/esa/socdev/unyin/documents/growing_together_fr.pdf.

مدى التزام الشباب بالسياسة

يُنظر إلى السياسة عادة على أنها مساحة مخصصة للأشخاص المتمرسين في العمل السياسي ومن أعمار معينة، بينما الشباب مهمشين بسبب صغر سنهم ومحدودية إمكاناتهم وافتقارهم إلى الخبرة.

قال أليكسيس دي توكفيل: "في الديموقراطيات، كل جيل هو شعب جديد". إن إشراك الشباب في الحياة السياسية تحدٍ كبير للسياسيين ويتطلب تغييرًا جذريًا في تقنيات التواصل معهم. في كل انتخابات تشريعية أو بلدية، نواجه النتائج والأسئلة نفسها: مشاركة قليلة من الشباب الذين يعتبرون أن التصويت حق، وكل شخص حر في ممارسته أو لا. ولكن إذا نظرنا عن كثب، فإن الواقع هو أكثر تعقيدًا. على عكس ما نسمعه كثيرًا، فإن الشباب مسيّسون ويهتمون بالشؤون العامة ويدافعون عن حقوقهم. فهم يعبّرون عن آرائهم من خلال التظاهرات والاعتصامات واستعمال وسائل التواصل الاجتماعي والنشاطات الأخرى، ولهم مواقف مؤثرة في الانتخابات حتى عندما يقاطعونها، وأكثرهم غير منظمين وغير منتسبين لأحزابٍ سياسة.

الشباب اليوم هم أكثر انتقادًا واحتجاجًا، منخرطون في زمن التغيير وليس لديهم تطلعات كبار السن وأنماطهم. لديهم ثقافتهم السياسية الخاصة ونادرًا ما يقتنعون بأيديولوجيات الأحزاب السياسية وخطاباتهم.

العالم يتغير بسرعةٍ كبيرة ويساعد الجيل الجديد في تشكيل مجتمع الغد. لكن هل نعرف حقًا من هم الأفراد الذين يشكلون هذا الجيل؟ ما هي نظرتهم إلى العالم والسياسة والمجتمع؟ كيف يعيش هؤلاء الأفراد وكيف يتصرفون ويتفاعلون مع الصعوبات الاجتماعية أو السياسية المعاصرة؟ هل هم غير مسيّسين أم يمارسون مفهومًا جديدًا للمواطنة؟ هل هم محبطون من السياسة أو غير مهتمين بالشأن العام حقًا، وكيف تواجه السلطات نشاط الشباب من خلال المؤسسات السياسية الرسمية؟