Quel avenir pour l’Etat Islamique?

Quel avenir pour l’Etat Islamique?
Préparé par: Dr. Amine Lebbos
Professeur à l' NDU

Introduction

Le califat de l’Etat Islamique (Daech) tant glorifié s’est effondré, écrasé grâce aux interventions de l’armée russe, américaine, des milices soutenues par l'Iran, des forces kurdes et des armées lancées par Damas et Bagdad. Alors que 2017 a vu la fin du rêve de l'État islamique de créer une société idéale, l'année s'est terminée avec un signe inquiétant qui s’est traduit par un attentat à Kaboul , visant un centre culturel chiite et ceci malgré une compagne de plus en plus intense menée par les Etats-Unis et l'Afghanistan pour déraciner les deux menaces émanantes de l'EI et des Taliban, en particulier depuis l'arrivée de Donald Trump au pouvoir.

L’Etat islamique depuis 2014 jusqu’à l'hiver 2017, a formé un proto-État en Irak et en Syrie où il a mis en place un système totalitaire. Son essor est surtout lié aux déstabilisations géopolitiques causées par la guerre d'Irak et la guerre civile syrienne.

La création de l’EI remonte à 2006, lorsqu'Al-Qaïda en Irak forme avec cinq autres groupes djihadistes le Conseil consultatif des moudjahidines en Irak. Le 13 octobre 2006, le Conseil consultatif proclame l'État islamique en Irak(EII).

En 2012, l'EII commence à s'étendre en Syrie et le 9 avril 2013, il devient l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL)

Le 29 juin 2014, l'EIIL annonce le rétablissement du califat sous le nom d'État islamique dans les territoires sous son contrôle et proclame son chef, Abou Bakr al-Baghdadi, calife, successeur du prophète Mahomet, sous le nom d'Ibrahim.

Depuis 2014, l'Etat islamique étend son influence sur plusieurs pays avec l'allégeance de nombreux groupes djihadistes ; les plus importants étant Boko Haram au Nigeria, Ansar Bait al-Maqdis en Egypte (surtout dans le désert de Sinaï) et le Majilis Choura Chabab al-Islam en Libye. Il opère également en Afghanistan où il essaye d’évincer les talibans. À partir de 2015, l'État islamique mène des attentats jusqu'en Europe et en Amérique du Nord.

A l’opposé de l’organisation terroriste d'Al-Qaïda, visant pas l'adhésion des populations à son projet, le plan d’action de l'EI veut recréer, dans une version XXIe siècle, l'ancien califat de Bagdad, un califat transnational. Alors que l’organisation Talibans en Afghanistan  se limite aux écoles coraniques et aux savoirs fondés sur les écrits du prophète, l'EI veut s'implanter dans un territoire avec son administration, ses forces armées, ses tribunaux islamiques etc.

En 2017, l’EI commence à perdre la plupart des territoires qui contrôlait en Syrie et en Irak après une période d’expansion qui a duré trois ans. Aujourd’hui, L’EI connait un déclin croissant avec des pertes de ses bastions en Syrie, Irak et au Liban.

Même si la guerre est encore loin d’être finie en Syrie (le régime syrien avec les forces iraniennes, libanaises et russes contrôlent maintenant plus de 80% du pays), les dirigeants irakiens, iraniens et russes se sont empressés d’annoncer la défaite du califat islamique en Irak et en Syrie.

Mais, que va devenir l'Etat islamique? La délocalisation vers d’autres pays du Califat est-elle possible? Les groupes djihadistes entraînés et bien implantés, et qui ont prêté allégeance à l’EI pourraient-ils  constituer l’avenir du groupe djihadiste? Sinon l’EI pourrait-il survivre sans assise territoriale?

Nous allons traiter dans cette recherche ces questions avec une ligne directrice que l’organisation de l’EI n’est pas comme toutes les organisations terroristes, il se présente lui-même comme une organisation apocalyptique, prêche la fin du cet ordre mondial, la renaissance du califat et sa domination sur le monde.

Nous parlerons de l’ascension de cette organisation et de ses acquisitions territoriales, de son déclin et finalement on analysera son avenir avec quelques recommandations qui permettent à contrer cette organisation.  

 

1-  L’Etat Islamique: une organisation pas comme les autres. 

L'État islamique[1] qui est classé comme une organisation terroriste par de nombreux États et est accusé par les Nations unies, la Ligue arabe, les États-Unis et l'Union européenne d'être responsable de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité, de nettoyage ethnique et de génocide est une organisation pas comme les autres.

Sa création remonte à 2006, lorsqu'Al-Qaïda en Irak forme avec cinq autres groupes djihadistes le Conseil consultatif des moudjahidines en Irak. En 2012, l'EII commence à se déployer en Syrie et le 9 avril 2013, il devient l'État islamique en Irak et au Levant.

En Irak et en Syrie, l'État islamique atteint son expansion territoriale maximale en 2014 et 2015 avec la prise de nombreuses villes comme Falloujah, Raqqa, Manbij, Bou kamal, Mossoul, Tall Afar, Al-Qaim, Tikrit, Hit et Ramadi. À partir de 2015, avec la perte de Kobané, ville symbolique , l'EI commence à reculer sur plusieurs fronts et à perdre des villes importantes comme Mossoul , la capitale du califat (reprise par les forces irakiennes en juillet 2017, tandis qu'elle perd définitivement Raqqa en octobre de la même année) grâce aux interventions iraniennes à travers les gardiens de la révolution et de différentes milices  chiite qui ont porté assistance aux forces armées gouvernementales irakiennes et syriennes , les peshmergas du GRK, les groupes kurdes des YPG et du PKK et diverses autres milices. Et à partir d’août 2014, la coalition internationale de vingt-deux pays menée par les États-Unis et l’intervention russe en septembre 2015 ont porté un fatal à l’EI en Syrie et en Irak.

L’EI n’est pas simplement un groupe terroriste comme les autres, il était seul face à une coalition internationale sans précédent qui rassemble tous les pays voisins, les grandes puissances, Etats-Unis et Russie en tête avec une capacité de résistance extraordinaire.

Daech, le groupe terroriste le plus puissant et le mieux organisé de l'Histoire possédait  ses propres sources de financement. L'État islamique, qui contrôla  un territoire à cheval entre la Syrie et l'Irak,  a mis la main sur une dizaine de champs de pétrole, et produit, entre 20.000 et 40.000 barils de pétrole par jour (la Syrie produisait 385.000 barils par jour en 2010, avant la guerre civile). Daech engrangerait entre 1 et 1,5 million de dollars par jour de sa production pétrolière, soit entre 350 et 600 millions de dollars par an. Même s'il faut rester très prudents sur ces chiffres en réalité contestés, il fait globalement consensus que les sommes tirées du pétrole par l’EI  représentent entre un quart et un tiers de ses ressources financières globales, le reste étant le «fruit» de taxes usurières imposées aux 10 millions d'habitants sous contrôle de l’EI, d'extorsions, de trafics en tout genre (art, armes, organes, esclavage humain, etc.) et de donations.

Les tactiques militaires du groupe djihadiste sont originales, «Militairement, l'EI est un objet inclassable, hybride pour les spécialistes: ni guérilla ou insurrection, ni armée régulière, mais une tactique qui se situe quelque part entre les deux» [2].

L’EI combine les moyens conventionnels (chars et artillerie prise à l'ennemi, comme les lance-missiles antichars, etc.) avec des éléments relevant davantage de son passé de guérilla-insurrection (véhicules-suicides, drones, etc.). Et en perdant un territoire l’organisation laisse des cellules dormantes[3] (les inghimasi) ce que lui permet de déstabiliser et d harceler les forces conquérantes.

Cette organisation qui est très décentralisée, permet localement de petites formations libres de prendre des initiatives, d'improviser et de mettre en œuvre des tactiques originales.  Les djihadistes n'hésitent pas à attaquer un ennemi largement supérieur en nombre. Par contre l’EI est vulnérable aux forces aériennes, contre lesquelles il n’a pas des armes adéquates «il faut noter cependant que l'EI est capable d'affronter des adversaires très différents sur une quantité de fronts importante, et de, souvent faire jeu égal».[4]

Alors que l'EI contrôle un très grand territoire, il jette les bases institutionnelles «d'un véritable État», avec des structures de gouvernement et de personnalités dirigeantes bien définies. État islamique, contrairement à Al Qaida et autres groupes terroristes, revendique son entité étatique, de type califal. Au cours de l'année 2015, l’État islamique est considéré comme un proto-État. L’EI possède tous les prérogatives d’un Etat, «Daesh a une administration qui est bien plus développée que beaucoup de pays africains, en dehors des pays arabes. L’EI possède une police, des tribunaux, collecte l'impôt, a un état civil et enregistre les mariages, les divorces, les indemnités d'après-divorce. Les membres de l'EI enregistrent les plaintes. Ils ont un diwan de la santé, un diwan de sûreté générale, un diwan du pétrole, un pour l'agriculture et la pêche, un de l'enseignement et ils vont même produire des programmes scolaires et des manuels. Ils ont donc tous les attributs régaliens, sauf celui nécessaire à notre époque contemporaine du droit international et de la reconnaissance par les autres pays.»[5].

 

2- la délocalisation de l’E.I

2.1  - Le Sud-Est asiatique: une zone de prédilection pour les terroristes de l’EI

Depuis quelques années, une vague d’attentats et d'actes terroristes secouent les pays d'Asie du Sud-Est et jette la lumière sur les défis auxquels cette région est confrontée face au radicalisme. C’est vrai que les actes terroristes ne sont pas vraiment une surprise tant cette région est gangrenée par l’islam radical depuis la fondation d’Al-Qaida dans les années 1980. La nouveauté réside dans le fait que l’EI  attire de plus en plus d’activistes qui dépendaient précédemment d’Al-Qaida et qu’il y a un réel désire des dirigeants de l’EI de s’implanter dans cette région surtout après la perte du territoire du califat en Syrie et en Irak et pensent qu’il y a un terreau fertile pour une telle installation.

En Indonésie en 2017, deux terroristes se sont fait exploser dans une station de bus de Jakarta. L'acte terroriste a été attribué à un groupe affilié à l’EI. En Thaïlande, une série d'attaques perpétrées par des groupes rebelles islamistes a eu lieu en avril et mai 2017 dans le sud du pays à majorité musulmane. Aux Philippines, les militants liés à l'EI ont occupé Marawi, une ville de l'île de Mindanao à majorité musulmane.

Avec la perte de territoires en Irak et en Syrie par l’EI, un afflux de combattants radicaux de l'Asie du Sud-Est retournant dans leurs pays d'origine vient renforcer les groupes radicaux existants. Entre 700 et 800 indonésiens et malaisiens se sont rendus en Syrie et en Irak, se battant ensemble dans une unité de combat d'Asie du Sud-Est désignée, Katibah Nusantara. En rentrant dans leurs pays, ses combattants apportent non seulement de nouvelles tactiques et des compétences organisationnelles, mais aussi le lien entre les groupes existants en Indonésie, en Malaisie et aux Philippines dans un réseau composé de combattants revenants, de combattants étrangers, des djihadistes et même des éléments criminels.

Plusieurs groupes radicalisés[6] combattent l'armée philippine à Marawi dont le groupe Abou Sayyaf qui est bien établi en Philippine et considéré comme  la principale menace intérieure selon le ministre de la Défense Delfin Lorenzana[7]. Les déclarations d'allégeance des cadres d'Abou Sayyaf et du nouveau groupe appelé Maute à l'organisation l’EI et leurs promesses de créer un califat n'ont fait qu'ajouter aux inquiétudes. "Le problème de la nation, la plus grosse menace, dans les années à venir, je dirais que c'est le terrorisme. Ca va certainement arriver", a dit récemment le président Rodrigo Duterte[8]. Ses groupes depuis deux ans  combattent sous le drapeau de l’EI.

En outre, l’EI exploite efficacement le domaine cybernétique pour les efforts de radicalisation et l’enrôlement dans les réseaux terroristes actuels. En Malaisie, au moins 70 militaires dont des soldats d’élites ont été reconnus comme ayant des liens avec l’EI. Ces recrues sont souvent poussées à mener des attaques dans leurs pays en raison de la difficulté de se rendre en Syrie.

Les attaques des groupes islamistes et spécialement ceux liées à l’EI soulèvent des questions importantes sur le niveau de combativité de ses groupes et les menaces possibles et réelles dans cette région. Le ministre singapourien de la défense, Ng Eng Hen, a qualifié cette menace de « préoccupation sécuritaire la plus importante»[9].

 

2.2 - l’EI une vraie menace sur l’Afghanistan

«Le groupe djihadiste État islamique représente une menace grandissante en Afghanistan après sa défaite en Irak et Syrie»[10]. Les combattants étrangers de l'EI, qui viennent spécialement des zones perdues en Syrie et en Irak et même de l'Ouzbékistan, le Tadjikistan, agrandissent et renforcent les rangs des combattants de l’EI déjà existants en Afghanistan.

Même ils restent moins nombreux que les talibans, les moudjahidines de l'EI sèment déjà la terreur en Afghanistan par des actes terroristes dévastateurs. La capacité de l’organisation accroit de façon assez impressionnante. Les combattants de l’EI mènent pratiquement des actions chaque semaine contre les civiles, les forces américaines.

L’EI s’est introduit en Afghanistan dès la proclamation du "califat" le 29 juin 2014; plusieurs individus et groupuscules avaient alors prêté allégeance à l'organisation. Mais l’annonce de la "willaya du Khorassan", en janvier 2015, un gouvernorat qui englobe des parties de l’Afghanistan et du Pakistan voisin, marque l’existence officielle de l EI en Afghanistan.

Sous le commandement de Hafez Saïd Khan, l’EI a pu regrouper des milliers de combattants sous sa bannière. Ceux-ci sont principalement issus de trois groupes majeurs: le Taliban, le Mouvement des Taliban du Pakistan (TTP) et le Parti islamique d’Ouzbékistan actif en Afghanistan, au Pakistan et au Tadjikistan[11].

Dès 2015, l’EI va commencer à mener des actes terroristes contre les forces de l’ordre, l’armée afghane, des fonctionnaires, les forces de l’Otan en charge de sécurisation le territoire afghan, contre la communauté chiite (Hazara) et même l’EI n’hésitait pas à s’attaquer aux hôpitaux [12].

L’EI, essaye, en Afghanistan, d’inciter à la haine confessionnelle, afin de faciliter son établissement durable dans le pays. Parallèlement, l’organisation a mis en application une politique de "seul contre tous" suivant laquelle le groupe est désormais en guerre contre ses concurrents directs – les Taliban – qu’il qualifie désormais d’"apostats".

Aujourd’hui, le principal des effectifs de l’EI se regroupe dans la province de Nangarhâr à la frontière avec le Pakistan, sont en guerre contre le Taliban qui contrôle 40% du territoire Afghan, pour le ministre français des affaires étrangères Jean-Yves le Drian, l'EI et le Taliban "se battent entre eux. Mais il faut éviter qu'il y ait des jonctions potentielles entre eux"[13].

 

2.3 - Le Maghreb/Sahel: une zone précaire  

La région Maghreb/Sahel reste, une zone de prédilection pour l’EI du fait du manque de coordination des politiques sécuritaires entre les pays de la région, de la difficulté de surveillance des frontières et donc une facilité de passer d’un pays a un autre et de l’instabilité des régimes en place.

La présence de groupes radicalisés dans les pays d’Afrique du Nord et dans le Sahel date depuis les années 80. Les pays de cette région servaient de réservoir pour l’enrôlement des jihadistes pour combattre en Afghanistan contre l’armée soviétique. Dans les années 1990, une tentative d’islamiser l’Algérie a plongé le pays dans une guerre qui a duré plusieurs années et a créé une génération de djihadistes qui était le noyau dur de Al-Qaida et par la suite à l’EI.

En 2014, alors que l’État Islamique était en plein ascension, plusieurs responsables d’Al-Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) annonçaient leurs allégeances à ce qui était, alors, État Islamique en Irak et au Levant (l’EIIL) et fondent Jund al califat (soldats du Califat) qui se positionne comme une organisation rivale d’AQMI. Jund al califat avait comme objectifs d’unifier tous les djihadistes en Afrique du Nord et le Sahel et d’abattre les régimes en place afin d’établir le Califat dans cette région.

Les mouvements djihadistes ont mieux réussi à s’implanter dans des régions où les structures de l’Etat sont défaillantes comme dans le Sahel ou la Libye. En Tunisie et en Algérie, leurs entreprises d’établissements restent limiter car la présence de structure étatique suffisamment efficace limite ces stratégies de d’implantation.

La Libye était le cas le plus inquiétant, l’EI avait pris le contrôle de vastes zones dont les villes et les routes stratégiques qui relient la Méditerranée au désert du Sahara. l’EI menaçait à partir de la grande ville de Syrte à la fois la sécurité de l’est comme de l’ouest libyen. Cette implantation de l’EI et la création de sa province en Libye, profite, comme ailleurs, des divisions politiques internes, de l’absence de forces capables de faire de mettre fin à l’expansion de l’EI sur le territoire libyen, de l’état d’anarchie qui règne et de la faillite de l’État central et ceci depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi. L’EI s’étendait également vers le sud pour faire la jonction avec les groupes djihadistes délogés par l’intervention française au Mali dans le cadre de l’opération Serval[14], mais toujours actifs dans la région cinq ans plus tard.

En Afrique sub-saharienne, Le groupe nigérian Boko Haram[15] (Groupe sunnite pour la prédication et le djihad) prête allégeance à l’EI en mars 2015 et adopte sa stratégie. Le groupe Boko Haram sème la terreur parmi les populations des États d’Afrique de l’ouest. Depuis le début de ses opérations en 2009, Boko Haram aurait fait entre 20.000 et 30.000 morts et 2,6 millions de déplacés, fuyant les actes terroristes perpétraient par Boko Haram[16].

Malgré que les autorités nigérianes annoncent constamment le démantèlement en déclarant la fin de l’organisation, les chefs de Boko Haram assurent que le groupe est toujours très actif et que l'armée et la police ne peuvent rien contre l’organisation[17]

Grâce à Boko Haram, l’EI recrute des combattants dans tous ces pays et menace directement le Cameroun, le Niger, le Tchad, et essaye d’avoir des ramifications au  Sénégal et la Côte d’Ivoire.

 

3- Peut-on détruire l’EI?

Il suffit simplement de combattre militairement l’EI et l’étouffer financièrement en coupant ses revenus pour finir de l’EI? L'ensemble de la communauté internationale essaie de démontrer que seule une intervention militaire peut mettre fin à l’EI. Bien que les actions militaires aient réussi à détruire la plupart des bastions de l’EI en Irak , en Syrie, Nigeria, Libye et philippines, les actes terroristes des djihadistes de l’EI continuent et leurs menaces augmentent, laissant le monde constamment en alerte.

3.1 Un recul partout du l’EI sous les coups des frappes militaires.

Depuis deux ans nous constatons un recul net de l’EI partout dans le monde grâce à la pression militaire exercée par des différents pays.

Lorsqu’une coalition de groupes armés prêtant l’allégeance à l’EI avait pris la ville de Marawi, dans le sud philippin, le 23 mai 2017, le ministre de la défense philippin, Delfin Lorenzana, avait assuré qu’il faudrait moins d’une semaine pour reprendre la cité. Il aura fallu cinq mois pour déloger les djihadistes de cette ville. Cette guerre a fait des milliers de morts et 600 milles déplacés[18]

Depuis quelques années, la région du Sud-est Asiatique connait une accalmie et ceci pour plusieurs raisons, tout d’abord les forces de sécurité dans cette région ont acquis des nouvelles compétences et techniques pour lutter contre les groupes terroristes, et les divergences au sein des groupes djihadistes sur les priorités ont  réduit leurs capacités et leur efficacité opérationnelle.

L’EI qui s’est implanté à Syrte en février 2015 à l’issue de combats contre les forces du Bouclier de la Libye et qui a considéré la Libye comme une région prometteuse a été délogé de cette ville stratégique pour l’EI, par les forces du gouvernement d’union nationale libyennes (GNA)[19] appuyée par l’aviation américaine.

Avec les chutes de Raqa en Syrie, l'EI a perdu l'essentiel de son "califat" (l’EI a perdu près de 90% des territoires qu’il avait conquis depuis 2014), mais conserve des territoires et des capacités de nuisance.

 

3.2 La destruction de l’EI: un travail collectif !       

Pour vaincre l’EI, la communauté internationale doit mener une action multidimensionnelle. Tout d’abord, il faut essayer de comprendre ce qu’est l’EI qui a engendré un sentiment anti-musulman encore plus grand que celui qui existait auparavant. Arrêter de diffuser des photos et des vidéos de l’EI est une priorité, car c’est le moyen de recrutement privilégié de l’EI. A travers les réseaux sociaux l’EI peut atteindre des milliers d’individus et d’identifier des nouveaux candidats au djihad à travers le monde et au moindre frais et donc censurer les réseaux sociaux qui font l’apologie de l’EI, qui poussent à la haine et qui encouragent à commettre des actes terroristes devient une nécessité absolue.

Proposer à la majorité sunnite une alternative crédible et plus enviable que ce que l’EI avait à leur offrir permette de mieux lutter contre les djihadistes de l’EI. Quand le général Petraeus, l’ex- directeur du CIA réalise, que la stratégie américaine de dé-Ba’athification en Irak est un échec et qui a poussé en fait la majorité des anciens militaires, et donc une grande partie des sunnites d’Irak dans les bras d’Al-Qaida, a mis en place une nouvelle approche pour lutter plus efficacement contre les combattants islamistes. Petraeus vise à retirer au poisson-métaphore de Mao- (l’État islamique en Irak) l’eau dans laquelle il se meut (la communauté sunnite irakienne). Il va ainsi capitaliser sur les exactions commises par Al-Qaida (l’EII – État islamique en Irak) et tenter de se présenter comme une alternative crédible. Les tribus sunnites irakiennes vont alors progressivement se tourner vers les Américains. Ceux-ci vont les financer, leur permettre de gérer eux-mêmes leur police et ainsi contribuer à réduire l’espace abandonné pour l’EII. Ce mouvement tribal de rejet de Baghdadi et de son  groupe sera appelé la «Sahwa» (le réveil). Autrement dit, ce qui a fonctionné à l’époque, ce fut de pouvoir d’offrir à la communauté sunnite une alternative crédible et plus attrayant que ce que l’EII avait à leur offrir. Le système a bien fonctionné, mais, le départ de troupes américaines de l’Irak a permis au Premier ministre irakien de démanteler le système et de dissoudre les Sahwa. Le gouvernement irakien perd  la confiance des tribus. Les promesses non tenues de les intégrer aux forces de sécurité, la politique confessionnelle menée par le premier ministre Al-Maliki et la sévère répression des manifestations à Ramadi, Fallouja et Kirkouk en 2013, ont accentué les rancœurs entre le régime et la communauté sunnite. Les tribus irakiennes ne sont plus soulevées contre l’EII. Une opportunité très vite saisit par Abou Bakr Al-Baghdadi.

Au niveau international, le conseil de sécurité a voté la résolution 2178 qui demande aux Etats d’empêcher la circulation de terroristes et de groupes terroristes par exemple en réalisant des contrôles efficaces aux frontières etc. le conseil de sécurité  encourage les États Membres à mettre en place des procédures de contrôle des voyageurs et d’évaluation des risques reposant sur des observations factuelles telles que la collecte et l’analyse de données relatives aux voyages. Il demande aux Etats d’intensifier et d’accélérer, conformément au droit interne et international, les échanges d’informations opérationnelles au sujet des activités ou des mouvements de terroristes et de réseaux terroristes, y compris de combattants terroristes étrangers, notamment avec les États de résidence ou de nationalité des individus concernés, dans le cadre de mécanismes multilatéraux et bilatéraux, en particulier l’Organisation des Nations Unies. Il demande également aux Etats Membres de coopérer, à l’action menée pour écarter la menace que représente les combattants terroristes étrangers, notamment en prévenant la radicalisation pouvant conduire au terrorisme et le recrutement de combattants terroristes étrangers, y compris des enfants[20]. Donc la résolution incite les Etats à prendre les menaces terroristes très au sérieux et de l’appréhender en tant que danger global qui ne peut être contenu que par un travail collectif qui regroupe tous les Etats.

 

4- L’ EI: vers une mutation certaine

La perte de l’ancrage territorial de l’EI dans différents pays, ne signifie pas la disparition du groupe djihadiste, qui, en mutant d’une forme de proto-Etat à une guérilla ou à un réseau terroriste, reste en mesure de déstabiliser les pays de la région et au-delà[21]. L’éparpillement des milliers de ces combattants étrangers, qui combattaient en Irak et en Syrie, pose plus que jamais la question épineuse du retour des Moudjahidines dans leurs pays d’origine. Ces combattants vont  grandir les rangs des moudjahidines locaux et déstabiliser  des pays qui sont déjà instables ou au moins commettre des actes terroristes.

En effet, sa disparition territoriale pourrait renforcer les révoltes armées ailleurs, si les djihadistes quittent en toute sécurité les théâtres d’opérations pour remplir les rangs des franchisés EI dans d'autres pays. Les djihadistes étrangers quittent la Syrie pour rejoindre l’EI  en Afghanistan, en Egypte en Libye, en Indonésie et en philippines.

Un responsable de l'Union africaine a averti que 6 000 terroristes qui s'étaient rendus en Syrie en 2004 pourraient rentrer chez eux[22] et restituer et revivifier les agitations répandues dans la région.

En décembre 2016, M.Gilles de Kerchove, le coordinateur de l’Union européenne pour la lutte contre le terrorisme estimait à 2500 djihadistes européens qui combattaient  toujours  dans les rangs du groupe État islamique au Moyen-Orient. Alors que les dernières estimations de la commission de la sécurité intérieure du Sénat américain donnent plus de 42000 combattants armés étrangers «venus de plus de 120 pays» partis rejoindre l’EI entre 2011 et 2016, 5000 seraient venus d’Europe entre 2011 et 2016. En l’été 2017, 20 à 30 % des djihadistes sont rentrés en Europe (entre 1 200 à 1300 avec beaucoup de femmes et d’enfants.)[23]. Les services de sécurités européens estiment qu’un djihadiste sur neuf échappe à la surveillance des services de sécurité et perpétreront un attentat[24].

Le danger des cellules dormantes est réel et pris au sérieux par les européens, un ancien djihadiste assure que des cellules dormantes en Europe attendaient les ordres pour attaquer les populations européennes[25]. De plus, les européens craignent en dehors des actes terroristes directs, la déstabilisation de leurs pays par des Etats du fragile comme la Libye et la Tunisie.

La radicalisation d’une nouvelle génération est une crainte prise très au sérieux par les pays de destinations des djihadistes. Les combattants de l’EI qui rentrent dans leurs pays d’origine ne représentent pas simplement le danger de mener des actes terroristes mais aussi de transmission de messages de haine prônés par l’organisation. Ses combattants porteront une idéologie basée sur de concepts radicaux, extrémistes et haineux. Les groupes de l’EI essayeront de convertir le plus grand nombre des jeunes sensibles et fragiles à l’idéologie de l’EI.

L’expérience de l’Afghanistan démontre que la deuxième génération d’Al-Qaida est une génération dont les combattants djihadistes n’ont pas mené le djihad contre l’armée soviétique.  Mais, ils ont été embrigadés, radicalisés et formés par les anciens de la première génération, et donc le dominateur commun qui rassemblait les anciens et les nouveaux groupes de djihadistes est qu’ils avaient à leur tête des vétérans tous retournés d’Afghanistan.

Les derniers attentats commis par l’EI en Iran, Afghanistan, Syrie, Egypte et en Grande Bretagne, nous laisse penser que l’organisation est toujours très active, mortelle et peut mobiliser des djihadistes dans n’importe quel Etat.

Dans ses attentats, l’EI se place comme le défenseur des sunnites à travers le monde et le choix des mots dans ses discours vont dans ce sens. L’EI revient toujours sur le thème sectaire qui peut mobiliser un grand nombre des jeunes sunnites à travers le monde. Le message de l’EI après chaque attentat était de défendre la communauté sunnite contre les attaques des infidèles, chrétiens ou chiites[26].

 

4.1 Une longue vie à l’EI

La guerre contre l’EI a été tellement longue et son issue finale tellement prévisible que Daech a eu tout le temps d'anticiper la chute de ses bastions en Irak et en Syrie et de prendre les arrangements qui s'imposaient pour garantir sa survie.

Déjà, L'EI continuera à exister d’autant que les problèmes structurels qui ont permis son développement ne sont pas encore réglés: marginalisation, refus de réformer le système politique irakien et syrien, légalisations des milices paramilitaires du Hachd al-Chaabi malgré que les députés sunnites aient boycotté le vote au Parlement en s’opposant à l’existence de groupes armés en dehors de l’armée et de la police, coupables à leurs yeux d’exactions contre des populations sunnites.

Aujourd’hui, il ne semble pas y avoir de discussion nationale franche entre les différentes composantes du peuple irakien. Tant que les sunnites en Irak demeureront marginalisés, appréhenderont toujours un gouvernement conduit par des chiites à Bagdad et se défieront des intentions d’un gouvernement du Kurdistan dans le nord, les provinces à majorité sunnite d’Irak constitueront un terrain propice au retour de groupes djihadistes au cours des années à venir.

Egalement, le régime syrien refuse toujours de discuter des questions constitutionnelles pour reformer le système. Le gouvernement du Président Bashar el Assad rejette même l’application de la résolution 2254 de 2015 du Conseil de sécurité qui donne au peuple syrien le droit de décider de l’avenir de la Syrie. Cette résolution permet aux syriens de mettre en place, dans les six mois, une gouvernance crédible, inclusive et non sectaire, et arrête un calendrier et des modalités pour l’élaboration d’une nouvelle constitution, et se dit favorable à la tenue, dans les 18 mois, d’élections libres et régulières, conformément à la nouvelle constitution, qui seraient conduites sous la supervision de l’ONU, à la satisfaction de la gouvernance et conformément aux normes internationales les plus élevées en matière de transparence et de responsabilité, et auxquelles pourraient participer tous les Syriens, y compris de la diaspora[27]. Pour une grande partie de la population syrienne, considère que la paix durable et la sécurité en Syrie ne sont pas réalisables sous le régime actuel et l’opposition syrienne rejette l’idée que la Syrie puisse être dirigée par le Président Assad tant il a une responsabilité dans la situation actuelle.

Les politiques menées par différents pays contre l’Islam radical renforcent l’esprit de revanche qui n’est pas accidentel dans l’idéologie de l’EI[28]. Il est l’âme même de ce dernier. En ce sens, l’EI porte le projet de la guerre contre tous. Il mène la guerre même contre les musulmans sunnites qui rejettent le salafisme et le djihadisme de l’islam considérés par l’EI comme l’islam authentique.

 

4.2 La stratégie de l’EI de déstabilisation et de haine  

La déstabilisation des sociétés politiques qui ne sont pas sous le contrôle de l’EI est reliée à sa stratégie territoriale. Même en perdant leurs bastions, l’EI peut toujours mener sa stratégie de destruction de ce qu’il appelle la zone grise[29]. Cette zone est composée des musulmans dans le doute, ceux qui n’ont pas pris position pour ou contre l’EI. pour accélérer l’effacement de cette zone au profit de l’EI , l’organisation essaye de radicaliser cette couche de la population en attisant les conflits intercommunautaires. L’EI exige des «croyants» à faire leur exil (hijrah) vers la terre des musulmans (Dar al islam), sinon prendre les armes contre leur pays de résidence.

L’EI commet des attentats pour pousser à des guerres civiles. Il tue pour choquer, et pour développer des sentiments islamophobes. L’EI utilise l’atrocité comme moyen pour détruire la cohésion nationale et diffuser la haine qui nourrit l’esprit de revanche dont s’alimente l’EI.

En réagissant contre ses atrocités, les gouvernements renforcent leurs luttes contre le terrorisme en provoquant une réaction sécuritaire et donc, l’EI espère créer des vocations chez les dépités de ces gouvernements, et ainsi raffermir l’attractivité de son projet salafiste.

Pousser l’amalgame dans l’opinion publique entre les communautés musulmanes et les terroristes s’inscrit dans cette logique. La méfiance à l’égard des musulmans est en effet propice au développement d’un sentiment de rejet partagé, terreau fertile pour briser la cohésion nationale, épuiser l’ennemi donc a pour but de renforcer la légitimité l’EI dans la vengeance.

 

Conclusion

L’EI sera très probablement défait militairement partout, mais il faut se rappeler que Daech a été formé à partir des restes de combattants d’al-Qaida dont le groupe avait quasi disparu à la fin 2010 en Irak. Le refus de s’attaquer aux conditions politiques et socio-économiques permet la durabilité de Daesh et sa capacité de nuisance. L’EI propagera sa propagande à travers le monde en utilisant des termes à forte connotation religieuse et historique lorsqu’elle fustige les «renégats» (rafidh) chiites et les croisés.

Les combattants de l’EI ont réussi à transmettre à beaucoup de musulmans de la jeune génération l’idée, que l’application de la loi islamique est la seule façon de protéger et de conduire la société. Elle est le gage de justice et de liberté donné par Dieu, ainsi que la seule façon de pousser l’asservissement et la décadence des régimes politiques en place. Une très grande partie de gens croient aujourd’hui, que c’est bien pour l’accession à une société juste que les djihadistes de l’EI se sont battu.

Reste que la crainte dans l’avenir, après la reconquête des territoires en Syrie et en Irak par les forces armées syriennes et irakiennes soutenues par la coalition, l’Iran et ses alliées est de voir apparaitre de nouveau groupes de djihadistes partout dans le monde. La conquête des territoires est considérée comme une occupation au moins par une partie de la population sunnite qui préfère, la plupart du temps, être sous la domination de l’EI que de voir leur région reconquise par des armées considérées comme ennemies. Une partie des sunnites considèrent aujourd’hui qu’ils sont «seuls contre tous» et que «L’Amérique et l’Europe veulent imposer la démocratie uniquement pour diviser le peuple sunnite; avec la charia, [Daech] a donné l’espoir aux jeunes sunnites»[30]. Il faut dès lors, proposer très vite des alternatives crédibles et attrayantes à cette population.

C’est vrai que l’EI a perdu son Etat, mais il a gardé l’allégeance de beaucoup de communautés musulmanes sunnites dans le monde à ses valeurs fondamentales. Et les situations politiques, économiques et religieuses qui ont entrainé une adhésion initiale à l’EI n’ont pas véritablement changé non plus. Tant que ces situations ne changent pas vers une tolérance mutuelle, l’EI continuera sans doute à terroriser le monde et prospérer.

L’EI, est bien placé pour survivre aux pertes territoriales telles que Mossoul, Raqqa, Syrte et Marawi,  car sa propagande garantit un enrôlement continu. L’EI est comme une franchise multinationale qui vient avec le financement, l’idéologie, le plan d’action, et les instructeurs et cherche toujours des franchisés qui donnent l'image d'une organisation internationale défendant les intérêts des sunnites dans le monde.

La destruction de l’EI dans ses composantes territoriales, dans ses camps d’entrainements, dans ses sources de financements, n'est pas suffisante, car l’EI, n'est pas une organisation terroriste de plus, mais un ennemi d'un genre nouveau, en phase avec le désordre mondial, qu'il faut comprendre pour lutter efficacement contre lui.

 

Bibliographie.

Livres.

1- Abu Bakr, Naji, la gestion de la barbarie, éd. de Paris, Versailles, 2007.

2- Cockburn, Patrick, The Rise of Islamic State: ISIS and the New Sunni ed. Verso, London, 2015.

3- Erelle, Anna , Dans la peau d’une djihadiste, enquête au cœur des filières de recrutement de l'État islamique, éd. Robert Laffont , paris, 2015.

4- Guidere , Mathieu, l’Etat Islamique en 100 questions, éd. Tallandier, Paris, 2016

5- Laurent, Samuel, L'Etat islamique, éd. Seuil, Paris, 2014

6- Stern Jessica, Berger, J.M, ISIS: The State of Terror, ed.Ecco, New York, 2015.

7- McCants, William, The ISIS Apocalypse: The History, Strategy, and Doomsday Vision of the Islamic State, ed. St Martin’s Press, New York,  2016

8- Warrick , Joby, Black Flags: The Rise of ISIS, ed. Anchor, New York, 2015

9- Weisse, Mikael, Hassan Hassan, EI Au cœur de l'armée de la terreur (Etat islamique) éd. Broché, Paris, 2015.

 

Articles

10-Atran Scott,L’EI vaincu ? Pas si vite… 24-10-2017,   www.liberation.fr/debats/2017/10/24/l-ei-vaincu-pas-si-vite_1605373

11- Bassou, Abdelhak, Retour des combattants terroristes étrangers : Une menace imminente à gérer, 15 fev.2017 , http://www.ocppc.ma/publications/retour-des-combattants-terroristes-%C3%A9trangers-une-menace-imminente-%C3%A0-g%C3%A9rer#.Wl48jK6WbIU

12- Caillet, Romain,  Hormis la reconnaissance par le droit international, Daesh a tout d'un État», RT France, 1er septembre 2015, https://francais.rt.com/opinions/6333-daesh-caillet-etat-islamique-monnaie

13-Jaulmes Adrien, Nigeria: Boko Ham multiplie ses attaques, Le Figaro,3-01-2-18 http://www.lefigaro.fr/international/2018/01/03/01003-20180103ARTFIG00216-boko-haram-multiplie-ses-attaques.php, 

14-Kauffmann, Sylvie,  La menace terroriste alarme les pays d’Asie du Sud-Est, 04-06-2017 http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2017/06/04/la-menace-terroriste-alarme-les-pays-d-asie-du-sud-est_5138666_3216.html

 15-Le Drian , Jean,   menace grandissante de l'EI en Afghanistan après sa défaite en Irak-Syrie, 9 nov.2017 , http://www.europe1.fr/international/menace-grandissante-de-lei-en-afghanistan-apres-sa-defaite-en-irak-syrie-3496952

16-Mantoux, Stéphane, Militairement, Daech est un objet inclassable", http://www.lepoint.fr/monde/militairement-daech-est-un-objet-inclassable-27-06-2016-2049951_24.php

17-Vaulerin, Arnaud , Philippines : cent jours de guerre antijihadiste et toujours pas de victoire, le 01-09-2017, http://www.liberation.fr/planete/2017/09/01/philippines-cent-jours-de-guerre-antijihadiste-et-toujours-pas-de-victoire_1593551 

Sites internet

18-Amnesty France , Le Terrible sort des sunnites en Irak, le 05-01-2017, https://www.amnesty.fr/controle-des-armes/actualites/le-terrible-sort-des-sunnites-en-irak

19-Le Figaro, http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2017/12/29/97001-20171229FILWWW00076-un-assaillant-attaque-une-eglise-pres-du-caire-avant-d-etre-abattu.php.

20- France 24, En Afghanistan, l'EI frappe à nouveau les forces américaines, http://www.france24.com/fr/20170414-afghanistan-washington-frappe-etat-islamique-ei-hazaras-attaque-khorassan-taliban.

21-Le Monde, La guerre contre l’EI continue, http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/07/10/la-guerre-contre-l-ei-

22-Le Monde ,http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/12/11/l-union-africaine-redoute-le-retour-de-6-000-djihadistes-de-l-etat-islamique-sur-le-continent_5227885_3212.html#u5GovXpg7vq0fMfr.99 .

23-Le Parisien, Les islamistes d'Abou Sayyaf, cauchemar des Philippines, le 28-02-2017, http://www.leparisien.fr/flash-actualite-monde/le-groupe-islamiste-abou-sayyaf-specialiste-de-l-enlevement-28-02-2017-6718563.php.

 24-UN organisation, Résolution du Conseil de sécurité 2178 du 2014, http://www.un.org/en/sc/ctc/docs/2015/N1454799_FR.pdf.

25- UN Organisation, Résolution du Conseil de sécurité du 18 décembre 2015 , https://www.un.org/press/fr/2015/cs12171.doc.htm.

 

[1]-   Les autorités françaises adoptent officiellement l’acronyme arabe "Daech" pour désigner l’EI.

[2]-   Stéphane Mantoux, Militairement, Daech est un objet inclassable", http://www.lepoint.fr/monde/militairement-daech-est-un-objet-inclassable-27-06-2016-2049951_24.php

[3]-   Idem

[4]-   Ibid

[5]-   Romain Caillet,  Hormis la reconnaissance par le droit international, Daesh a tout d'un État», RT France, 1er septembre 2015,  https://francais.rt.com/opinions/6333-daesh-caillet-etat-islamique-monnaie.

[6]-   En 2016, plus de «10 bataillons de combat» ont déclaré leurs allégeances à l EI et combattent sous le drapeau de l’EI  dans le sud des Philippines.

[7]-   Les islamistes d'Abou Sayyaf, cauchemar des Philippines, le 28-02-2017, http://www.leparisien.fr/flash-actualite-monde/le-groupe-islamiste-abou-sayyaf-specialiste-de-l-enlevement-28-02-2017-6718563.php

[8]-   Idem

[9]-   Sylvie Kauffmann,  La menace terroriste alarme les pays d’Asie du Sud-Est, 04-06-2017 http://www.lemonde.fr/asie-spacifique/article/2017/06/04/la-menace-terroriste-alarme-les-pays-d-asie-du-sud-est_5138666_3216.html

[10]-  Jean Yves le Drian, menace grandissante de l'EI en Afghanistan après sa défaite en Irak-Syrie, 9 nov.2017, http://www.europe1.fr/international/menace-grandissante-de-lei-en-afghanistan-apres-sa-defaite-en-irak-syrie-3496952

[11]-  En Afghanistan, l'EI frappe à nouveau les forces américaines, http://www.france24.com/fr/20170414-afghanistan-washington-frappe-etat-islamique-ei-hazaras-attaque-khorassan-taliban

[12]-  Fin juillet 2016, l’EI commet un double attentats contre la communauté chiite (hazara) , faisant plus de 80 morts. L’EI cible les Hazaras pour deux raisons essentielles premièrement, l’organisation accuse les hazaras d’appuyer le régime du président Assad, deuxièmement,   parce qu’ils appartiennent à la branche chiite de l’islam. Le 12 octobre 2016, jour de l’Achoura, un kamikaze de l’EI attaque un mausolée chiite faisant plusieurs morts et blessés à Kaboul. Le 8 mars 2017, quand cinq kamikazes attaquent  l’hôpital militaire de la ville, faisant plus de 30 morts. En Afghanistan, l'EI frappe à nouveau les forces américaines, http://www.france24.com/fr/20170414-afghanistan-washington-frappe-etat-islamique-ei-hazaras-attaque-khorassan-taliban

[13]-  Jean Yves le Drian, menace grandissante de l'EI en Afghanistan après sa défaite en Irak-Syrie, op.cit.

[14]-  Est une opération menée  par l'armée française au Mali(en janvier 2013- juillet 2014).

L'opération a pour objectif d’appuyer l’armée  malienne afin de stopper et puis de repousser une offensive des djihadistes islamistes qui ont pris le contrôle de l'Azawad, la partie nord du pays. Les buts de cette intervention tels qu'exprimés par le président français, François Hollande, le 15 janvier 2013 sont de stopper l'avancée en direction de Bamako des forces djihadistes, sécuriser la capitale du Mali et permettre au pays de recouvrer son intégrité territoriale

[15]-  La traduction en haoussa-langue tchadique parlée en Afrique de l’Ouest- de Boko Haram  « l'éducation occidentale est un péché »

[16]-  Adrien Jaulmes, Nigeria: Boko Ham multiplie ses attaques, Le Figaro,3-01-2-18 http://www.lefigaro.fr/international/2018/01/03/01003-20180103ARTFIG00216-boko-haram-multiplie-ses-attaques.php,

[17]-  Déclaration faite par Abubakar Shekau, chef de l'une des trois factions de Boko Haram et fondateur historique du groupe cite par Adrien Jaulmes dans , Nigeria: Boko Ham multiplie ses attaques, op.cit.

[18]-  Arnaud Vaulerin, Philippines : cent jours de guerre antijihadiste et toujours pas de victoire, le 01-09-2017, http://www.liberation.fr/planete/2017/09/01/philippines-cent-jours-de-guerre-antijihadiste-et-toujours-pas-de-victoire_1593551

[19]-  La milice de Misrata avec l’appui d’une brigade originaire de la ville amazigh (berbère) de Nalout, dans les monts Nefoussa, à l’ouest de la Libye qui a mené l’attaque contre les djihadistes de Syrte.

[20]-  Résolution du Conseil de sécurité 2178 du 2014, http://www.un.org/en/sc/ctc/docs/2015/N1454799_FR.pdf

[21]-  La guerre contre l’EI continue, http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/07/10/la-guerre-contre-l-ei-continue_5158392_3232.html#cd2OE9WI3lS8Rd8A.99

[22]-  Près de 6 000 Africains ayant combattu au Moyen-Orient avec l’EI  pourraient revenir en Afrique, a indiqué, dimanche 10 décembre à Oran, le commissaire de l’Union africaine (UA) pour la paix et la sécurité, qui a appelé les pays africains à se préparer « fermement » à la gestion de ces retours. « Des rap ports font état de la présence de 6 000 combattants africains parmi les 30 000 éléments étrangers ayant rejoint ce groupe terroriste au Moyen-Orient », a déclaré M. Smail Chergui, lors d’une rencontre sur la lutte contre le terrorisme.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/12/11/l-union-africaine-redoute-le-retour-de-6-000-djihadistes-de-l-etat-islamique-sur-le-continent_5227885_3212.html#u5GovXpg7vq0fMfr.99 .

[23]-  Jusqu’à 3 000 combattants de l’EI de retour de Syrie et d’Irak attendus en Europe.

24]-  Abdelhak Bassou, Retour des combattants terroristes étrangers : Une menace imminente à gérer, 15 fev.2017, http://www.ocppc.ma/publications/retour-des-combattants-terroristes-%C3%A9trangers-une-menace-imminente-%C3%A0-g%C3%A9rer#.Wl48jK6WbIU

[25]-  Idem

[26]-  L’EI considère les chiites comme hérétiques. Dans leur hiérarchie de l’horreur et de la haine, les jihadistes considèrent qu’un musulman chiite est pire qu’un « Croisé », terme utilisé pour désigner les Occidentaux. Ca n’empêche que l’EI a fait des milliers de victimes sunnites dans sa guerre

[27]-  Résolution du Conseil de sécurité du 18 décembre 2015, https://www.un.org/press/fr/2015/cs12171.doc.htm

[28]- Naji Abu Bakr, la gestion de la barbarie, ed.de Paris, 2007

[29]-  L’agence de multimédia Al-Hayat, organe de la communication du califat créé en mai 2014, a lancé le magasine Dabiq en juillet 2014. La magasine Dabiq (appetient a l’EI) ,  numéro de février 2015, l’article intitulé «La zone grise» décrit la vision géopolitique bipolaire de l’EI où l’on peut voir un renversement du discours de George W. Bush après les attentats du 11 septembre 2001, parlant de « l’Axe du mal ». À présent, le bien et le mal changent de camp, dans le discours de l’EI, avec d’un côté les «croisés», et de l’autre ceux qui sont du côté de «l’islam». Ederne de Barros https://www.contrepoints.org/2017/08/18/233094-etat-islamique-la-strategie-du-chaos

[30]-  Scott Atran , L’EI vaincu ? Pas si vite… 24-10-2017,   www.liberation.fr/debats/2017/10/24/l-ei-vaincu-pas-si-vite_1605373

أي مستقبل للدولة الإسلامية؟
"إنَّ النكبات المحتملة الحدوث في الموصل والرقة لن تتسبّب في إنهاء الجماعة: لا، فالهزيمة هي فقدان الإرادة والرغبة في القتال"
هذه الورقة ستناقش مستقبل تنظيم الدولة الإسلامية (داعش) في ضوء الهزائم العسكرية الأخيرة التي مُني بها، محاصرته في سوريا والعراق، تناقص تمويله، وتوقّف عملياته الإعلامية، بالإضافة إلى قتل الكثير من كبار قادته أو أسرهم، وذلك بعد ما يقارب أربع سنوات من إعلان زعيم التنظيم، عن قيام الخلافة الإسلامية في هذين البلدين.
إنّ خارطة المعارك مع التنظيم يُعاد رسمها ببطء،  ومن المرجح أنّ داعش سيُسحق عسكريًا في كل مكان. ففي الوقت الذي طردت فيه المجموعات المقاتلة من أرض خلافتها، تطوّر التنظيم من كونه خطرًا على الأرض، إلى خطر أيدولوجيّ، كان التنظيم يخطط لمستقبله منذ اليوم الأوّل له، فكان شعاره في المعارك "باقي وسيتمدّد". ومع أنَّ تمدّد الجماعة كان سيستغرق وقتًا طويلًا، إلّا أنَّ قادتها كانوا مستعدين لإنشاء دولة إسلامية بلا دولة.
إنّ التباطؤ في معالجة الظروف السياسية والاجتماعية والاقتصادية التي أسهمت في تطوّر التنظيم، قد يؤدي الى إستدامة داعش وبالتالي قدرته على القيام بأعمال إرهابية، والاستقرار في بلدان مختلفة. وقد ينشر التنظيم أيديولوجيته في جميع أنحاء العالم باستخدام مصطلحات ذات دلالات دينية وتاريخية قوية. وقد يتمكن مقاتلو داعش من إقناع شريحة من الشباب المسلم أنّ تطبيق الشريعة الإسلامية هو السبيل الوحيد لحماية المجتمع وقيادته.
إنّ تدمير تنظيم الدولة الإسلامية في مكوّناته الإقليمية، في معسكراته التدريبية، في مصادر تمويله، ليس كافيا، لأنّ تنظيم الدولة ليس مجرد منظمة إرهابية بل هو عدو من نوع جديد، في تناغم مع الاضطراب والفوضى العالميَّين.